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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Par Caroline Elisheva REBOUH
Lorsque nous étions enfants, nos camarades de classe non-juifs nous faisaient partager l’effervescence dans laquelle ils se trouvaient car, alors que chez nous, les garçons allaient à "l’Alliance" (ou Talmud Torah) chez les catholiques, ils allaient au catéchisme pour se préparer en vue de leur communion solennelle.

Au mois de mai, les communiantes vêtues de jolies robes en organdi blanc, telles de petites mariées, venaient se faire admirer des camarades de classe.

 Je me souviens que je demandais à mes parents pourquoi chez nous, les Juifs, il n’y avait pas de cérémonie pour les filles qui entreraient dans une période intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte tout comme on le faisait pour les garçons avec la Bar Mitsva.

On m’avait répondu que cela ne se faisait pas et je ne comprenais pas pourquoi on nous privait de porter une si jolie robe et d’une fête, à célébrer entre copines, d’autant plus que, déjà, avant Pessah, les grandes confiseries suspendues dans leurs boutiques - sur des fils de fer étirés parallèlement au plafond – des "rameaux" sorte de petites branches d’arbre recouvertes de papier d’étain doré ou argenté et plein de fleurs ou de plumes et surtout de confiseries de toutes sortes (ce qui nous faisait baver d’envie) et, nos parents nous disaient que cela ne nous été pas destiné et, même si nous comprenions ou croyions en comprendre les raisons, nous le ressentions comme une privation.

Après Lagh BaÔmer, les jours devenaient un peu plus longs et cette période - où nous n’étions invités à aucune réception - prenait fin et nous nous en réjouissions car la fête de Chavouoth approchait avec ses délices et se profilaient enfin les grandes vacances, promesses de baignades et autres loisirs entre cousins.

A Chavouot, mon Père, pour l’office du matin, se dirigeait avec mon frère et moi vers la synagogue de St Eugène où officiait le Rabbin Ben David qu’il affectionnait tout particulièrement.

Après la lecture des 10 Paroles (les dix commandements) ; des fidèles se partageaient cette lecture en judéo arabe que l’on intitulait pompeusement la « dissertation homilétique » des commandements par Saadia Gaon (1).
Lorsqu’un jeune garçon excellait au Talmud Torah, souvent, en accord avec la famille, bien entendu, le professeur faisait apprendre l’une de ces dix paroles en judéo-arabe et, après la prestation, généralement appréciée de l’assistance, la maman faisait circuler des dragées dans les rangs des fidèles et, à la fin de l’office était offerte une collation qui était accueillie favorablement d’autant que la plupart des personnes n’avaient eu le loisir de prendre un solide petit-déjeuner et qu’avec toutes les montées au sefer torah il était plus de midi.

Pour notre part, nous avions encore une bonne route à faire à pied jusqu’à notre domicile à Bab-el-Oued.

Pour l’office du soir du deuxième jour et le lendemain matin, mon père préférait se rendre chez son ami le Rabbin André Abib qui officiait à l’ancienne synagogue de la rue Suffren. Ils étaient amis et ils avaient formé un quatuor d’amis depuis leur enfance : lui, le Rabbin Abib, le Rabbin Elie Zerbib et le Rabbin Marcel Achouch.

Seul mon père avait opté pour un métier puisqu’il avait opté pour une orientation dans l’enseignement puis vers le commercial…..

J’évoque ici le début des années 50 où le cimetière, dit rabbinique, situé à l’angle de la rue Suffren et de la rue Montaigne existait encore adossé si l’on peut dire à l’école communale de la rue Franklin.

Ce cimetière fut transporté à St Eugène en 1954 car, la communauté d’Alger - sous le couvert d’une aide financière conséquente du Joint (American Joint Committee) – avait décidé de construire sur cet emplacement la nouvelle école rabbinique qui, d’ailleurs, après son inauguration connut un certain succès avec tout l’apport spirituel, intellectuel et humain de la famille de Aizer Cherqui ז"ל et de Simon Darmon(הי"ו) qui y enseignait et de Jacquot Grunewald (הי"ו ), qui à l’époque, effectuait son service militaire dans l’aumônerie et, dispensait des cours de Torah et de Guemara à qui voulait y assister au centre communautaire de la rue Michelet. J’y reviendrai plus tard et plus en détail. Mais à chaque office des jeunes de la nouvelle école rabbinique, il nous entretenait de la parasha et des fêtes qui s’annonçaient….

Chez nous, nous avions l’habitude de consommer pendant les deux jours de fête des mets lactés. Une semaine avant la fête et à nouveau un jour ou deux avant Shavouoth, Maman achetait beaucoup de lait à partir duquel elle confectionnait du fromage blanc, puis des yaourts et du lait caillé. Pour l’allumage, elle confectionnait deux veilleuses dans lesquelles elle plaçait un bijou en or une noix de beurre et une cuillerée de miel puis du lait et par-dessus de l’huile d’olives. Ce lait, d’ailleurs, sous l’effet de la chaleur des veilleuses caillait lui-même.

La symbolique de ces lumières était entièrement centrée sur le fait que la Torah est plus précieuse que l’or, et que la Torah est plus douce que le miel. De plus s’ajoutait à cette symbolique celle de notre jeune pays d’Israël Eretz zavat halav oudevash (2) – le pays où coulent le lait et le miel.

Nous nous délections de ce lait caillé et de ces yaourts dans lesquels on ajoutait de la confiture faite à la maison et des gâteaux confectionnés dans la nouvelle gazinière. (3)

Pour Chavouoth, Maman confectionnait de délicieux clafoutis aux cerises-bigarreaux ou aux abricots, des flans pâtissiers mais nous savions apprécier également le couscous au beurre et aux fèves fraîches, des quiches ou des "manchons" au fromage et aux champignons.

Caroline Elisheva REBOUH

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1 - Saadia Gaon ou Saadia ben Yossef Al Fiyyumi 882 (Egypte à Fiyum) – 942 à Bagdad (Irak).

2 - Israël était encore dans ses langes puisqu’en 1950 ou 51 Israël n’avait que deux à trois ans.

3 - Auparavant, nous avions une petite cuisine dont les murs étaient recouverts de carreaux de couleur brique avec une sorte de table en maçonnerie sur laquelle on avait un réchaud à gaz à deux feux qui servait pour la cuisine.
Dans la cuisine il y avait aussi un garde-manger dont la face externe était équipée de persiennes qui maintenaient de l’ombre fraîche pour certains aliments qu’on gardait un jour ou deux et puis on avait une glacière en bois équipée de quelques étagères et dans une sorte de coffre en zinc on y disposait des pains de glace qu’on achetait chez le marchand de glace.

Par la suite, en 1952, mon oncle qui habitait Paris nous avait proposé de nous faire avoir un réfrigérateur électrique et une gazinière avec four et une machine à laver !!!! Le summum du progrès à l’époque !!! Notre cuisine subit donc des transformations cette table en maçonnerie fut détruite en partie pour laisser une place à la gazinière le reste servant de potager, la glacière fut cédée à quelqu’un, le garde-manger disparut lui aussi permettant l’ouverture d’une porte fenêtre et tout cet espace culinaire se trouva éclairé aussi par l’effet des faïences blanches.
Lorsque les appareils d’électro-ménager nous parvinrent Maman fut au comble de la joie : ainsi elle pourrait cuisiner et pâtisser dès qu’elle le désirerait sans avoir à transporter des plaques chez le boulanger. L’opération hebdomadaire "lessive" se retrouverait singulièrement allégée également.

Commentaires   

0 # Henri DAHAN 21-05-2023 23:36
Hag chavoot sameah, Caroline.
Cest extraordinaire de coïncidences. Non seulement nous connaissions et fréquentions les mêmes personnes aux mêmes moments, y compris Jacquot Grunwald, moi-même j'allais souvent le samedi après-midi à la synagogue de St Eugène. Mais plus légèrement, mes parents se sont équipés en 1952 d'un véritable Frigidaire et d'une machine à laver avec les mêmes travaux dans la cuisine. Mon oncle Sylvain FARRO z'l, était guizbar et il tenait déjà la comptabilité de la communauté.. Nous nous sommes certainement croisés. En novembre dernier, seulement, j'ai appris le décès du rabbin AMAR z'l, dont je fut élève. Il était le beau-frère du rabbin BEN DAVID. Il fut le rabbin de la synagogue Ribach et Rachbats de Natanya.
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0 # CAROLINE REBOUH 23-05-2023 09:24
Bonjour Mr Dahan, Je suis en effet heureuse de lire votre mail. Il n'est pas rare, en effet, de retrouver de ci de là des personnes que nous avions côtoyées dans notre beau pays qu'était l'Algérie mais nous n'étions alors que des enfants ou des adolescents et, à cette époqie, on ne se liait pas aussi facilement qu'aujourd'hui, il y avait une certaine pudeur, un certain savoir-vivre et aussi le "qu'en dira-t-on" qui nous freinaient dans nos entreprises quelles qu'elles soient et qu'un jeune-homme parle avec une jeune-fille, cela ne se faisait pas... Au hasard de mon pianotage sur FB j'ai aussi rencontré quelqu'un d'Alger qui a eu à peu près le même parcours que moi et pourtant nous ne nous connaissions pas!....C'est la vie avec son lot de surprises qui nous émeuvent au long de notre existence... Merci Henri Dahan de vos lignes tracées avec grande amitié. Bonnes fêtes. Caroline Rebouh
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