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Témoignage de Charles BUNAN

Oran, rue d’Austerlitz, photo © mahJAu préalable, on allait prendre les galettes chez GOURION, rue de la Révolution, une longue file d’attente, et chacun repartait avec de gros cartons, pour tenir, toute la fête.

La boulangerie GOURION était bien connue dans le quartier; un descendant de cette famille, Jean-Louis devint Jean-Baptiste et... évêque à Jérusalem ; il a beaucoup contribué au rapprochement Judéo-chrétien.

Pour le séder, selon l'origine des familles, la haggada, était émaillée de français, d'arabe et même d'espagnol chez mon grand-père (ZL).

Le dernier jour, on n’attendait pas le coucher du soleil, dès 16 h, on se rendait chez ZOUZOU, rue d'Austerlitz, pour ramener le fromage blanc et le petit lait (Iben).

On dressait la table ; au milieu étaient déposées deux coupes, une avec de la farine et des fèves vertes, l'autre avec un louis d'or dans une pâte, qui levait toute la nuit.

Sur le lustre, on disposait des épis de blé, fraîchement coupés. Suivait le traditionnel couscous au beurre.

Après le repas la soirée commençait ; on se rendait dans toutes les demeures du Boulevard Joffre et des environs. Les portes restaient ouvertes, pour recevoir, tous les visiteurs. On dégustait, les dattes et pruneaux fourrés aux amandes et aux noix ; les sfériettes (à base de poudre de galettes), et les fidjuelas (très fines enrobées de miel) avec des liqueurs, crème de banane. Cela durait toute la nuit.

Cette fête était vécu moins intensément dans le reste de l'Algérie, nous étions plus proche du rituel marocain. Pour la jeunesse juive d'Oran, c'était le rendez-vous communautaire le plus joyeux, le plus convivial

Jean-Baptiste Gourion

Né d'une famille juive le 24 octobre 1934 à Oran, il fait des études de sciences naturelles et de médecine en Algérie et à Paris.

Et c'est dans la nuit de Pâques 1958 qu'il est baptisé à l'abbaye bénédictine olivétaine du Bec-Hellouin (Normandie), où il fera sa profession de vie monastique en 1965 et sera ordonné prêtre en 1967.

En 1976, à la demande du consul général de France en Israël, sa communauté l'envoie à Abou Gosh (à une dizaine de kilomètres de Jérusalem), fondation religieuse en territoire français, proche du Kibboutz de Neve Ilan
Jean-Baptiste Gourion devient prieur, puis Père abbé, dans la terre même de ses ancêtres juifs. Abou Gosh, étape obligée de tous les pèlerins à Jérusalem, est "témoin et à l'écoute d'Israël".