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Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

"Jacques Lazarus, itinéraire d'un Juif de France dans le siècle : de la métropole à l'Afrique du Nord (1943-1962)". Par Jacques Bernard Sadon, Docteur en Histoire contemporaine. 

 Analyse de l'ouvrage écrite par Paul Benaïm

Le livre qui fait l'objet de cette analyse porte sur les années de résistant de Jacques Lazarus* pendant la deuxième Guerre Mondiale, puis sur son séjour en Algérie de 1946 à 1962, années marquées par sa participation à la création d'écoles de l'ORT, et par son activité de militant, devenu le porte-parole de la communauté juive pendant la guerre d'Algérie.
Le 8 mars 2011 a eu lieu à l'Ecole militaire de Paris, sous le haut patronage du Ministère de la Défense une table ronde "Mémoires résistantes" sur le thème des résistances juives pendant l'occupation.


Le mérite du mémoire universitaire de Jacques Bernard Sadon**, est d'illustrer l'histoire de la résistance juive par un exemple édifiant, celui de Jacques Lazarus, l'un des rares survivants de cette épopée.

Le récit de JB Sadon comporte deux parties bien distinctes, correspondant à deux périodes de la vie de Jacques Lazarus :

1) Combattant de la résistance (1943- 1945)

2) Militant des communautés juives d'Algérie (1946-1962).

Pour écrire ce mémoire, dont le sujet lui a été proposé par le professeur André Kaspi, l'auteur, en véritable historien, a puisé dans des sources multiples, notamment dans les archives de l'Alliance Israélite Universelle, et dans des entretiens avec Jacques Lazarus lui-même. 

Le résistant (1943-1945)

Nombre de nos concitoyens ignorent que des Juifs se sont battus contre les Allemands au cours de l'occupation, non seulement dans les maquis des Forces Françaises de l'Intérieur, mais aussi dans des organisations spécifiquement juives, telle l'Armée juive qui deviendra l' Organisation Juive de Combat.

Leurs missions étaient de deux ordres: sauver le maximum d'enfants de la déportation et lutter les armes à la main contre les nazis. Ces missions impliquaient une infrastructure clandestine, la fabrication de faux-papiers d'identité, un approvisionnement en armes, des agents de liaison ...

Jacques Lazarus a été l'un des artisans de ce dispositif et c'est au cours d'une mission qu'il est tombé dans un piège ourdi par le contre-espionnage allemand,qu'il a été arrêté et déporté. Il faisait partie du dernier groupe de résistants convoyés vers l'Allemagne dans un wagon, le 17 août 1944 avec une trentaine de "terroristes". Avec quelques autres, il parvint à  s'extraire du wagon et, pendant un arrêt du train en rase-campagne, à la faveur d'un orage, à s’évader  puis  à regagner  Paris  où il  poursuivit le combat.

Il devint le responsable de la section parisienne de l'Armée juive. Cette activité de résistant allait de pair avec son soutien au futur Etat d'Israël, en liaison avec les mouvements sionistes, organisateurs de l' alya beth vers la Palestine alors sous mandat britannique.

Acte symbolique, il remit à David Ben Gourion le drapeau bleu-blanc orné de l'étoile de David qui flottait sur l'un des maquis de l'Armée Juive.

En 1946 le résistant devient un  militant au service de la communauté juive d'Algérie.

L'O.R.T. en Algérie: la contribution majeure de Jacques Lazarus

A la demande de I'O.R T. Jacques Lazarus retourne à Alger en septembre 1946 avec pour mission l'ouverture d'un centre d'apprentissage. Le local de la rue Léon Roches fut rétrocédé à I'O.R.'I'. Rapidement. un comité fut constitué. Ses membres n'avaient qu'une seule ambition : faire aboutir rapidement le projet à la différence de quelques responsables communautaires locaux, assez réservés. L'utilité d'un tel centre professionnel paraissait pourtant évidente au moment où les autorités cherchaient à industrialiser le pays et à y développer de tels centres.
Le gouverneur général de l'Algérie, Mr Yves Chataigneau, reçut Jacques Lazarus et encourageait l'entreprise ; des conseils très utiles furent prodigués au délégué de l'ORT, par Bohé, directeur du collège technique d'Alger. La transformation de l'ancien local en un centre modèle nécessita des travaux d'aménagement qui débutèrent en janvier 1947.

La désaffection du monde juif pour les métiers manuels a été l'une des conséquences de son enfermement pendant des siècles dans les ghettos d'Europe et de l'interdiction de la pratique de nombreuses professions.

La première école d'apprentissage communautaire avait été fondée dans la Russie tsariste, à Saint-Pétersbourg en 1880.

Après la libération de la France, de nombreuses écoles, dans le cadre de l'ORT, ont été crées en France puis dans les trois départements français d'Algérie.

Lazarus a joué un rôle majeur dans leur développement, d'abord à Alger puis à Oran et Constantine. Ces écoles, comme celles de l'Alliance Israélite Universelle, étaient ouvertes aux non-juifs, Musulmans et Chrétiens. Cette mission, parfaitement accomplie, était bienvenue à une époque où s'amorçait l'industrialisation de l'Algérie.

La communauté juive dans la tourmente de la guerre d'Algérie

En 1956 le FLN dans une déclaration officielle exhorte les Juifs à se joindre à la rébellion, considérant que leur présence en Algérie était antérieure à la colonisation et que la France de Vichy les avait déchus de la nationalité française.

La réponse des dirigeants de la communauté, par la voix de Jacques Lazarus dansl'Information Juive a été claire : elle laissait à chaque membre de la communauté la liberté de se prononcer dans ses choix, tandis que dans leur immense majorité, les Juifs, citoyens français depuis le décret Crémieux promulgué en 1870, étaient solidaires des autres Français d'Algérie. Ces prises de position auront les conséquences que l'on sait: attentats contre des synagogues et départ massif vers la métropole des Juifs en 1962 ...

La notoriété de Jacques Lazarus et notamment ses fonctions de directeur de l'Information juive (auxquelles il mettra fin en 1997) ont fait de lui le porte-parole de la communauté juive d'Algérie. En 1949 il sera promu représentant de l'Afrique du Nord au Congrès Juif Mondial. Plus tard, de retour en France, il fera partie du Comité central du CRIF.Un parcours exemplaire.

Notes

*Jacques Lazarus (1916 - 2014), a fondé en 1947 le mensuel Information juive qu'il a dirigé pendant 50 ans

** Jacques Bernard Sadon, auteur de ce livre, est professeur d'histoire et géographie

*** ORT : Organisation, Reconstruction, Travail. Les écoles de l'ORT sont destinées à promouvoir les métiers manuels dans la jeunesse juive

**** Alya Beth: immigration illégale. On sait que les« livres blancs» britanniques limitaient de façon drastique l'immigration légale.

 

 

 

 

    

 

1 - Qu 'est-ce que I'O.R.T. ?
L'O.R.T. (Organisation Reconstruction Travail) est une association destinée au développement du travail industriel, artisanal et agricole parmi les juifs. Elle a été fondée vers 1880 en Russie à St Petersbourg.
Les fondateurs russes de I'O.R.T. avaient pris conscience de ce qu'il ne suffisait pas de se prononcer pour le développement des capacités du peuple juif, encore fallait-il permettre aux de juifs, "déformés" par dix siècles de ghetto et de commerce, d'apprendre un métier et de s'habituer à l'exercice d'activités nouvelles artisanales et agricoles.
A partir du Xème siècle, les Juifs jusque-là agriculteurs ou paysans furent contraints sous l'effet de persécutions et de dispositions législatives, de se réfugier dans un ghetto spatial et moral qui leur fermait la plupart des professions pour ne leur laisser que celles d'intermédiaires en relation avec le commerce ou le prêt d'argent
C'est à cette situation que les fondateurs russes voulurent s'attaquer afin dc mettre fin à l'ostracisme dont souffrait les juifs ct qui résultait en grande partie de ces fonctions qui leur avaient été imposées de l'extérieur. Cet état de fait absolument anormal et dont le peuple juif a longtemps souffert devait se prolonger jusqu'à la Révolution française.
C'est en corrélation avec celle-ci que naquit l'idée d'une émancipation du peuple juif. Bientôt la conviction que devait disparaître le ghetto dans lequel étaient parqués les juifs se répandit également en Allemagne et en Europe Orientale.

C'est ainsi que se créa en 1819, en Allemagne, "l'Union pour la culture et la connaissance du peuple juif" dont les statuts contenaient déjà en germe les principes même de I'O.R.T.

Ce dernier bénéficia d'un contexte plutôt favorable aux réformes et qui était celui de la Russie en cette fin du XIXème siècle ; c'est ainsi qu'il obtint l'appui des autorités tzaristes qui l'autorisèrent à ouvrir de nombreux ateliers. Les conséquences liées à la fin de la Première Guerre mondiale et la constitution de nouveaux Etats ont favorisé l'extension de I'O.R.T. à travers I 'Europe.
C'est en 1921 que fut créé par I. Bramson, D. Lvovitch, et A. Syngalovski, l'Union mondiale des organisations nationales O.R.T. (l). Depuis lors, l'activité de I'O.R.T. n'a cessé de croître et de s'étendre.
Pour la seule année 1947, date de la création de I'O.R.T. Alger, 30 000 personnes suivaient régulièrement les formations professionnelles dispensées par l'association dans 800 ateliers et écoles réparties dans le monde.
L'O.R.T. était présente dans les nombreux camps de personnes déplacées créés au lendemain de la seconde guerre mondiale, en Allemagne, en Autriche, et en Italie, permettant ainsi à des milliers de personnes de reprendre espoir. (2)

2 - L'O.R.T. France
L'O.R.T. français a été créé en 1920.

En 1947, son président est Léon Meiss qui fut très actif pendant la période de l'occupation et qui à cette date assure toujours les fonctions de président du Consistoire central et du C.R.I.F. Le vice-président, l'ingénieur général du génie maritime, Louis Kahn, directeur central des consfructions et armes navales, avait été un des premiers à rejoindre la France Libre.
L'O.R.T. qui aurait assuré la formation de plus de 5 000 élèves dans ses ateliers pendant l'Occupation, dut faire face à la Libération à une situation particulièrement difficile. Elle devait fournir à des milliers de rescapés les moyens de subvenir eux-mêmes à leurs besoins. Il fallait pour cela une aide constructive que I'O.R.T. dans un contexte des plus défavorables allait mettre en place.
L'O.R.T. France a conçu des centres d'apprentissage, des écoles professionnelles et des cours accélérés répartis sur tout le territoire.
Les centres d'apprentissage et les écoles professionnelles sont placés sous l'autorité du ministre de l'Education Nationale, les cours accélérés dépendent du ministère du Travail.
Les élèves suivent d'autre part, des cours de littérature, de mathématiques, de comptabilité, d'hygiène sociale. Une place importante est réservée à l'enseignement de l'histoire juive, de l'hébreu moderne. Les élèves pratiquent la culture physique et sont entraînés aux sports.

Les cours accélérés sont destinés aux adultes. Ils dispensent sur une courte période, des formations de base, simplifiées, pen•nettant aux stagiaires de frouver facilement à s'employer comme ouvriers non qualifiés et aussi de pouvoir rapidement gagner leur vie et subvenir aux besoins de leur famille .

3 -L'O.R.T. Algérie
Le 5 mai 1947, I'O.R.T. Alger ouvrait ses portes au 8, rue Léon Roches sous la direction de Georges Emsalem. L'inauguration du centre aura lieu le 30 mars 1948 en présence du secrétaire général du gouvernement général de l'Algérie, M. André Pelabon, d'une délégation de I 'O.R.T. France conduite par son président, M. Léon Meiss et de nombreuses personnalités. Jacques Lazarus prononça le discours d'ouverture.
Il avait dans l'intervalle épousé Judith, fille de Delphine et d'Aïzer Cherki, militant communautaire bien connu qui avait présidé notamment l'Association d'études, d'aide et d'assistance ainsi que la Fédération sioniste d'Algérie. De cette union, naîtront deux filles, Eva épouse de Guylain Sitbon et Nora, veuve de Jacques Bourla.
Le coût de la réhabilitation des locaux s'éleva à quatre millions de francs de l'époque, son financement fut entièrement assuré par I'O.R.T. France.
De son côté, le Joint, grâce à l'intervention de son correspondant Elie Gozlan, prit à sa charge une partie importante des frais de fonctionnement de la 
cantine de l'école, ce qui permit de distribuer chaque jour des repas gratuits aux élèves nécessiteux. Le Joint attribua aux élèves les plus démunis des bourses scolaires, et fut également rejoint dans cette action par le Service social des jeunes.

Le centre d'Alger comprenait trois sections : bois, fer et électricité et intervenait au collège Maïmonide d'Alger (né sous Vichy et qui allait fermer ses portes peu de temps après) en assurant un cours éducatif de coupe et de couture destiné aux jeunes filles de cet établissement âgées de 12 à 16 ans.

Le centre accueille quarante élèves en première année alors que plus de cent avaient sollicité leur admission. Il est d'une capacité de cent vingt élèves et son directeur avait tenu dans son allocution prononcée lors de l'inauguration à définir les ambitions du centre
"La main-d'œuvre spécialisée est insuffisante en Algérie ; par contre, nombreux sont les ouvriers qui ne disposent que d'une formation hâtive et superficielle. Nous avons préféré sacrifier la quantité à la qualité et nous assigner comme but la formation, si modeste fut-elle en nombre, d'une main-d’œuvre d'élite."
Un niveau d'instruction générale suffisant est exigé : le certificat d'études primaires. La formation technique est accompagnée d'une éducation complète, physique, intellectuelle et morale.
La pédagogie est basée sur la nécessaire évolution des méthodes d'apprentissage, tout en respectant les principes fondamentaux de l'instruction modem et les méthodes d'éducation de I'O.R.T.

En conclusion, nous pouvons retenir que la mission de I'O.R.T. en métropole est avant tout de participer à la reconstruction d'hommes et de femmes profondément meurtris par la guerre.

En Algérie, la situation est différente, le judaïsme algérien n'a connu ni l'extermination ni les déportations massives, ni les spoliations multiples.
Et même si la création de I'O.R.T. répondait à une nécessité en matière de formation des jeunes, elle avait aussi une autre signification, dispenser dans le centre, une éducation juive à une jeunesse qui s'était quelque peu éloignée de la culture et de la tradition de ses ancêtres quand ça n'était pas des pratiques religieuses. Jacques Lazarus le soulignait dans son discours d'ouverture nous voulions aussi que ces jeunes soient élevés dans la connaissance et l'amour de leur peuple. C'est là un but fondamental de I'O.R.T. »
L'école est ouverte à tous sans distinction d'ethnie ou de religion. En effet, les juifs ont trop souffert de l'ostracisme pour se fermer aux autres et I'O.R.T. Alger s'est lancé deux défis : permettre à ses élèves d'apprendre un métier tout en assumant leur judaïté s'ils sont juifS, et concourir à développer chez des jeunes d'origines diverses la sympathie et le respect mutuel indispensable à la fraternisation des différents groupes ethniques qui composent I 'Algérie.
Estimant sa mission accomplie, Lazarus demandera à I'O.R.T. France de mettre fin à ses fonctions le 31 octobre 1948.

Un temps président de I'O.R.T. Alger, il sera coopté au conseil de I'O.R.T. France. L'O.R.T. Algérie, outre celle d'Alger, ouvrira deux autres écoles à Constantine ct à Oran.

 
 
 

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