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Par Norbert Bel Ange

En février 2018, notre cher Gérard Nahon, notre grand historien s’en est allé.

Je suis confus, vis-à-vis de ses proches, si j’ai appris seulement hier (28 octobre 2018) la disparition de Gérard Nahon.

Et je rends grâce au site d’Akadem de recenser les différentes manifestations et ainsi d’avoir pris connaissance de cette information.
En effet demain 30 octobre 2018, à l’institut Maïmonide de Montpellier, une table ronde sera consacrée à Gérard Nahon, à ses travaux et à sa personnalité.

Je remercie, en particulier, Madame Danièle Iancu pour cette belle initiative, amplement justifiée.

D’une manière tout à fait subjective et personnelle.

Gérard Nahon était Un vrai chercheur et un grand historien.

Pas de "saucissonnage" de ses travaux universitaires mais à chaque fois, dans le moindre de ses articles, il proposait quelque chose de neuf à notre curiosité, à notre sagacité.

- Je me souviens d’une série d’articles qu’il avait publiés dans "Communauté nouvelle" sur les schlihim en Algérie à travers les âges : il montrait ainsi les liens tangibles, puissants entre le Maghreb et Eretz Israël.

- Ses travaux sur les juifs du sud-ouest de la France et de Bordeaux fleurissent dans toutes les bibliothèques des chercheurs et des férus d’histoire.

- Ses travaux s’inscrivent dans un ensemble plus vaste : l’histoire des juifs séfarades. Travaux menés en particulier avec son ami Henri Méchoulan. C’était lors d’ un colloque en Sorbonne. J’étais parmi le public, impressionné par les lieux et subjugué par nos grands historiens. Sans qu’ils l’aient su, sans que j’en sois conscient, ils ont forgé en moi ce goût de la recherche.

La deuxième fois ce fut à nouveau à Paris. Cette fois au centre Rachi. Je venais de publier, en 2006, "Quand Vichy internait ses soldats juifs d’Algérie Bedeau, sud oranais 1941-1943" (éditions L’harmattan).

Gérard Nahon s’approche de moi et le pouce levé indique mon livre. Ce compliment muet me fit chaud au cœur. Gérard Nahon avait lu mon livre !

Colloque en 2008 à Montpellier.

Nous sommes lui et moi ainsi que d’autres chercheurs et doctorants les invités de l’institut Maïmonide. Ce colloque va se tenir sur deux jours ; une partie à Nîmes et l’autre à Montpellier. Les chevilles ouvrières en sont Jacques Lévy (zil) ainsi que Carol, Danièle et Michael Iancu. Cette fois, j’ai pu, nous avons pu-mon épouse et moi- nous entretenir avec Gérard Nahon et son épouse. Bavardages, partage de moments précieux au moment des repas. Mon épouse me rappelle combien Gérard Nahon insistait auprès de son épouse pour qu’elle publiât son livre de cuisine. Ả Nîmes comme à Montpellier, nous avons passé quelques moments délicieux en leur compagnie.

Les grands hommes le deviennent grâce aux attentions et à l’affection de leurs compagnes. Ne l’oublions jamais. Elles sont, souvent, leurs premières lectrices ; elles suggèrent. Elles sont les premières supportrices.

Bonhomme, l’œil pétillant de gourmandise intellectuelle et une moustache avenante qui ne laissait percer la rigueur du chercheur.

Mais le verbe enclenché, c’était un bonheur d’écouter cet homme, Gérard Nahon.

Il y a peu j’ai pu correspondre avec lui par courriel au sujet de ses ancêtres, soldats de la Grande Guerre et natifs de la région de Tiaret, en Algérie.

Les informations concernant les Nahon de Tiaret appartiennent à mon livre "Les Juifs du département d’Oran dans la Grande Guerre" premier volume ; à paraître sous peu aux éditions l’Harmattan, Paris.

En effet si Gérard Nahon est né à Paris, ses parents viennent de ces hauts plateaux algériens.

Il est urgent, naturel, important, salvateur pour nous de lui rendre hommage tant sur le plan universitaire que partout dans nos communautés et institutions.

Sinon comment ferions-nous pour continuer nos recherches et pour grandir. Et nous sommes nombreux dans ce cas.

Norbert Bel Ange

29 octobre 2018