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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
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Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
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Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 Témoignage d'Olivier-Daniel COHEN
Mon grand père Fernand David Bouchara : Un résistant d’Afrique du Nord, par Olivier-Daniel Cohen

Fernand David Bouchara


Je veux apporter ici un témoignage concernant l’activité de mon grand père, Fernand David Bouchara, au sein de la Résistance Nord Africaine et notamment sa participation aux opérations d’Alger du 8 Novembre 1942.
Ce que je connais de son activité résistante, provient – un peu - de la transmission familiale et – beaucoup - des témoignages d’autres résistants ou d’officiels alliés.
La mémoire familiale tout d’abord :

Ma mère m’a rapporté que lorsque j’étais petit, il nous faisait souvent asseoir à ses côtés, mon petit frère Thierry-Immanouel et moi, pour « nous raconter la guerre ». Hélas nous étions trop jeunes pour nous souvenir de ce qu’il nous disait (Il est mort alors que je n’avais pas 10 ans).
La mémoire familiale ne s’est donc que peu transmise verbalement, si ce n’est par bribes: Ma mère, nous a expliqué qu’un soir, - rétrospectivement je pense qu’il devait s’agir du 7 Novembre 1942 - notre grand père, l’a serrée fort dans ses bras, ainsi que ma grand-mère, puis a quitté le domicile, semble-t-il avec un pistolet en main. Il a dit à ma grand-mère qu’il n’était pas sûr de revenir…. Lors des opérations, il s’est retrouvé sur un bateau Anglais qui a coulé, mais il a pu regagner la côte à la nage. Elle se souvient également qu’après la guerre, lors d’une cérémonie où il recevait une médaille pour ses faits d’armes, en présence d’anciens camarades, il a éclaté en larmes … Sans doute l’émotion refoulée durant tant d’années.
Ma grand-mère, quant elle, nous avait expliqué que notre grand père était membre du réseau de résistance « Combat », ce qui s’est trouvé confirmé pas des témoignages d’autres résistants (cf documents joints). Il semble qu’il y aurait fréquenté Albert Camus, ce qui est plausible puisqu’Albert Camus était membre de "Combat".
Mais il ne s’agit là que de bribes éparses, et ce que je sais plus précisément de son action résistante, je l’ai plutôt appris par les témoignages d’autres résistants ou d’officiels alliés.
Les témoignages d’autres résistants ou d’officiels alliés :

Mon grand père était donc membre de la partie Nord Africaine du réseau de Résistance « Combat ». Il s’agissait d’un important réseau de Résistance, de tendance gaulliste, implanté dans toute la France, et crée par Henry Frenay. Ce Réseau était membre du Conseil National de la Résistance. Il n’était pas spécifiquement juif.
Dès 1941, mon grand père était en contact avec les membres du consulat américain à Alger, ainsi que l’indique (cf document joint) le Lieutenant Colonel Knox, membre de ce consulat à l’époque des faits. Pour le lieutenant Colonel Knox, Fernand Bouchara était « un des membres les plus actifs du réseau » (cf documents).
Lors de ses activités résistantes, il a également fréquenté Paul Coste-Floret et René Capitant. Ces 2 personnages ont joué un rôle de premier plan pendant et après la guerre. Ainsi, Paul Coste Floret fut plusieurs fois ministre de la 4e République. Quant à René Capitant, il fut commissaire au sein du Conseil Français de Libération National (dans le CFLN, fondé par le général de Gaulle à Londres, le titre de commissaire équivalait à celui de ministre), ministre du Gouvernement Provisoire de la République Française et plus tard, ministre de la 5è République du général de Gaulle. Les biographies plus complètes de René Capitant et Paul Coste-Floret sont disponibles sur wikipedia.fr. Voici comment, quelques années après la guerre, ces 2 personnages décrivent l’action de mon grand père :
Pour René Capitant, lui-même chef du mouvement de Résistance « Combat » en Algérie, Fernand Bouchara « a pris une part active aux opérations de débarquement allié du 8 Novembre 1942 … » (cf document pour plus de détails)
Pour Paul Coste-Floret, lui-même membre fondateur du mouvement « Combat Outre Mer », Fernand Bouchara « a été membre de la première heure du mouvement, …a collaboré de manière active à l’impression et la distribution de tracts, … a pris part les armes à la main au putsch destiné à faciliter le débarquement allié du 8 Novembre 1942 …» (cf document pour plus de détails).

D’autres résistants complètent ces témoignages : Ainsi, pour André Achiary, Fernand Bouchara « a participé activement à l’organisation de la Résistance algérienne et à la préparation du débarquement allié … » (cf document pour plus de détails). La biographie d’André Achiary est également disponible sur wikipedia.fr.
Mon grand père est donc représentatif de ces résistants juifs, très impliqués dans les activités résistantes, mais dans des organisations non spécifiquement juives.
Lors de l’opération Torch, je sais que mon grand père a pris part physiquement à l’occupation de l’Amirauté. Outre les témoignages de René Capitant, Paul Coste-Floret et d’autres résistants dont le commissaire Achiary, sa participation aux opérations du 8 Novembre 1942 est notamment attestée par une citation nominative de 1947 de Clement Attlee, alors Premier Ministre britannique (cf document).
Par contre, je ne sais pas comment s’est opérée la coordination avec les résistants du réseau de la salle Geo Gras. Je ne connaissais pas l’existence de ce réseau organisé. Il faut croire que les réseaux à majorité juive n’ont pas eu, après guerre, la part de lumière qu’ils méritaient …
Fernand Bouchara est médaillé de la Résistance, de la légion d’honneur et de la croix de guerre 1939-1945.
Depuis que j’ai pris conscience de son rôle, et surtout du courage dont il a fait preuve, allant jusqu’à risquer sa vie, je suis conscient de l’obligation d’essayer – au moins essayer -, d’être digne de son exemple.
Olivier-Daniel Cohen
En utilisant le lien suivant vous pourrez consulter tous les documents concernant Fernand Bouchara pendant la Résistance

Fernand-bouchara-documents-resistance.pdf   

  

Commentaires (4)

1. gozlan lucien Jeu 07 Fév 2013
Olivier bonjour, j'ai discute assez longuement avec monsieur KUPFER qui m a declare tres bien connaitre votre grand père, Fernand BOUCHARA, aussi je vous invite a prendre contact avec lui, il me semble avoir compris qu’il détenait un ou des documents le concernant,....S is pouvaient etre places dans les témoignages alors pourquoi pas.

 

2. gozlan lucien Dim 03 Fév 2013
David bonjour,
Je viens d avoir un long entretient avec un monsieur KUPFER qui me declare avoir bien connu votre grand pere monsieur Fernand BOUCHARA et me declare detenir un document le concernant de son livret militaire ou autre mentionnant sa presence le 8 novembre 1942 dans l operation TORCH, je vous place ses coordonnées telephonique par mail, je serais present a Paris fin avril pour une reunion de travail et pour finaliser notre travail en commun pou honnorer, tous ensembles dans un devoir de memoire, Les Oublies du 8 Novembre 1942.

 

3. gozlan lucien Ven 09 Nov 2012
Olivier bonjour,
Je viens d avoir connaissance d un survivant qui nous parle du Lieutenant Colonel KNOX, qui a fait liberer les resistants emprisonnes a la prison de Barberousse la veille du 14 novembre 1942 ?

 

4. gozlan lucien Lun 15 Oct 2012
Olivier, Mazel tov pour ce merveilleux temoignage,
Je suis sincerement emu que le nom de votre grand pere soit enfin Honnore dans un parcours particulierement dangereux.
Son histoire peut etre maintenant connue et vous devez etre fier de ce qu il a fait pour le bien de notre communate juive en Algerie et bien entendu a Alger.
Il faudrait que beaucoup d enfants ou petits enfants comme vous se sentent concernes par des temoignages afin que leurs memoires soient benies a jamais.

 

Témoignage de Roger Bensadoun
Mon père, Henri Bensadoun, Français Israélite Officier d’active dans l’armée de l’Air.
Certains passages du texte ci-dessous sont extraits du livre de Roger Bensadoun « Les Juifs de la République en Algérie et au Maroc » paru en 2003, référencé par le comité d’organisation de l’exposition des Juifs d’Algérie au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.
Officier d’active dans l’armée de l’Air française avec le grade de lieutenant, mon père reçut, dès la parution au Journal Officiel de la loi du 3 octobre 1940, l’ordre de renoncer à porter tout signe extérieur réservé aux seuls citoyens français. Il fut mis dans l’obligation de quitter son uniforme d’officier, en vertu du 5ème alinéa de l‘Article 2 du statut des juifs, ainsi que les décorations obtenues sous les drapeaux sous peine de sanction allant jusqu’à l’emprisonnement. En réalité, il venait d’être renvoyé de l’armée sans autre forme de procès ni indemnité. Déclaré « apatride », il reçut peu après une nouvelle carte d’identité avec la mention « Juif » inscrite à l’encre rouge.
Né et élevé à Sidi-Bel-Abbès au début du siècle dernier, il ne fait aucun doute que mon père aura été fortement influencé par la présence de la Légion étrangère dans cette ville de garnison la plus connue en France et dans les colonies.
Forte de près de 10.000 membres, la communauté juive vivait comme tous les Bel-Abbèsiens à l'heure de la Légion et de ses cérémonies patriotiques toujours émouvantes. Sa vie quotidienne était rythmée par les sonneries de clairon des trois casernes Viénot, Prudon et Yusuf installées en plein centre, du lever des couleurs le matin, à l'extinction des feux le soir.
Il avait à peine 18 ans quand mon père s’engagea dans l’armée quelques mois après l’armistice de 1918. Affecté d’abord à Toulouse dans un régiment d’infanterie où il fit ses classes, il se retrouvera plus tard à Versailles au 503ème régiment de chars de combat. Promu sous-lieutenant, il demandera à servir au 2ème groupe d’aviation d’Afrique. Il intégrera l’armée de l’Air en 1934, l’année de sa création.
Alors qu’il avait été affecté en juin 1940 à l’Etat-Major de l’Air au Maroc, le général François d’Astier de la Vigerie, commandant les forces aériennes du Maroc, prévenu de l’arrivée à Casablanca du « Massilia », paquebot dans lequel avaient embraqués à Bordeaux un certain nombre de parlementaires, chargea mon père de recevoir au port de Casablanca Pierre Mendès France qui se trouvait à bord. Ce dernier avait profité de ce transport inattendu non pas comme député, mais comme lieutenant de réserve de l’armée de l’Air pour rejoindre son unité, l’école des observateurs de l’Air qui s’était repliée au Maroc. C’est ainsi que mon père se lia d’amitié avec l’ancien Sous-secrétaire d’Etat au Trésor. Lorsque parut l’instruction ministérielle de libérer les officiers de réserve, il lui transmit l’information et lui proposa de le domicilier chez nous à Rabat, pour lui éviter de retourner à Paris, son lieu d’appel sous les drapeaux où il aurait été arrêté. Il accepta d’autant plus cette offre qu’elle lui aurait permis de rejoindre le général de Gaulle à Londres, via Tanger et Gibraltar. Mais il ne put mettre à exécution ce projet. Il fut, en effet, arrêté par les autorités françaises au Maroc, incarcéré dans une prison militaire à Casablanca, transféré à Clermont-Ferrand où il fut jugé et condamné à six ans de prison.
Quant à mon père, il fut accusé de complicité de trahison et d’évasion pour « avoir favorisé la fuite d’un déserteur et traître ». Il fut retenu dans les locaux de la police française jusqu’au moment où ses amis de « La Fraternité du Maghreb », le premier mouvement de résistance au Maréchal Pétain en Afrique du Nord, l’en sortirent.
« C’est grâce au capitaine Bensadoun et à ceux qui travaillaient avec lui, que mon évasion fut préparée et réalisée en quelques jours. C’est à lui que je considère d’avoir pu échapper à la police de Vichy. J’ajoute qu’après mon arrivée en Angleterre je fus condamné à mort par contumace par le Tribunal militaire de Meknès (Maroc) ». L’auteur de ces lignes était Gilbert Mantout, ce lieutenant de l’armée de l’Air que l’on voit derrière le général de Gaulle sur toutes les photographies ou les vidéos, lors de ses déplacements en Angleterre ou en France, notamment lorsque le 26 août 1944 il descendit les Champs-Elysées précédé des chars de la 2ème DB.
Issu d’une famille juive originaire d’Alger, jeune lieutenant de réserve , Gilbert Mantout avait regagné, grâce au réseau auquel appartenait mon père, les forces aériennes de la France libre en 1942. A Londres comme en France le général de Gaulle l’avait pris avec lui pour être son officier d’ordonnance . Avocat à la cour d’Appel de Paris, il fut nommé à la Libération « Chef de l’organe de recherches des criminels de guerre ».
Dès son renvoi de l’armée, mon père avait été effectivement contacté par le « groupe des officiers gaullistes Air-Maroc ». Durant deux ans, ce groupe fera passer en Angleterre de nombreux pilotes et mécaniciens avion. A partir du mois de mai 1941, mon père intègrera les « Résistants unis des groupements indépendants républicains » pour préparer le débarquement des troupes alliées sur les côtes algéro-marocaines, en liaison avec le « Réseau Oran Républicain » et celui de « Karsenty-Médioni », réunis dans une sorte d’organisation L’Union africaine et la Raison réunies, dont 80% des membres étaient des Français israélites, en liaison avec La Fraternité du Maghreb à Rabat, dont plusieurs membres faisaient partie de la communauté juive originaire d’Algérie.
Le 8 novembre 1942
Représentant en Afrique du Nord les mouvements de résistance, tous devaient au jour J, participer activement à la réussite du plan mis au point pour soutenir les forces anglo-américaines, aussi bien à l’intérieur des terres que dans les villes: à Oran, à Sidi Ferruch, à Aïn Taya près d’Alger, et, au Maroc, à Port-Lyautey (Kénitra), à Fedala (El Jadida) près de Casablanca et, plus au sud à Safi.
Au Maroc, ce 8 novembre 1942, tous ceux qui, parmi la population principalement des quartiers juifs, souhaitaient en finir avec le régime de Vichy étaient descendus dans les rues ou étaient montés sur les terrasses de leur immeuble pour mieux voir arriver les libérateurs, un drapeau tricolore d’une main et une bouteille de champagne de l’autre. Les Vichystes, les fidèles du maréchal Pétain apeurés, restaient cloîtrés chez eux, se montraient timidement sur leur balcon ou étaient descendus dans la rue avec un fusil de chasse prêt à tirer sur les...avions alliés. Certains portaient un brassard estampillé des trois lettres S.O.L. (Service d’Ordre Légionnaire) de la milice collaborationniste intégrée dans la Légion française des combattants - ces demi-soldes de la défaite. Ils ne le gardèrent pas longtemps. En effet, les éléments de la résistance qui avaient préparé le débarquement, se mettaient en place aux points stratégiques dès les premières heures de la matinée. A 75%, ils étaient juifs. C’est ainsi que mon père avait rejoint son poste à Fedala, une ville balnéaire près de Casablanca dès le 6 novembre.
Cependant, en Algérie tout ne se passa pas comme prévu. Lors des premières attaques alliées, le jeune Jean Dreyfus avait investi la grande Poste d’Alger avec son groupe. Alors qu’il venait de s’entendre avec le chef d’une petite troupe de soldats français qui devait l’assiéger, il fut tué d’une balle dans le dos par le sous-officier avec lequel il venait de parlementer. Comme le rapporte la journaliste Renée Pierre-Gosset, son assassin, l’adjudant Constant, sera décoré de la Croix de guerre “pour ce bel exploit.”
A Oran, la situation se durcit au détriment des Américains. Trahis par la faute tactique d’un officier supérieur de l’armée française, ils devront en effet subir la canonnade des batteries côtières et les attaques des troupes au sol, sans que leurs alliés de l’intérieur puissent intervenir ou apporter leur soutien. Ils viendront à bout des derniers îlots de combattants militaires et civils dans un temps un peu plus long.
Réintégré dans l’armée de l’Air en octobre 1943 sur ordre du général de Gaulle avec le grade de capitaine, d’abord au Maroc, puis à la Libération au ministère de l’Air à Paris, mon père fut envoyé en Algérie dès 1955, à la base aérienne d’Oran-La Sénia. Oran était une ville dans laquelle il avait de très nombreux amis. Le jour de Kippour ou lors des fêtes de Pessah (la Pâque juive). il ne manquait jamais de se rendre dans la grande synagogue, vêtu de son uniforme blanc d’officier supérieur de l’armée de l’Air. Tous se voulaient être son ami ou un proche parent ! Tous tenaient à l’embrasser ou à l’assurer de son affection. A tous il se montrait chaleureux, amical et fraternel. Il symbolisait en quelque sorte l’honneur retrouvé de tous ces fidèles qui, déchus de la nationalité française sous le régime de Pétain, avaient été outragés, humiliés et bafoués. Le sentiment d’orgueil de ceux qui se pressaient autour de sa personne lui semblait parfaitement justifié dans la mesure où seul parmi la foule d’anonymes, quelles que fussent leurs qualités, leurs mérites ou leur condition sociale, il représentait ostensiblement cette France laïque et républicaine à laquelle tous les membres de cette communauté oranaise qu’il connaissait bien, avaient adhéré spontanément, de père en fils, sans aucune réserve.
Enfin, après avoir été en poste à la base aérienne OTAN de Saint-Dizier, en Haute Marne, mon père terminera sa carrière militaire avec le grade de Colonel, à la base aérienne de Caen-Carpiquet, dans le Calvados, qu’il commandera en second de 1959 à 1962. Il prendra sa retraite en janvier 1963 à Caen où il sera élu Vice-Président de la Communauté juive de Caen.
Pendant son mandat, il prendra l’initiative de construire à Caen une synagogue qui sera inaugurée en mai 1966. Il décèdera le 20 octobbre 1968 à la Grande Synagogue de la Victoire à Paris, alors que Délégué de la Communauté de Caen, il défendait les Offciants venant du Maroc qui n’avaient pas encore de statut social puisque, en effet, ils n’avaient pas le diplôme exigé par le rabbinat.
Il était Officier de la Légion d’Honneur, titulaire de la Médaille de la Résistance et de la Valeur Militaire, Officier dans l’Ordre des Palmes académiques, Médaille d’Or d’Education Physique et de nombreuses autres décorations françaises et étrangères.

Addendum de l'auteur :

A vrai dire, quand les Anglo-américains ont débarqué en A.F.N j'habitais à Rabat avec mes parents et venais d'entrer au Lycée, en classe de 6ème. Mon père, qui avait été renvoyé de l'armée, après avoir été déchu de la nationalité française, a été d'une discrétion absolue en ce qui concerne ses activités dans la résistance.

Ce n'est que bien plus tard que j'ai fait le lien avec le débarquement quand il nous a fait part d'un déplacement qu'il devait faire à Casablanca (en réalité c'était à Fédala) 48 heures avant l'arrivée des Alliés. Mon père était un homme très discret, au point que peu de personnes, hors la communauté d'Oran et d'Oranie, connaissent son passé.

J'en ai parlé dans un livre que j'ai publié en 2003, qui est souvent cité dans des thèses présentées à la Sorbonne, mais j'en parle beaucoup plus dans celui à paraître, intitulé "Nul n'entre ici s'il n'est totalement Juif..." si toutefois l'éditeur consent à garder ce titre.

 

 

Commentaires 

 

1. gozlan lucien Jeu 01 Nov 2012
Merci a vous, monsieur Roger BENSADOUN pour ce temoignage exceptionnel sur le parcours de votre pere, resistant contre l administration petainiste, ayant le statut d indigene, et pourtant combien amoureux de la patrie Ffrancaise si chere a des centaines de milliers de juifs d AFN.
L Hommage que nous voulons rendre a tous ces resitants dans l Operation TORCH, nous apaise et nous honnore egalement.

 

Témoignage de Léon Bel Un regard d’enfant sur Torch

Par Léon BEL Texte à paraitre en Décembre 2012 dans

 http://www.livresdeguerre.net/forum/sujet.php?sujet=1524

 

Ces lignes ne sont que l’expression du regard d’un enfant sur les événements de novembre 42, sans préjudice de considérations politiques, et de souvenirs que j’ai pu préciser grâce aux témoignages de proches et d’amis au fil de 70 années.

Les prémices

Ces 8 mois de guerre, de septembre 39 à juin 40 , avaient été suivis , avec inquiétude , par la population , où chaque famille comptait un ou plusieurs de ses membres sous les drapeaux , et l’on doit dire que l’annonce de l’armistice , et surtout l ‘arrêt des combats , fut accueilli avec soulagement , d’autant que la France avait maintenant à sa tête une figure historique , unanimement respectée : le Maréchal Pétain

La vie reprenait son cours, et j’ai le souvenir d’un été 40, radieux et de vacances mémorables, en famille, au bord d’une petite plage (Douaouda) de ce magnifique littoral algérois

En octobre "j’intègre" la communale en CP, et la propagande de Vichy commence à se faire lancinante : salut au drapeau, portraits du maréchal omniprésents, retransmissions de discours et matraquage des slogans de la Révolution nationale

Je dois avouer et, rétrospectivement, à ma grande honte, que cette propagande avait fait de moi un ardent admirateur du Maréchal et que pour prix de la plus belle lettre à icelui, lettre naïve et d’une rare flagornerie, je recevais de notre ‘’ grand père ‘’, une lettre de remerciements et un magnifique album à colorier, à sa gloire bien sûr ! (Photo)

L’atmosphère générale était à l’unisson, elle n’avait jamais été aussi patriote que dans ces moments, avec défilés militaires aux accents martiaux de la Marche Lorraine et de Sambre et Meuse !

Le régime de Vichy avait trouvé en Algérie un terrain favorable et une grande majorité de la population européenne était ardemment pétainiste , la Légion Française des Combattants ,y recrutait avec succès , et ses membres étaient fiers d’arborer leur insigne ( dite la sépia ou le fer à repasser ), ( photo ) quant à la population musulmane, que Vichy s’efforçait de flatter ,si elle était quelque peu travaillée par un courant nationaliste , elle restait dans l’ensemble passive et attentiste pendant toute cette période.

Dés la fin des hostilités l’Algérie était devenue une terre d’accueil pour des refugiés, majoritairement du nord de la France et d’Alsace Lorraine et une base de repli pour les militaires, surtout du Levant, après mai 41

Dans la vie courante, on commençait à sentir les effets des restrictions dans tous les domaines, les denrées de première nécessité commençaient à être rationnées, mais le marché parallèle, les productions locales l’ingéniosité et la débrouillardise aidant, on ne mourrait pas de faim.

Somme toute, et si l’on peut faire une comparaison, jusqu’en novembre 42, la vie et la situation en Algérie était à peu prés celle de la zone libre, en France ……avec la proximité des Allemands, en moins !

Sur le plan personnel, dés octobre 40, avec l’abolition du décret Crémieux notre communauté, déchue de la nationalité française, avait été rejetée dans un indigénat de 2è zone et les mesures antisémites de tout ordre ne faisaient qu’attiser notre crainte du lendemain

En décembre 41, votre serviteur et ses jeunes coreligionnaires se voyaient exclus de l’école primaire, par la grâce de Weygand, pétainiste à tout crin, et au delà même des mesures de Vichy

Au fil des mois, la situation devenait plus critique pour tous les supposés adversaires du régime de Vichy, étrangers antifascistes , communistes , franc maçons , sympathisants de l’ancien Front Populaire, et bien sur les juifs Dans la communauté de nombreuses rumeurs faisaient état d’une de regroupement dans camps de concentration du sud algérien

Fait révélé plus tard , le gouverneur Chatel , vraisemblablement sur ordre de Vichy , avait passé commande, en septembre 42 , ( aux Etablissements Altairac ) de milliers de brassards estampillés Juif , ils ne serviront, heureusement, pas, le débarquement allié était proche.

Le 8 novembre 1942 à Blida

La veille au soir, un samedi, mon père de retour de chez un ami, avec qui il écoutait, comme presque tous les jours, la BBC, confiait à ma mère sa perplexité à l’écoute d’un message personnel, plusieurs fois répété :  "Allo, Robert, Franklin arrive".

Le dimanche, dés 7 heures du matin, des bruits de combats aériens réveillent la ville et, une de nos voisine, pétainiste notoire, interpelle ma mère "Pourvu que ce soit les Allemands".

Dans la journée, mon père va aux nouvelles, avant de nous transporter chez des amis, à la campagne, ( ces amis, fervents chrétiens et non moins fervents pétainistes, nous assurerons, tout au long de cette période de leur soutien). Entretemps, les S.O.L du coin s'en prennent aux juifs qu'ils rencontrent et s'évertuent à ameuter les arabes, peine perdue, les arabes ne broncheront pas et diront, par la voix du notable Bencherchalli, à leur chef : "le sale boulot , chargez vous en , nous sommes en dehors de tout ça !"

Débarqués à une trentaine de kms, à Castiglione, des éléments de la 11è brigade d’infanterie britannique, se rendront maitres, dans la matinée, de l’importante base aérienne de Blida Joinville

Monsabert, commandant d'armes à Blida, importante ville de garnison fut un des rares officiers de l'armée d’Afrique à prendre part au complot, (Un tract circulera dans la journée à Blida, que mon père conservera longtemps :" Le General de Monsabert nous a odieusement trompé, Tous contre les agresseurs, aux ordres du Maréchal ")

Il avait essayé, en vain, de convaincre le colonel Montrelay, qui le menacera de mort de le rallier. , ce même Montrelay avait fait décoller 7 appareils pour s'opposer à l'aviation anglaise (en fait un groupe de chasse néo zélandais) ils seront tous abattus

Vers 18 h les anglais ont la situation en main, leur commandant a menacé le maire, Ricci, qui faisait mine avec ses adjoints de résister: " Nous seulement, un avion et trois tanks et vous, fini "

En fin de soirée, la ville pouvait s’endormir tranquille

Le 9 novembre, Anglais et américains, superbement équipés, défilaient triomphalement, le long du Boulevard des Orangers

Aperçu de la situation politique de novembre 42 à juin 43

Si l’opération Torch fut un succès à Alger , centre décisionnel militaire , ce fut grâce à l’action d’un groupe de jeunes résistants , juif aux ¾ , le groupe Aboulker , qui après avoir neutralisé les principaux chefs militaires et civils , tiendront la ville jusqu’a l’arrivée des Alliés , ceux ci contraindront Juin et Darlan à signer un cessez le feu général …………qui mettra 3 jours à être appliqué à Oran et au Maroc , théâtres d’affrontements sanglants , du fait d’un prétendu manqué de communication , mais surtout de l’échec des résistants locaux qui avaient commis l’imprudence de se confier et de vouloir rallier des chefs militaires qui , avec le concours de l’ armée d’ Afrique , fervents pétainistes , s’opposeront avec hargne et vigueur aux allies

Vaincus et toute honte bue, ils retourneront leur veste et rejoindront le camp des vainqueurs

Le cessez le feu signé , les Alliés , pragmatiques , avaient jugé opportun de s’entendre avec Darlan , seul détenteur de l’autorité , qui avait le pouvoir de se faire obéir de ses subordonnés , de rallier l’armée d’ Afrique et d’assurer la sécurité des troupes débarquées

Giraud, pressenti au départ, sera vite évincé, ne conservera qu’un rôle purement militaire

Darlan , qui déclarait agir ‘’au nom du maréchal empêché “ , perpétuera le régime vichyste , en conservant le même personnel et les mêmes mesures d’exception et de discrimination de Vichy , il rejetait , comme Juin , quand il ne les pourchassait pas , tous ceux qui avaient assuré le succès de Torch , résistants et militaires

Quant à Juin , commandant, qui avait, lui aussi opportunément rejoint le camp allié, il rappellera à ses subordonnés le devoir d’obéissance au maréchal il ira jusqu’ a mettre à l’écart et à fustiger les officiers qui avaient assure le succès de l’opération , Mast , Monsabert , Jousse , Barril.

Darlan, abattu le 24 décembre, Giraud lui succédera en pratiquant la même politique d’exclusion et de fidélité aux idéaux de Vichy, il restera au pouvoir durant 5 mois, et sera évincé, au profit de De Gaulle par tous les éléments qui souhaitaient le retour à la légalité républicaine

La croix de Lorraine avait définitivement rejeté la francisque et les portraits du maréchal, les bureaux de propagande allies diffusaient la bonne parole tous les exclus de Vichy pouvaient maintenant s’exprimer, nous faisions partie de la “ France Combattante “

La suite des événements.

Les Anglos américains, de toutes armes avaient établi leurs quartiers dans ma bonne ville, assez confortablement et sans problème , réquisitionnant des bâtiments officiels , sans pour cela empiéter sur la propriété privée ni imposer aux civils les restrictions habituelles d’une armée d’occupation.

Nous découvrions des gaillards aux uniformes seyants qui circulaient dans des véhicules qui faisaient notre étonnement, Dodge, Jeep, Gmc, surtout quand ils nous prenaient à bord, nous les gamins, et qu’ils nous gratifiaient de friandises diverses dont ils avaient les poches remplies –fait insolite pour des militaires – friandises dont je garde encore le souvenir sinon la saveur : chewing gum Wrigley à tous les parfums, bonbons Life Savers et Neco, chocolat Hearshey et j’en oublie !

L’Algérie, base arrière et éloignée des théâtres d’opérations, s’installait dans une occupation débonnaire et bon enfant, où tout le monde (ou presque) trouvait son compte :

Pour la population, une atmosphère libérée du carcan vichyste, mieux pourvue, et l ‘espoir, au fil des événements de la victoire finale

Pour les allies , américains , britanniques et du Commonwealth , ils en profitaient pour découvrir , avant l’épreuve des combats ultérieurs , un pays de cocagne , au climat agréable aux jolies filles et au vin généreux ,et , souvent , leur comportement , plutôt celui de permissionnaires en goguette que de militaires astreints à une discipline stricte, discipline que s’efforçait de maintenir des MP baraqués qui usaient, sans ménagement, de leurs longues matraques, pour ramener à la raison des GI’s, plus qu’éméchés ou qui trainaient braillards et bagarreurs, dans les cafés ou aux abords des quartiers chauds.

(Tous les lieux, dits de plaisir, étaient interdits à la troupe, et marqués du signe X et décrétés “Off Limits “ )

Les troupes alliés, en plus des américains et des anglais, étaient renforcées par les autres représentants du Commonwealth et de contingents étrangers (ceux de nations occupées, réfugiés en Angleterre) tous sous uniforme britannique, avec l’indication de leur nationalité cousue sur la manche gauche

Dans cet éventail de nationalités , l’élément américain était prédominant , en majorité des conscrits , issus de tous les milieux et de toutes les classes sociales , avec les inévitables inconvénients de cette mixité dans leur comportement , le diplômé d’université y côtoyait l’ouvrier du Bronx ou le bucheron de l’Arkansas , bref une majorité de braves garçons et une petite minorité d’authentiques voyous !

La fraternisation allait bon train : nombre de familles accueillaient ces militaires pourvoyeurs en biens de toute sorte ( ceci expliquant cela ) , toutes denrées issus de leur PX , cigarettes , savon , dentifrice nescafé , sucre , beurre salé , conserves diverses , pain de mie , bref , produits dont nous étions sevrés depuis longtemps , et qui alimentaient, pour certains, un fructueux marché noir !

L’Algérie découvrait les rythmes de cette musique nouvelle, d’outre atlantique, dans les concerts qu’offraient les orchestras militaires, sur la place publique, et la jeunesse s’initiait au swing et au boogie woogie grâce aux disques qu’apportaient les Gi’s dans les surprises parties où ils étaient conviés

Comme tous les troufions de toutes les armées du monde, nos valeureux alliés, le rank and file, ne faisaient pas exception, par leur intérêt marqué pour les filles qu’ils poursuivaient, avec vulgarité pour certains, mais le plus souvent par des compliments appuyés et des invitations (et plus, si affinités !)

Nos jeunes filles, pour certaines, n’étaient pas insensibles aux charmes de ces garçons, de belle apparence, surtout s’ils étaient gradés. Cela les changeait de nos mornes grivetons de 39-40, à bandes molletières, capotes et calot à deux pointes !

Ces fréquentations se concluront , souvent , par de nombreux mariages , souvent source de désillusions , à l’arrivée aux USA , ainsi , une de mes cousines avait épousé un fringant officier de marine , qui se révélera n’être qu’ un modeste garde forestier dans un bled de l’ Oregon !

Pour encourager cette fraternisation , les autorités alliées avaient institué des bals hebdomadaires , dans leurs bases , ou n’étaient conviées que les filles du coin ( à l’exception des mâles autochtones ) , et qui pouvaient , sans préjudice de la suite , se rassasier dans les copieux buffets offerts par l’ US Army.

Cette fraternisation n’était pas vue d’un bon œil par les parents qui veillaient à la réputation et à la vertu de leurs filles, comme mon père

Qui interdisait formellement à ma sœur ainée, 16 ans et mignonne, toute convivialité ou discussion avec ces militaires, quelque allies qu’ils soient !

Quant à moi , je pouvais copiner allégrement , en quête de souvenirs, timbres, insignes, avec ces garçons, et même avec leurs homologues féminines, WACS ou WAAF, et ma bonne bouille m’avait fait adopter par un groupe de ces charmantes troupières que j’avais invitées chez moi , à la surprise amusée et intéressée de mon père et de ses amis , à me voir débarquer, à l’heure de l’apéro, avec sept de ces accortes jeunes femmes !

On en arrivait à oublier la guerre, pourtant bien présente, avec un afflux de militaires en partance, de recrutement de nouvelles classes et de blessés en provenance des champs de bataille de Tunisie et plus tard d’Italie, que l’ on installait dans des écoles transformées en casernes ou en hôpitaux

Au fil des mois, nos “occupants“ se faisaient moins nombreux, appelés ailleurs à un devoir moins pacifique

Après l’arrivée de De Gaulle, les victoires alliées en Europe : Italie, France, Belgique et l’assaut final sur l’Allemagne, nous faisaient entrevoir une fin prochaine des combats, le retour à une vie normale et des lendemains qui chanteraient, mais c’est une autre histoire !

J’ai voulu donner là, ma vision du 8 novembre 42 et de ses suites, sans bien sur entrer dans le détail des opérations militaires et ses conséquences politiques

Bibliographie

Mes ouvrages de référence sur la vie à Alger 1942-45 :

- L’Aventure algérienne de Lucien Adès, Belfond, 1979

- La vie politique à Alger1940-1944 d’Y.M Danan, LGDJ, 1963

- Expédients provisoires de Renée Pierre Gosset, Fasquelle, 1945

- Alger et ses complots de M. Aboulker, Documents, 1945

 

 


Commentaires 


1. gozlan lucien Dim 04 Nov 2012

Bravo et merci monsieur pour ce brillant temoignage. Comme il est bon de lire des souvenirs authentiques. Oui, comme vous l ecrivez, la plus grande majorite des europeens en Algerie, etaient pour l adminisration petainiste et quel soulagement pour nos parents que ce ne soit pas les allemends qui aient debarque ce fameux 8 novembre 1942 en Algerie. Comme vous l ecrivez, oui tout etait pres pour les brassards que chaque juif allait devoir porter a seulement quelques jours de ce fameux jour "J".
Je suis de l 'nnee 1942, mais j ai beaucoup de souvenirs sur les echos que ma mere me faisait de cette periode difficile. C est bien dommage qu apres tant d annees personne ne se soit interesse a cet evenement cache par la veritable histoire de cette resistance glorieuse de si peu de personnes, dont les 3/4 etaient de jeunes juifs seulement ages d une vingtaine d annees.
J espere beaucoup de tous ces enfants en ligne directe qu ils se manifestent sur ce sujet afin que l on puisse honnorer tous ces OUBLIES du 8 novembre 1942. 

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Témoignage d’André ASSUS (médecin) établi sur la base d’une conférence : "Le 8 novembre 1942 à Alger"
Les prémices de l’insurrection
J’ai pris part à un acte essentiel de la "Résistance", le 8 novembre 1942 à Alger, et je voudrais rapporter la façon dont je l’ai vécue et ressentie.
Bien étrange époque que nous avons dû vivre durant cette Seconde Guerre mondiale… Nous nous en sommes sortis indemnes, perspective qu’aucun d’entre nous n’envisageait.

Nous étions entrés clandestinement dès que ce fut possible dans ce qu’on appela par la suite "la Résistance".

En janvier 1941, 21 mois plus tard nous participions à l’action qui permit le débarquement américain en Afrique du Nord.
Le "putsch" des résistants français, puisque c’est ainsi qu’on appela ce coup d’état que nous avons exécuté le 8 novembre 1942 à Alger, fut le facteur décisif du succès du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord.
Il fut nommé par les français "Opération Torch" : ce fut le tournant de la guerre contre l’Allemagne, et même le tournant de la seconde guerre mondiale.
La communauté française d’Algérie faisait preuve d’une adhésion totale à la collaboration avec l’Allemagne. L’Algérie baignait toute entière dans le marais de cette collaboration. Le maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy ne trouvèrent nulle part ailleurs qu’en Algérie une adhésion aussi totale à leurs options.
Au printemps 1942, Pierre LAVAL prononça à la radio une phrase nette et sans équivoque : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne »… La « résistance » algéroise dont je faisais partie, et qui ne comprenait que de 350 à 400 résistants (377), fut l’actrice du 8 novembre 1942. Le secret et le silence étaient nos outils principaux.
La préparation du débarquement allié
La population civile de l’Algérie était composée, selon Michel Ansky, de 7 millions de musulmans, de 930 000 français et parmi eux de 130 000 français d’origine juive. À Alger même, la proportion des différentes composantes était sensiblement identique.

La résistance algéroise s’était constituée dès 1940-1941.

Elle comprenait plusieurs éléments, essentiellement des sujets français, surtout d’origine juive, mais également, surtout dans l’armée, des sujets d’opinion royaliste, anti-collaborationniste comme l’abbé Cordier. Quelques musulmans étaient également avec nous. Les musulmans à cette époque refusèrent toute activité antisémite malgré l’invitation des autorités vichystes. À cette époque…
Notre mission était de constituer à Alger même, un groupement de combattants ayant pour mission la neutralisation ou la destruction des commissions d’armistice allemande et italienne.
La collaboration avec l’Allemagne hitlérienne était étroite. C’est l’Amiral DARLAN qui donna à la flotte de Toulon, depuis Alger, l’ordre de se saborder, alors qu’il aurait fallu lui donner l’ordre de relier les forces anglo-américaines. Nous avons travaillé à la création, à l’université d’Alger, d’un groupe d’étudiants résistants, surveillé et protégé par André ACHIARY, le chef de la sécurité.
Avec José ABOULKER, âgé de 22 ans, nous créâmes à l’Université des groupes d’étudiants résistants dont le but n’était pas politique. Il s’agissait uniquement de lancer une insurrection destinée à aider un débarquement américain. Ces groupes comprenaient des jeunes, surtout d’origine juive et également des royalistes. C’est grâce à André ACHIARY, qui était à Alger le chef de la sécurité policière, ainsi que du mouvement du refus de la défaite qu’ils ont pu se constituer.
Il a réussi le recrutement et la composition des groupes, un rôle bien défini et absolument secret étant dévolu à chacun d’entre eux. Les résistants devaient s’exercer à des activités physiques pour s’initier et s’entraîner à la lutte possible contre les collaborateurs. Aussi, durant plusieurs mois nous fîmes de la culture physique et nous apprîmes à nous battre.

Nous utilisions pour cela une salle de gymnastique de la Place du gouvernement d’Alger, la salle "Géo Gras", créée par André TEMINE et par précaution, dirigée par un non-Juif.
Parmi les chefs résistants il faudrait citer bien des personnes. Je n’en citerai que quelques unes. Tout d’abord André ACHIARY, décédé en Espagne il y a quelques années, qui fut indiscutablement l’un des plus importants. Il avait 33 ans en 1942.Il était entré dans la police en 1934, puis avait été nommé comme commissaire de police principal en Algérie en 1938 ; il entra dans la résistance en 1941 sous l’impulsion de René CAPITANT, jeune professeur de Droit et fondateur du mouvement « COMBAT » en France métropolitaine. ACHIARY forma avec CAPITANT une ramification du groupe, auquel j’appartins dès le début. Ce groupe « COMBAT » comprenait le colonel TUBERT de la gendarmerie, révoqué de ses fonctions par Vichy pour son appartenance à la franc-maçonnerie… Le colonel TUBERT était en rapport avec les services de renseignement alliés et avec un membre du 2e Bureau, ami d’ACHIARY. Je pourrais aussi vous citer les frères CALVET qui tenaient un magasin de couture, rue d’Isly appelé "Élysée-Couture" où, discrètement, nous pouvions cueillir des renseignements et surtout prendre des ordres.

Le soir du 8 novembre, les frères CALVET vinrent au Commissariat Central d’Alger avec nous, où ils prirent en main toutes les communications téléphoniques.
L’opération Torch.
Quelle fut alors exactement notre Action dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942 ? Cette action avait été parfaitement organisée par nous tous, et surtout par nos chefs. Son but : empêcher la garnison militaire vichyste de se mobiliser contre les Américains et contre nous. Les objectifs avaient été parfaitement définis par nos supérieurs et nous mêmes. Il fallait réaliser :
1 – la rupture des communications entre Alger et la métropole ;
2 – l’occupation de tous les points stratégiques de la ville d’Alger ;
3 – l’arrestation des chefs susceptibles d’organiser une résistance au débarquement des troupes 
alliées, comme le souhaitait Pétain ;
4 – l’occupation des états-majors et de presque tous les commissariats de police d’Alger.
Le Commissariat Central de la ville d’Alger, situé boulevard Baudin, fut choisi comme quartier général de l’insurrection ; c’est à cet endroit que je me rendais. Aux cotés de José ABOULKER, fils du frère Henry ABOULKER, se trouvaient les frères COHEN ditsCALVET, cités plus haut, Bernard KARSENTY, l’abbé CORDIER, Pierre BARRUCAND, ainsi que Jean ATHIAS et moi-même.
Revenons en arrière, et rappelons que faute d’en avoir reçu l’ordre, il nous était interdit tout recrutement. Le silence, et surtout, le secret étaient nos outils et nos armes principales. C’est ce qui nous permit de vaincre les vichystes. Car la règle inflexible était d’ignorer les autres pour être incapable de les dénoncer et être à l’abri d’une dénonciation éventuelle, toujours possible ! Nous portions chacun un brassard marqué "V.P." qui signifiait "volontaire de la place" mais on faisait croire aux vichystes, rencontrés par mégarde, que cela voulait dire "Vive PETAIN". Ces brassards permettaient surtout de se déplacer dans la ville malgré le "couvre-feu" instauré durant la guerre, et qui interdisait toute circulation. Je portais cet insigne car je devais me déplacer d’une section à l’autre pour rencontrer nos partisans civils et surtout militaires et les informer.
Avec ma future épouse Marguerite, le 7 novembre nous allâmes, entre autres missions, voir des chefs militaires français dans la banlieue d’Alger. On leur annonçait que le débarquement devait avoir lieu le 8, le 9 ou le 10 novembre, l’un de ces trois jours. En fait nous savions qu’il devait avoir lieu le 8.

Tous ces chefs militaires, qui étaient d’accord avec nous, étaient perplexes pour une raison tout à fait compréhensible : la pauvreté des moyens de guerre mis à leur disposition pour le combat par les anglo-américains. Malgré les promesses de ces derniers, il n’y avait que quelques rares vieux fusils, à peine quelques chars d’assaut, quelques canons anciens ; aussi, malgré leur désir de participer à l’action, cela les rendait hésitants.
La ville fut divisée en 3 puis en 5 secteurs à la tête desquels furent nommés des responsables.
Chaque secteur comprenait plusieurs groupes. Le 5e secteur était lui-même divisé, en trois sections dirigées par Jean ATHIAS, Pierre CARDONA, moi-même, et un groupe de jeunes gens. C’étaient des adolescents, des étudiants pour la plupart, dont certains avaient été exclus de la faculté par les lois antisémites. La réunion des chefs eut lieu à 18 heures, à Alger, 26 rue Michelet, chez José ABOULKER, fils du Frère Henry ABOULKER dans la zone du secteur où j’étais affecté. J’y ai donc participé.
La résistance comptait moins de 600 hommes au lieu des 800 prévus initialement, mais plus tard le chiffre exact, précisément calculé, fut encore réduit à 377. Pourquoi ce nombre réduit ? Parce que nous n’avions pas les armes automatiques prévues qui avaient été promises par les anglo-américains. Nous disposions d’à peine quelques vieux fusils Lebel, pas de mitraillettes, 8 chars d’assaut seulement au lieu des 70 annoncés. C’est JOUSSE qui décida du mot de passe qu’il nous transmit lui même : ce fut « Whisky Soda ». Le soir précédant le 8 novembre, emportant quelques armes de fortune dont je savais à peine me servir, je me rendis au Commissariat Central avec mon groupe commandé par JOSE : c’est de là que nous dirigeâmes l’action.

Notre action était essentielle. Elle consista principalement à la neutralisation du dispositif militaire et civil en place. Il était destiné par PETAIN à empêcher le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. Il était composé aussi bien d’éléments appartenant à l’armée, au nombre de 11 000, que d’hommes plus ou moins collaborateurs de Vichy et des puissances de l’Axe, au nombre de 20 000.
Pour parvenir à cette neutralisation, les différents groupes agirent simultanément dans les différents points de la ville. L’amirauté d’Alger fut également occupée. L’un de mes cousins par exemple, Edmond ALBOU, faisait partie du groupe A2. Son action consista à prendre successivement avec quelques armes, d’abord la grande caserne PELISSIER, laissant sur place un détachement de résistants, puis le commissariat de police du 1er arrondissement dans la basse casbah, laissant sur place un second détachement, enfin le QG du général JUIN au Palais d’hiver avec le reste de la troupe. Le général JUIN, qui avait 54 ans, avait été nommé par Vichy comme successeur de WEYGAND à la tête des forces armées d’Afrique du Nord en 1941 pour aider l’armée de ROMMEL et la ravitailler en blé, en essence, et en matériels automobile.
Les résistants firent ensuite prisonniers les colonels, les généraux et les hauts fonctionnaires du Gouvernement Général qui, sur convocation, entraient au Commissariat Central pour recevoir des informations, sans pouvoir en ressortir : ils étaient nos captifs. Très vite, le sous-sol du commissariat central regorgea de prisonniers civils et militaires ; nous attendions le débarquement des troupes américaines qui malheureusement arrivèrent avec beaucoup de retard, l’après-midi du 8 novembre.

C’est ainsi que furent emprisonnés à Alger les chefs militaires soutenant l’armée de Vichy et le camp de l’Axe. Parmi eux l’amiral DARLAN et même le général JUIN qui était sur ces positions à l’époque, même s’il devait changer de camp ultérieurement. Rappelons que le général JUIN et le général De GAULLE se connaissaient : ils appartenaient à la même promotion de l’école militaire de Saint-Cyr.
TEMPLE, le préfet d’Alger, ETTORI, le Secrétaire général qui remplaçait le gouverneur général CHATEL, furent tous convoqués et arrêtés.
L’Action des résistants, rapidement engagée se révéla efficace.
Les 377 résistants entrèrent en action. Les câbles téléphoniques entre Alger et Vichy furent d’abord sciés et mis hors d’usage par l’un d’entre nous, tout en respectant les lignes affectées aux communications locales. Le central téléphonique d’Alger fut aussi occupé sans faire couler de sang, ce qui permit l’action des résistants. Le lieu où j’étais regorgea très vite de prisonniers civils et militaires.
Nous nous emparâmes également de tous les points stratégiques de la capitale. Alger était considérée alors comme la « citadelle de la collaboration ».
Cependant les civils et les militaires, y compris les officiers des troupes de choc, avaient pu être tenus dans l’ignorance totale des noms, des plans, et des buts de cette poignée d’hommes qui étaient à la tête de l’entreprise dirigée, nous l’avons dit par le colonel JOUSSE, André ACHIARY, le colonel TUBERT et l’américain Robert MURPHY. DARLAN, qui correspondait directement avec Vichy, avait déjà donné l’ordre à la flotte de Toulon de se saborder au lieu de rejoindre, comme elle l’aurait dû, l’Afrique du Nord. WZYGAND, un pète-sec comme on l’appelait, était également un collaborateur convaincu. Quand au général GIRAUD, qui n’arriva que plus tard, son but tenait en ces mots cités par G. ESQUER : « abattre les communistes, les Juifs et les franc-maçon ». Mais malgré ses engagements, Giraud n’arriva à Alger que lorsque tout fut fini. L’opération était entièrement terminée à 3 heures du matin.

Les Américains et les Anglais n’arrivèrent que vers 15 heures, mais l’opération était déjà parfaitement réussie. Rappelons un détail important : parmi les Américains qui débarquèrent, beaucoup, la plupart même, étaient en réalité des Anglais qui avaient revêtu des uniformes américains.
Les jours qui suivirent, la résistance d’Alger commença à se douter qu’elle avait fait l’objet d’un marché de dupes. Au lendemain de la guerre, en 1945, après la capitulation allemande, le C.N.R.(Conseil National de la Résistance) organisa une réunion de toutes les organisations de la Résistance pour aider à résoudre les problèmes gouvernementaux, sociaux et politiques de la France victorieuse et de ses colonies. Il réunit à Paris, ce que l’on appela d’abord les « États Généraux de la Résistance Française » puis que l’on nomma, sur les instances de De Gaulle, les « États Généraux de la Renaissance Française ».

Chaque groupe de résistants y envoya des délégués. Je fus nommé délégué de la Résistance d’Afrique du Nord. J’appartenais depuis janvier 1941 au groupement Libération Sud. Ces États généraux se déroulèrent à Paris, au palais de Chaillot, pendants 5 jours, du 10 au 14 juillet 1945, siégeant matin et soir. Toutes les régions de France métropolitaine et d’outremer étaient représentées. Les problèmes concernant les territoires d’Outre-mer, les protectorats et régions françaises d’Afrique du Nord, d’Amérique et d’Océanie, devaient être discutés et réglés lors de la dernière matinée du dernier jour, le 14 juillet. Mais ce jour là, les représentants d’Outre-mer et des colonies se trouvèrent presque seuls ; les représentants et délégués de la France métropolitaine, occupés par les problèmes de la métropole, étaient presque tous absents !
Le sort de la France hors métropole ne semblait pas les intéresser ou les concerner… Nous discutâmes donc entre nous, ce qui ne fit pas beaucoup avancer les choses.

Pour conclure, deux points importants doivent être signalés :
1) Le déroulement des événements à Alger même est à la base du retournement de la guerre et de la victoire finale.
2) Le curieux silence historique passé et présent sur ces événements. Ils ne sont pas mentionnés dans les livres d’histoire, les nôtres comme ceux de nos enfants. Il s’agit pourtant d’événements essentiels à la victoire sur l’ennemi nazi et vichyste.La plupart des auteurs des ouvrages historiques sont restés volontairement muets. Ils étaient peut-être dans l’ignorance des événements d’Alger. Lorsqu’on lit les livres d’histoire et que l’on songe aux livres qui nous ont été remis au moment où nous étions étudiants ou lycéens on peut se demander : ces récits, ces traités d’histoire ont-ils un rapport avec la réalité ? Car à Alger, ce sont de jeunes résistants, aidés par des personnalités comme ACHIARY, le chef de la police, le colonel Jousse, le colonel TUBERT, l’américain Robert MURPHY, qui ont été les vrais acteurs du retournement : même Giraud, qui devait débarquer à Alger comme prévu le 8 novembre vers minuit, n’arriva à Alger que quelques jours plus tard, une fois l’opération terminée. Ce n’est pas lui qui prit la parole le soir du 8 novembre, pour annoncer l’évènement mais Raphaël ABOULKER, fils du frère Henry ABOULKER, qui se fit passer pour GIRAUD à la radio.
Les Américains qui devaient débarquer à Alger vers minuit n’arrivèrent eux aussi que le lendemain, après que l’opération de neutralisation effectuée par les quelques 377 résistants a eu lieu. Les Américains débarquèrent en trois endroits de l’Afrique du Nord : au Maroc, à Oran et à Alger. Au Maroc et à Oran ils se heurtèrent à des éléments vichystes et à des membres de l’armée : cela entraîna des milliers de morts dans ces deux régions. Alors qu’à Alger même et dans la région algéroise, grâce à l’action des résistants et à la neutralisation des éléments civils et militaires, il n’y eut que deux morts, le lieutenant DREYFUS et le capitaine PILLAFORT et un blessé, Paul LEVI. De nombreux résistants furent également arrêtés, parmi eux mon cousin germain ; ils devaient être fusillés. Heureusement, comme nous avions déjà pris la ville, cette exécution n’eut pas lieu.

Ce qui ressort aussi, de cette époque, c’est la duplicité de trois hommes, DARLAN, GIRAUD et JUIN, qui ont collaboré avec Vichy, qui ont accepté ses lois et même participé à leur rédaction. Il nous fallait donc définir rapidement ce que devait être le but, le déroulement et le résultat de notre action, puis contourner ces trois personnages qui n’ont pas hésité à déporter certains d’entre nous après le débarquement. Sur les trois, l’un d’entre eux a été exécuté, un second écarté et le troisième pardonné en raison de son attitude ultérieure, lors de la campagne d’Italie et de la libération de la France. Mais cela suffit-il à l’exonérer ses trahisons antérieures ? N’oublions pas qu’il avait rendu visite à GOERING. Que se serait-il passé si notre action n’avait pas eu lieu, et si DARLAN n’avait pas été exécuté ? Comment le trio DARLAN, GIRAUD et JUIN se serait-il comporté ? Comment les Américains auraient-ils pu mobiliser les ressources de l’Empire en se réclamant du seul empêchement du Maréchal ?
En ce qui me concerne, j’ai vécu le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942, tournant de cette épouvantable seconde guerre mondiale, et j’ai participé à son succès. J’avais rencontré DE GAULLE en mai 1942. Nous avions évoqué le régime qui serait celui de la France après la victoire.

DE GAULLE pensait lui aussi, qu’il fallait rétablir la République pour unir à nouveau tous les citoyens français.

 

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Commentaires 

1. Georges CARDONA Ven 27 Déc 2013
Pierre Cardona était mon père; il avait 18 ans et demi au moment de sa participation comme chef de groupe à cette action de la nuit du 7 au 8 novembre 1942 à Alger. Je l'admirerai et serai toujours fier de lui pour avoir été l'un de ces quelques dizaines de milliers de français auxquels leur intelligence et leur attachement à la France démocratique et libre ainsi que leur dégoût de la politique collaborationniste en ont fait des hommes et des femmes d'honneur. La complaisance après coup des dirigeants américains envers Darlan et Giraud ont permis à ces derniers de reprendre la main et de pourchasser les jeunes résistants algérois et leurs chefs; mon père fut contraint de quitter l'Algérie et il rejoignit les services de la France Libre à Londres. Georges Cardona

 

2. Levy Georges (site web) Sam 01 Déc 2012
Merci pour cet intéressant article.
Je pense que le résistant "Edmond Albou", cité comme un de vos parents, doit être Roger (ou Marcel) Albou. Ma famille a bien connu les cousins Roger et sa soeur Nelly Albou. (Nelly travaillait à la célèbre librairie de l'Editeur Charlot, "Vraies Richesses", rue Charras à Alger). Je sais que Roger a participé au coup d'Alger. Il devait être très jeune alors. Je me souviens, mais personne ne le rappelle, que sur le coté droit de la Grande Poste, là où fut assassiné le Lieutenant Dreyfus, avait été apposée assez tardivement d'ailleurs, une plaque en sa mémoire par les "Compagnons du 8 Novembre". Cette plaque a été détruite bien avant 1962, par des extrémistes*, si non par le F.L.N qui effaçât consciencieusement avec leur haine particulière tout ce qui pouvait rappeler la France.

* Ainsi fut abattue la statue de "La France", du sculpteur Bourdelle, érigée face à la perspective du Jardin d'Essai, au Hamma, devant le Musée des Beaux-Arts..

 

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