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Rappel historique

Don Isaac Abravanel (1437-1508) était un grand érudit, auteur de nombreux ouvrages juifs , conseiller des rois, financier et philanthrope.

Trésorier du roi du Portugal et accusé de complot, il se réfugia en Castille où il fut nommé collecteur d’impôts et administrateur de l’armée par le roi Ferdinand. Il participa au financement du voyage de Christophe Colomb.

Abravanel entreprit, avec son ami Don Abraham Seneor, d’approvisionner l’armée espagnole qui se ruinait dans une guerre épuisante contre le royaume sarrasin de Grenade. 

Pour parvenir à faire annuler les édits de Ferdinand II d'Aragon et la Reine Isabelle concernant l’expulsion des Juifs d’Espagne, il proposa la somme de 30 000 pièces d’argent en échange de l’annulation du décret,  mais l’Inquisition, en la personne de Torquemada, s’en mêla. 

Extrait du livre "Les Bûchers d’Isabelle la Catholique" de Didier Nebot (sortie en librairie le 18 janvier 2018)

Abravanel et Séneor demandèrent audience à Ferdinand.

«  Sire, d’inquiétantes rumeurs circulent sur notre devenir, devons-nous y ajouter foi ? »

«  Ces bruits sont fondés, répondit solennellement le roi. Votre présence sur notre territoire est devenue indésirable, elle constitue une offense à Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

«  Je ne comprends pas, s’étonna Seneor, nous vous avons toujours servi avec loyauté. »

«  Les temps ont changé, la nouvelle Espagne ne peut être que chrétienne. »

Seneor était en plein désarroi, la cause semblait entendue. C’était le moment d’avancer l’argument décisif.

« Sire, dit-il en interrompant Seneor, vous m’avez fait l’honneur de vous conseiller pour les affaires du royaume. Or, vous ne l’ignorez pas, les finances de l’Etat sont à un point critique. La guerre a coûté cher et reconstruire le pays nécessitera d’énormes sommes. Notre communauté a consenti de gros sacrifices pour vous venir en aide. Cependant je prends l’engagement, au nom des miens, de continuer dans cette voie. Nous travaillerons jour et nuit s’il le faut pour vous fournir tout ce dont vous aurez besoin. Pour vous prouver notre bonne foi, je vous offre, sur-le-champ, trente mille ducats d’or. »

Le roi, impressionné, demanda à réfléchir. Abravanel respira, tout n’était pas perdu. Malheureusement, Torquemada, le grand inquisiteur, qui avait conduit aux bûchers tant de juifs convertis, tapi derrière une porte, avait écouté la conversation. 

Il pénétra dans la pièce en furie et tendit un crucifix à Ferdinand : «  Judas a vendu Notre-Seigneur pour trente ducats. Vous, vous le donneriez pour trente mille. Tenez, le voilà ! »

Ferdinand tressaillit. Il regarda longuement le crucifix, puis s’agenouillaimplorant le pardon. Redevenu maître de lui, il congédia les deux juifs.

L’Espagne chrétienne venait de remporter l’une de ses plus belles victoires.
 

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