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J’étais vraiment très jeune lorsqu’un jour j’entrai chez mon oncle Joseph Jaoui qui habitait au 36 rue de la Lyre à Alger, et je l’entendis s’exclamer : "Rebbanim ! Rebbanim !" (Prononciation locale de ‘Rabbanim’).

Son plus jeune fils, Gérard, qui jouait au ballon, avait fait rebondir la balle, envoyant le vase valser avec toutes ses fleurs. Le récipient de verre, tombé par terre, s’était cassé en mille morceaux, et l’eau qu’il contenait avait inondé la table et sa belle nappe que Tata Félicie avait brodée à la main avec beaucoup de goût et de patience.
Le plus grave était que Gérard était pieds nus et risquait de se blesser. C’est à ce moment-là que Tonton Joseph avait crié "Rebbanim ! Rebbanim" ! 

A Alger, cette interjection était fréquente pour appeler à l’aide, pour conjurer un sort passager qu’on croyait être de mauvais augure, ou tout simplement quand il pouvait s’agir d’un danger.

Appeler les Rabbanim c’était mettre les Sages bien connus de son côté et on était tellement persuadé que l’appel ne pouvait rester sans réponse ; on se sentait aussi plus fort devant l’adversité et les aléas de la nature et de ses mauvais côtés.

Sources 

"CONTES ET RECITS DES JUIFS D'ALGERIE" de Simon Darmon