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Compte-rendu par Norbert Bel Ange

Cet ouvrage est paru aux éditions l’Harmattan en 2017.

 

Rares sont les livres mettant en scène l’histoire, les faits et gestes d’une famille juive d’Algérie.

Ce type de matériau manque cruellement dans les recherches historiques sur les juifs d’Algérie. Dans les miennes en particulier.

Que l’auteur ne le prenne pas en mauvaise part, je ne me suis intéressé qu’au récit de sa famille à Oran. Le modeste chercheur que je suis ne s’est pas risqué à emprunter les chemins de la philosophie.

Seul le récit historique me tient.

J’aurais aimé avoir plus de dates et de faits précis afin de mieux ancrer ce récit dans la vie de la communauté juive d’Oran, la ville d’Oran et dans l’histoire de l’Algérie.

Jean-Claude Tobelem, au sujet du quartier juif d’Oran emploie et rapporte le mot de "ghetto".  À ma connaissance et dans toutes mes lectures historiques, je n’ai rencontré ce vocable au sujet du quartier juif d’Oran, ou rue des Juifs ou Derb el yhoud ; cette dernière appellation est toujours d’actualité et le quartier a conservé ses fonctions économiques.

pp.17 et suivantes, Jean-Claude Tobelem évoque la présence et le rôle des écoles de l’Alliance israélite universelle en Algérie. Ce rôle a été modeste tout simplement parce que les écoles de la République française remplissaient à plein leur mission. Et les jeunes juifs, dès le milieu du XIXe siècle, y ont glané de beaux succès.

Par contre les écoles de l’Alliance, au Maroc, ont été très présentes.

Quant à la maitrise du français, elle était patente dès le milieu du XIXe siècle. Pour les familles de la bourgeoisie juive d’Oran, leurs enfants purent faire des études supérieures dans les grandes universités de la métropole. Dès les années 1840.

P.33 et suivantes, l’auteur évoque l’émigration des membres de sa famille vers l’Argentine et sa capitale Buenos Aires. Il y a là une vraie enquête à mener pour l’auteur et pour nous chercheur. (J’ai rencontré, dans mes recherches historiques, des futurs Poilus qui étaient partis vivre un temps en Argentine.)

Il est un point sur lequel je suis beaucoup plus nuancé. L’auteur répète souvent que l’Histoire et les événements n’ont fait qu’effleurer Oran et ses habitants. Selon moi, il n’en n’est rien. Deux exemples :

- La première guerre mondiale, la Grande Guerre, celle de 1914-1918, a fauché au moins 400 jeunes juifs natifs d’Oran et endeuillé des centaines de familles juives. (Voir mes travaux annoncés sur le site de Morial. L’ensemble de mes travaux seront publiés aux éditions L’ Harmattan)

- Quant au régime de Vichy, les exclusions des jeunes juifs des écoles, des adultes des professions libérales ont laissé des traces indélébiles dans leurs mémoires.

Les textes d’Hélène Cixous en témoignent.

En conclusion, je dirai que ce récit a le mérite d’exister et c’est une bonne chose. Il serait bon que bon nombre d’entre nous en fassent autant que Jean-Claude Tobelem.

Les historiens ont besoin de ces récits.

À vos plumes, chers lecteurs !

Norbert Bel Ange 24 janvier 2018-27 avril 2018.