Imprimer
Affichages : 3305

Philippe de Champaigne, Moïse avec les tables de la Loi 1645-1663 © Musée de Picardie/Marc Jeanneteau

 

Jusqu’au 21 février 2016, le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) présente une exposition qui rend compte à travers 150 peintures, dessins, gravures, sculptures, objets d’art, manuscrits, livres et extraits de films, de l’importance et de la diversité des représentations de Moïse dans la culture occidentale, de l’Antiquité à nos jours. 

 

 

 

 

Moïse est le prophète qui a vu Dieu et dialogué avec Lui, puis est redescendu en témoigner auprès des hommes. Les artistes en ont ainsi fait une figure tutélaire, celle du visionnaire, du prophète qui guide.

Dès l’Antiquité, malgré l’interdiction de représentation (deuxième commandement), Moïse est le prophète le plus fréquemment représenté

Atelier de Jean Bourdichon, Moïse recevant les tables de la loi et Adoration du veau d'or Touraine, vers 1500 Encre et tempera sur parchemin © Bibliothèque Sainte-Geneviève, cliché IRHT

Au IIIe siècle déjà, au cœur du monde juif, dans la synagogue de Doura Europos (Syrie actuelle), on trouve d’importantes fresques figurant des épisodes de la vie de Moïse.

Des manuscrits médiévaux richement enluminés aux peintures de Nicolas Poussin, sources juives et chrétiennes dialoguent tout au long des temps modernes. La traduction et l’édition des textes antiques par les chrétiens assurent à l’histoire de Moïse un rayonnement sans précédent dès le XVIe siècle.

Avec les débuts de l’édition hébraïque à Venise et Prague, les juifs utilisent à leur tour ces images chrétiennes pour élaborer leur propre iconographie. 

 

 

 

 

 

La traduction et l’édition des textes antiques par les chrétiens assurent à l’histoire de Moïse un rayonnement sans précédent dès le XVIe siècle

 

Anonyme, Moïse présentant les tables de la Loi XVIe siècle ; huile sur bois, Paris © Société de l'histoire du protestantisme français

Avec les débuts de l’édition hébraïque à Venise et Prague, les juifs utilisent à leur tour ces images chrétiennes pour élaborer leur propre iconographie. S’appuyant sur la diversité de ces sources, l’exposition dresse un portrait de Moïse, explore sa singularité et retrace les épisodes marquants de l’Exode.

Dans l’Europe des temps modernes, la représentation de Moïse cristallise de nombreux enjeux politiques, religieux et philosophiques, dont les artistes sont les vecteurs. Moïse est avant tout présenté comme la préfiguration du Christ, ses miracles annonçant les sacrements de l’Église. 

 

 

 

 

 

Au tournant du XXe siècle, l’émergence du sionisme s’accompagne d’une effervescence artistique juive.

Natan Moshe Brilliant, Tableau indiquant la direction de l’est, mizrah, Lituanie, 1877-1878 Israël, collection particulière – DR

 

Moïse devient la figure tutélaire de cette quête nationale et identitaire, dont le cœur est l’idée de "renaissance", culturelle, spirituelle et territoriale. Le corps même de Moïse, son incarnation plastique dans les œuvres des artistes juifs du début du XXe siècle devient le symbole de cette nouvelle ère du peuple d'Israël.

Avant de fonder l’école Bezalel à Jérusalem en 1906, Boris Schatz entame un cycle d’œuvres autour de la figure du prophète. Il est l’un des premiers, avec Ephraim Moses Lilien, à associer visuellement Moïse et Theodor Herzl, "Moïse moderne" considéré comme la réincarnation emblématique du prophète. 

 

 

Ponctuée de nombreux événements spectaculaires, la vie de Moïse est un thème propice à la mise en images

 

Lampe de la Reconsécration, lampe de Hanoukkah Allemagne, XVIIIe siècle Paris © Mahj / Christophe Fouin

Indissociable de la redécouverte des sources littéraires juives, le succès des images mosaïques stimule l’iconographie dans l’édition hébraïque, comme les rituels de la Pâque juive (haggadot), ou les écrits rabbiniques publiés à Prague, puis à Venise et Amsterdam.

Également présents sur les objets de culte (dits «tashmishei qeddoushah», «objets de sainteté»), le visage du prophète ou son portrait en pied apparaissent sur des bandelettes de Torah (mappot) et des lampes de Hanoukkah.

L’exposition s’achève sur l’identification des artistes au fondateur du judaïsme, à partir du célèbre Moïse de Michel-Ange, sculpté pour le tombeau du pape Jules II à Rome et filmé par Michelangelo Antonioni en 2004. 

Autour de l’exposition

http://www.mahj.org/fr/3_expositions/expo-Moise-Figures-d-un-prophete-autour.php

Informations pratiques

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple - 75003 Paris
www.mahj.org
Tél. : 01 53 01 86 65
info@mahj.org