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Par Charles  Baccouche

On dit que nous faisons, enfin pas tout le monde, mais beaucoup les font : les sélihot

Textuellement, ce sont les excuses, les demandes de pardon que forme la Communauté d’Israël auprès de son Père et de son Roi pour qu’il pardonne et qu’Il efface la faute du veau d’Or, commise par ces fous alors que Moïse descendant de la Montagne, auréolé de la lumière divine et portant les DIX PAROLES, burinées par le doigt de Dieu sur des tables de Porphyre, voire un matériau qui n’est pas de ce Monde.

Dans la tradition les sélihot sont l’ensemble des poésies, de psaumes de David et tenez vous bien le psaume des fils de Korah (Psaume 85), Korah le révolté, avalé vivant par la Terre, C’est dire comme la Téchouva n’est pas loin du Pardon, les Sélihot se référent aussi au Malé arahamim"Plein de miséricorde" et autres supplications pour solliciter la kapara,  le recouvrement des fautes par le Maitre de l’Univers.

 

Les sélihot sont dites avant le renouvellement de la création, puisque nous tenons de nos maitres que le Monde a été crée à Rochana- pardon  un vieux reflexe du temps de l’Algérie heureuse- à Rosh Hachana, qui chaque année renouvelle la création du Monde.

En effet, on sait que le Créateur renouvelle chaque jour l’acte de la création, alors a fortiori, le jour anniversaire du Commencement "Béreshit", puisque Rosh Hachana est "la tête de l’année". Et comme Israël est un exemple pour les Nations qui sont naturellement concernées par l’acte créateur (évidemment, puisqu’elles sont là), le juif doit se lever en pleine nuit avant l’aurore (pour montrer l’exemple lequel ?) ou pour d’autres raisons qu’il sera important de traquer.

 

Les Sélihot ne sont pas de petites introductions aux grandes célébrations de Tichri, mais constituent, en soi, des manifestations vibrantes de l’Homme à la recherche de D… (L’hommeà la recherche de D... ça ne vous dit rien ?)

Souvenez-vous comme les veilleurs du Ciel passaient dans nos villes d’Algérie, bien avant l’Aube, frappant aux fenêtres des familles juives pour leur rappeler les SELIHOT et qu’ensommeillés et vite débarbouillés, les hommes et leurs enfants des hâtaient vers leurs synagogues pour réciter les sélihot.

 

Il faut aller au fond des choses, c'est-à-dire au cœur de ces élans vers le Dieu du Pardon et de la mansuétude, et découvrir un phénomène stupéfiant qui à la fois, trouble et justifie la foi du juif en son Roi  qui est aux cieux, et en sa Loi.

 

Ainsi Rosh Hachana et à Yom Kippour on lit souvent "timhol vétislah" et vice versa c'est-à-dire « Pardonne et excuse puis excuse et pardonne »

Mais, lors des offices  de Rosh Hachana et de Kippour, que de fois nous lançons :

"El malé arahamim ……Puis nous prosternant  «  Vayavor hachem al panav vaykra : Hachem …"  = et l’Eternel passera ou passa  (vav inversif) sur ses faces et appellera ou appela  (vav inversif.

 

Que doit-on entendre ? Que l’Eternel passera ou est passé (En fait "IL PASSE" en tout temps, même de nos jours mais nous n’y prenons garde)  sur ses faces ou sur les faces de Moïse ?

 

Ensuite, IL appellera ou IL appela (En fait, IL APPELLE » tout le temps, même de nos jours) Mais qui? Moïse lui-même ou l’Humanité et le Monde entier ?

Le débat est ouvert et il n’est pas anodin, car dès lors, sont énoncés les treize attributs de D..:

1. Adonaye  il est compatissant.

2. Adonaye : il est miséricordieux.

3. El : il est le Dieu du Ciel et de la Terre, il est l’unité des valeurs

« Puissant et protecteur».

4. Rahum : il est bienveillant..

5. Ve-Hanun : il est Grace, il apporte la grâce

6. Ereh Apayim : il est long dans la patience

7. Ve-Rav hessed : il est grand en bonté.

8. Ve-Emet : Il est Vérité .

9. Notzer Hessed La-Alafim : Il est généreux pour les milliers  maintenat et dans l’avenir

10. Nossé Avon : Il porte le péché .

11. Va-Phesha’a : Ainsi que le crime .

12. Ve-Chataah. :  Aussi l’erreur.

13. Ve-Naké : Et Il efface

 

Cette énumération forme la colonne vertébrale des sélihot que nous faisons chaque jour, durant tout le mois d’Eloul pour les Sépharadim, qui se fondent sur le Cantique des Cantiques "Je suis à mon bien aimé et mon bien aimé est à moi" (Ani Lé dodi vé dodi Li)

Les initiales de ces mots en hébreu forment le mot « Eloul »

 

Pour les Ashkénazim, les sélihot commencent dix jours avant Rosh Hashana, soit le dimanche avant Rosh Hachana, ils se fondent sur un midrash qui évoque la présence du Tout puissant au troisième tiers d’Eloul, lorsqu’il visite ses dix-huit Monde (Cf Rabbin Claude Brahami). Bien sûr, tous ont raison.

 

Ces levers avant l’aurore, durant un mois sont épuisants mais sont compensés après ces longs offices par le café chaud ou brulant selon les lieux et les beignets ou boules d’amour qui sont des boules baignées dans le miel, et toutes les viennoiseries d’aujourd’hui.

 

Ces efforts seront-ils couronnés de succès ? Rien n’est sur car en plus et surtout il faut avoir selon nos sages avoir circoncis son cœur, et adhérer à Hachem que  «  Ecoute Israël L’Eternel ton Eloïm, ton Eloïm est un »

Lire "Prends garde Israël, ne te trompe pas l’Eternel ton Créateur, l’Eternel est l’Etre UN " (Leçon de Manitou le Maitre du 20ème siècle)

Puis immédiatement après cet enseignement de haute tenue.

"Tu aimeras l’Eternel Ton Créateur de tout ton cœur,  de toute ton âme, de toutes capacités matérielles". Cependant, aimer l’Eternel est précédée par la Crainte de Dieu

"Yirat hachem" sinon cet amour est sans fondement, il est idolâtre. Voilà ce que nous rappellent les sélihot, pour que nous ne tombions pas dans une routine  déclamatoire sans profondeur.

 

Les sélihot nous réveillent – très tôt d’ailleurs- avant que les Repentirs (TECHOUVA) de Rosh Hachana et de Kippour nous délient de nos vœux et de nos liens néfastes avec le mal qui "veille à nos portes" (Génèse)

 

Les sélihot nous font connaitre la vanité de nos certitudes et l’inanité de nos ambitions, elles nous dévoilent "CELUI devant qui on se tient" Daa lifné mi atah omedc'est-à-dire être sensible au dévoilement de sa providence qui nous accompagne depuis le temps d’Abraham et de Sarah, et nous ramène de nos exils vers nos rédemptions.

 

                                                                       Charles BACCOUCHE