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Document transmis par Norbert Bel Ange

Alfred Salinas "Jules Abadie, Itinéraire d’un médecin devenu ministre et maire d’Oran".

Éditions l’Harmattan, Paris, 2015 ; 256 pages.

 

 

 

 

 

 

 

Depuis "Oran La joyeuse", Alfred Salinas continue de "creuser" le même sillon historique, de décaper la même région et d’approfondir sa connaissance (et la nôtre) des mœurs, des hommes et des femmes, des événements survenus dans son Oranie natale, entre les années 1880-1962.

Il y a un autre titre à lire sans délai d’Alfred Salinas, c’est : "Les Américains en Algérie 1942-1945(éditions l’Harmattan)

Le livre sur Jules Abadie s’inscrit en grande partie durant cette période. En effet, Jules Abadie fut ministre auprès du général Giraud et quelques mois après jusqu’à l’orée du CFLN à Alger, près du général De Gaulle.

Jules Abadie, lorsqu’il arrive à Oran, est un jeune médecin diplômé de la prestigieuse faculté de médecine de Montpellier. En 1902, il épouse Hélène Feyguine, une jeune juive d’origine russe ; elle aussi médecin. En Russie, il était difficile pour les jeunes filles d’accéder aux études universitaires.

Ce jeune couple de médecins arrive dans une ville antisémite. "Le ressentiment racial formait la clé des élections."( pp.54/55)

Pas seulement, hélas !

Abadie est plutôt à gauche, tendance radicale.

Auprès du général Giraud, il tâchera de demeurer républicain avec un infléchissement droitier…

Très vite, ce jeune médecin fait montre de qualités professionnelles et personnelles qui lui ouvrent les portes de la société oranaise. Mais les origines juives de sa jeune femme sont mises en avant.

"À travers lui, c’était sans nul doute sa femme qui était visée en raison de ses origines juives. L’antisémitisme n’avait point faibli dans la ville (On est à Oran en 1919). Il orchestra la politique des municipalités des Années Folles." (p.95).

1928 à Oran et dans ses environs pour ne pas dire dans l’ensemble du département d’Oran.

"L’antisémitisme polluait aussi les campagnes électorales, éclipsant par moments l’affrontement droite- gauche. Il fut difficile pour Abadie de rester à l’écart de la mêlée." (p.139).

On peut rappeler que dans les rues d’Oran se vendait librement une "anisette anti-juive". C’est dire la popularité de telles idées dans les rues de la grande cité.

J’en viens, aux côtés d’Alfred Salinas, aux années vichystes tant à Alger qu’à Oran. Tant pour Jules Abadie à titre personnel qu’à son engagement politique officiel.

Et là le point de vue d’ Alfred Salinas mérite intérêt et interrogations. Son travail sur les archives anglaises et américaines a quelque chose de novateur.

Abadie a-t-il été un serviteur zélé des idées giraudistes ? de celles de la Révolution Nationale ?

A-t-il "louvoyé" d’un bord l’autre ? S’est-il renié ? A-t-il eu l’ambition d’atténuer les lois scélérates de Vichy ?

Pour Alfred Salinas, la vérité, celle de Jules Abadie, est quelque part à mi chemin. C’est peut-être là que réside l’intérêt de cette biographie.

D’emblée les lois raciales l’avaient blessé dans sa conscience. Symbolisées par l’abrogation du décret Crémieux et le statut des juifs, elles frappèrent sa propre famille dans la mesure où les ascendances juives de sa femme furent grandement stigmatisées. Sa fille Nicole ne fut pas épargnée par le déferlement de haine : "Elle ne recevait pas ses notes du lycée au motif qu’on ne donnait point de notes à une juive"…

"L’intolérance déteignait sur le tissu social oranais. Les boucs émissaires de la défaite (anglais, franç-maçons, juifs, communistes) étaient livrés en pâture à l’opinion publique… Le portrait de Pétain jusque sur l’autel de la vierge." ( p.168).

Aussi l’amitié entre Giraud et Abadie avait quelque chose d’équivoque.

Il est très probable que les responsables juifs d’Oran et d’Alger, des responsables institutionnels ou des personnalités ont dû demander à être reçus par Abadie. Il y a là une piste à creuser et des documents d’archives à exhumer.

D’autant qu’ Abadie fut aussi ministre sous De Gaulle, "un premier ministre à la mode giraudiste".

Alfred Salinas a su avec talent résumer ce que pouvait être cette période particulièrement troublée et propice à la transposition cinématographique.

"L’époque était à toutes les équivoques. Les Américains s’installaient dans une cité inconséquente hostile et diffractée en de multiples éclats avec ses pétainistes groupés autour de l’évêque Durand, ses collaborateurs

vichyssois plus soucieux d’affairisme que de doctrine, ses militants franquistes prêchant le rattachement à l’Espagne, et cette poignée de résistants gaullistes bientôt tenus pour traîtres, injuriés, condamnés pour activités subversives et qui allaient occuper davantage l’opinion publique que la guerre elle-même dont elle ne percevait pas très bien les enjeux."(pp.179/180).

Ministre de l’Intérieur et par ricochet de l’Éducation, Jules Abadie aurait pu intervenir, plus nettement, auprès de Giraud, pour que la deuxième abrogation du décret Crémieux fût de courte durée.

Qu’a t-il fait pour libérer plus facilement, plus rapidement les soldats juifs internés dans les camps comme Bedeau ?

Qu’a-t-il fait pour accélérer le retour des élèves juifs dans les écoles de la République ?

Entre atermoiement, demi-mesures et « la montre », Jules Abadie laissa le temps faire son œuvre.

De Gaulle n’en fit pas plus.

Et par la grâce du Temps qui passe, les juifs d’Algérie recouvrèrent leur citoyenneté. Nous sommes en octobre 1943.

Il y a belle lurette qu’ils ont repris leur place au combat. Surtout auprès du général Leclerc.

Comme leurs ancêtres aux lendemains de la colonisation français de l’Algérie. Bien avant le décret Crémieux, les juifs furent enrôlés dans les régiments de Zouaves. Nous étions au début des années 1850.

Quels formidables échos d’une période l’autre !

 

Norbert Bel Ange, le 10 avril 2016.

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