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Par Albert Bensoussan

Il faudrait évoquer deux figures spirituelles de la communauté juive d'Oran, les frères Jean et Bernard Dahan, dont nous rappelle le souvenir Eliane Encaoua, leur légataire universelle, descendante directe du fameux Rab de Tlemcen, Ephraïm Enkaoua.

Celle-ci, enseignante originaire d'Oran, a bien connu ces deux frères :

- Jean (1926-1966) et
- Bernard (1931-1984)

Tous deux myopathes dès l'enfance, autodidactes, car éloignés du lycée par la maladie, mais formés tous deux à la philosophie et à l'esthétique.

Ils animaient un groupe de réflexion à Oran, puis, installés à Paris en 1962, ils avaient créé un cercle d'amis de toutes origines sociales et religieuses avec qui ils ont partagé leurs connaissances et leurs découvertes.

Parmi leurs amis, il faut citer les hautes figures d'Eliane Amado Lévy-Valensi et André Néher, tous deux phares de la pensée philosophie juive contemporaine, ainsi qu'Emile Sebban, leur ami fraternel, qui fut directeur de l'Ecole Normale Hébraïque à Casablanca.

Bernard Dahan s'est illustré dans la critique et l'esthétique de l'art pictural, en publiant une première étude sur le peintre Marc Chagall et en soutenant une thèse de doctorat d'Etat sur le peintre cubiste Jean Atlan, né à Constantine, qui fut l'un des meilleurs représentants de la peinture d'Algérie. Bernard Dahan, peintre lui-même, nous a laissé aussi un important ouvrage consacré à Victor Vasarely et à son "art moléculaire".

Quant à Jean Dahan, Eliane Amado Lévy-Valensi en a brossé un émouvant portrait dans son article nécrologique publié dans "Information juive" en avril 1966. Elle met en relief la profondeur de sa pensée philosophique, qui a brillé non seulement oralement, mais aussi à travers de nombreux textes philosophiques et d'exégèse biblique, et elle a cette phrase magnifique à son égard : "Voici que, comme le prophète que citait jadis André Néher, la branche fleurie devient signifiante et que la lumière et la transparence de ce printemps précoce évoquent la lumière et la transparence de cet homme que nous avons connu et aimé".

Albert Bensoussan