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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Nous connaissons le nom du premier soldat Français Juif, mort pour la France, en service commandé.  

La guerre de 1914-1918 a véritablement commencé pour la France, par le bombardement par la marine Allemande des ports, en Algérie, de Philippeville et Bône, le 4 août 1914.

⇰ Dés lors, il apparaît que les premières victimes de l'armée française sont tombées à ce moment là, et parmi elles, deux soldats juifs du corps des zouaves Mimoun Bénichou et Yahia Benhamou.

Etrange histoire que l'on retrouve dans les archives, mais que la plupart des historiens de la Première Guerre mondiale passent sous silence.

Gérard Silvain, auteur de nombreux livres sur les mondes juifs sépharades et ashkénazes, a mené l’enquête et donne à l’association Morial, la primeur de ses découvertes

QUI S’EN SOUVIENT ?

Etonnant silence que celui qui règne sur les premières canonnades de la guerre de 14-18. Moins de vingt-quatre heures après avoir déclaré la guerre à la France, l’Allemagne bombarde Bône et Philippeville en Algérie tuant et blessant les premiers soldats français .

http://www.seybouse.info/seybouse/infos_diverses/mise_a_jour/maj124.html

Que  s’est-il passé  réellement ?
 

4 août 1914 : L’ALLEMAGNE BOMBARDE L’ALGERIE FRANCAISE

Le 3 août 1914,     l’Allemagne déclare la guerre à la France   .  Le 4 août, à 3h40, sa marine bombarde deux de nos départements français d’Algérie. Les premiers coups de canon de la première guerre mondiale viennent d’être tirés. Sous un titre en gros caractères, l’Echo d’Alger, dans sa deuxième édition, annonce à ses lecteurs une nouvelle stupéfiante : "Bône et Philippeville ont été bombardés ce matin".

                        

Suivent quelques lignes laconiques d’un communiqué du général gouverneur d’Alger Charles Lutaud qui précise qu’un raid de la marine allemande a été effectué par les croiseurs Breslau et Goeben et qui profite de l’occasion pour appeler à la mobilisation générale des Français d’Algérie.

Mais d’où viennent ces navires et comment sont-ils arrivés à mener cette attaque surprise?

Ce n’est certainement pas la presse française qui donnera la réponse puisqu’un black-out complet semble s’être abattu sur l’information.

Le Breslau, croiseur allemand qui a bombardé Bône

Durant le conflit qui avait opposé la Grèce à la Turquie en 1912, le grand quartier général allemand, pour faire respecter les intérêts de l’empire dans la région, avait envoyé les croiseurs Breslau et Goeben en Méditerranée et il en avait confié le commandement au Vice-amiral Wilhelm Anton Souchon, descendant d’une famille de Huguenots émigrée en Prusse après la révocation de l’Edit de Nantes.

Les deux navires, arrivés de Kiel le 15 novembre 1912, vont mouiller dans le port italien de Messine jusqu’au 3 août 1914.

Messine, le 3 août 1914 à 1 h du matin, le Breslau et le Goeben quittent précipitamment leur port d’attache pour une destination inconnue, à la demande pressante des autorités italiennessoucieuses de faire respecter leur neutralité.

Le Goeben, croiseur allemand qui a bombardé Philippeville

Dans la matinée, le commandant de l’artillerie du front de mer d’Alger est prévenu de la présence des deux croiseurs allemands dans les parages. Il donne l’alerte à ses batteries côtières. A 18h, au moment où il double la Sardaigne par le sud, le Vice-amiral Souchon apprend la nouvelle de la déclaration de guerre par la télégraphie sans fil du Goeben.

Il signe alors les instructions suivantes qu’il transmet aux capitaines des deux navires :

«… Point 3 : Inquiéter l’ennemi, l’attaquer selon les possibilités sur les côtes d’Algérie […] pour l’empêcher de transporter ses troupes en France sans prendre de grosses mesures de précaution. Point 4, éxécution : demain au jour (4h30) le Goeben se trouvera devant Philippeville, le Breslau devant Bône. Ils reconnaitront d’abord, sous pavillon russe, ce qui se trouve dans chacun de ces ports. Ils essaieront ensuite, après avoir hissé les couleurs allemandes, de détruire au canon […] les transports de troupes et les installations pouvant servir à ces transports. Economiser les munitions, ne pas s'engager contre les ouvrages à terre… ».  

Aussitôt la nuit venue, il prescrit au Breslau de se diriger vers Bône de façon à y être rendu au petit jour pendant que lui-même se présenterait devant Philippeville. C’est alors, peu avant minuit, qu’une dépêche, signée de  Berlinlui parvient l'enjoignant de virer de bord : "ALLIANCE CONCLUE AVEC LA TURQUIE.STOP.GAGNEZ CONSTANTINOPLE.STOP"

Devant cet ordre impératif on peut penser que Souchon va obéir sur le champ. Il n’en est rien. Sans hésiter, il poursuit son plan initial "pour que le premier coup de canon soit tiré en mer par les Allemands et montrer au monde comment un de leur vaisseaux, seul en Méditerranée, et entouré de flottes ennemies, allait bombarder le territoire de l’adversaire au premier matin de la guerre". Ces propos, que rapporte son panégyriste, justifient le coup de poker que tente alors ce marin au tempérament de corsaire et qui va réussir au delà de ses espérances.

Bône. Le 4 août 1914 – 2 h. La nouvelle de l’entrée en guerre de la France se répand dans la ville.

A 3h, le guetteur du sémaphore du cap de Garde prévient la capitainerie qu’un navire de guerre s‘approche lentement tous feux éteints. Une embarcation de pilotage, croyant avoir affaire à un bâtiment français, se porte à sa rencontre.

C’est alors qu’à 3h40 le croiseur léger Breslau, qui naviguait indument sous pavillon russe, hisse les couleurs allemandes et ouvre le feu sur le port et ses abords. Le tir cesse à 4h30. Ses canons de 105 ont tiré cent quarante obus qui ont principalement touché le sémaphore, le parc à fourrage, l’usine à gaz et les vieux bâtiments de l’archaïque Manutention militaire. Une barque de pêche a été envoyée par le fond tandis qu’un vapeur, le Saint-Thomas a simplement subi quelques dommages. On déplore deux morts et six blessés. L’agresseur prend rapidement le large sans avoir rencontré de résistance.

Il faut attendre le 31 décembre 1914 pour que l’Echo d’Alger informe enfin ses lecteurs des événements de Bône et Philippeville.

Sous le titre "La 1ère victime des boches en Algérie. Ce que fut le bombardement de Bône et Philippeville"le quotidien justifie, tout d’abord, le long silence de la presse par les rigueurs de la censure.

Cimetière de Gonards à Versailles : monument dédié aux défunts dont les corps sont restés en Algérie.- Photo Didier Nebot

Puis le commandant du Saint-Thomas, au cours de l’interview qu’il accorde au journal, après avoir détaillé les circonstances de l’attaque, donne son avis sur les raisons pour lesquelles le vice-amiral Souchon avait choisi Bône et Philippeville comme objectifs plutôt que n’importe quelle autre cible.

A la question du journaliste, "Comment se fait-il que nul n’ait pu répondre à cette attaque audacieuse ?", le capitaine Lemaitre répond : "Attaque, oui, audacieuse, non, car l’occupation des forts de la côte n’était prévue au mieux que le troisième jour de la mobilisation et cela, les Allemands, maitres en l’art de se renseigner, le savaient…"

En effet les Allemands savaient. Les services de renseignement de la marine ne pouvaient ignorer qu’en exécution des lois et des décrets des 18 mars 1913 et 4 février 1914, les batteries de Philippeville et de Bône, à partir du printemps 1914, seraient uniquement gardées par un gardien de batterie et un piquet d’artilleurs chargés de surveiller les installations et que ces batteries ne seraient armées qu’à partir du troisième ou du quatrième jour suivant la déclaration de guerre. Nul besoin d’espionnage en la circonstance puisque les moindres détails de cette "réorganisation de l’artillerie" avaient paru au Journal Officiel et dans la presse spécialisée !

En revanche, les services allemands de renseignement ne savaient pas que le 31 mars1914, le commandement du XIXème corps d’armée avait donné l’autorisation de conserver à Bône, Philippeville et Bougie des petits détachements d’active, capables de servir à toute heure. Sans cette disposition, aucune riposte n’aurait pu être faite au Goeben.

Philippeville. Le 4 août 1914 - Vers 4h30, (certains historiens placent l’événement une heure plus tard). Le lieutenant de réserve Cardot, avocat au barreau de Sétif, qui avait occupé la batterie du fort d’El Kantara la veille à 23 h, aperçoit, émergeant de la brume, un navire arrivant à grande vitesse en vue de la ville.

A cet instant, l’officier, qui ignore la déclaration de guerre et ne sait pas encore que Bône a été attaqué, prend l’initiative de réveiller ses hommes et faire charger ses pièces d’artillerie. Il n’a malheureusement pas eu le temps d’étalonner le télémètre à dépression qui lui aurait permis de régler son tir.

A 5 heures, le croiseur de bataille Goeben, qui navigue sans aucun pavillon de nationalité, hisse à son tour le pavillon impérial et ouvre le feu. Le bâtiment, l’un des plus modernes de la marine allemande, tire cinquante obus sur les installations portuaires. Le tir cesse à 5h18 après que le lieutenant Cardot a immédiatement répliqué avec ses deux canons en état de marche, les deux autres étant inutilisables, manœuvres trop dures et guidon manquant.

Quatre coups… trop courts, le dernier projectile ayant quand- même rasé la poupe du navire ennemi. Surpris par cette riposte inattendue, le Goeben, pour échapper au désastre, se met immédiatement hors d’atteinte et s’enfuit rapidement vers la haute mer.

…ET CAUSE LA MORT DU PREMIER SOLDAT JUIF DE LA GRANDE GUERRE

La stèle du Monument commémorant le bombardement de PHILIPPEVILLE - Photo Didier Nebot

Les dégâts matériels sont inexistants mais un drame s’est joué. Le hangar de la Compagnie des transports Maritimes situé sur le port est touché de plein fouet par le tir du croiseur allemand. A l’intérieur un détachement de la 4ème compagnie du 3ème Zouave attend d’être embarqué pour combattre en métropole.

Bilan, onze morts et vingt et un blessés. Ce sont les premières victimes de la Grande GuerreParmi celles-ci, il y avaient deux soldats Juifs:

 

  • Le 2ème Classe Mimoun Benichou, né à Tlemcen le 22 juin 1892, engagé volontaire au 3ème régiment de marche de Zouaves et
  • Le 2ème Classe Yahia Benhamou, également né à Tlemcen, mobilisé comme réserviste dans le même régiment.

Bien que nous connaissions depuis cent ans les identités de ces deux militaires français, aucun historien n’avait relevé, jusqu’à ce jour, qu’il s'agissait en l’occurrence du premier mort et du premier grand blessé juifs de la guerre de 1914-1918, et qu’ils étaient Français d’Algérie.

Mimoun Benichou, meurt dans la journée des suites de ses blessures et sera enterré le 5 au matin et Yahia Benhamou, opéré d’urgence, va subir l’amputation du pied gauche et sera décoré de la Médaille militaire le 30 juin 1915.

5 août 1914. Si la presse française ne relate aucunement l’évènement, c’est parce que la censure ne l’a pas permis. En effet, dans son édition matinale du lendemain, l’Echo d’Alger apprend à ses lecteurs que "Monsieur Messimy, ministre de la Guerre [a envoyé] une note aux journaux leur interdisant aucune nouvelle sur les événements de la guerre, de la mobilisation, des mouvements d’embarquement ou de transports de troupes, de la composition de l’armée et de leurs effectifs …etc. Les éditions spéciales sont interdites […] Tous les contrevenants à ces dispositions seront saisis". Ajoutons que cette prescription arrange le gouvernement qui évite, en la circonstance, que soient mises en lumière l’impréparation de nos défenses côtières d’Algérie et l’absence totale de concertation entre la marine, l’armée et les autorités civiles. En revanche, la presse allemande, elle, se déchaine.

Le quotidien berlinois Der Tag informe ses lecteurs en accumulant les contre-vérités : "Le bombardement des deux ports commença en même temps. Philippeville fut entièrement détruit après une heure de bombardement. On ne répondit pas à notre feu […]. Le croiseur Breslau bombardait à la même heure quelques navires qui se trouvaient dans le port de Bône. Il s’éloigna après avoir détruit le port… ".

Le journal de Messine La Tribuna, après avoir interviewé un officier du Goeben, écrit : "Les navires de leur marine avaient détruit entièrement Philippeville et coulé les navires qui se trouvaient dans le port de Bône ou ils avaient également fait de nombreux dégâts. Personne n’avait riposté à leurs attaques...".

Ajoutons que les Allemands font graver des médailles en argent reprenant sur une face la colonne de la victoire érigée à Berlin après la guerre de 1870 et sur l’autre face l’inscription : "Bombardement de Philippeville et Bône par les croiseurs Goeben et Breslau. 4 août 1914". Ces médailles commémoratives, introduites en Algérie par des contrebandiers espagnols en vue d’être distribuées aux musulmans, seront saisies par les autorités avant qu’elles aient pu être diffusées. Cette opération des services secrets avait pour but de monter la population indigène contre la France en mettant l’accent sur la puissance militaire de l’Allemagne et la faiblesse des défenses françaises.

Le 5 août à 4h, après avoir joué à cache-cache avec les flottes françaises et britanniques, encadrés par des torpilleurs italiens, les deux croiseurs allemands font escale à Messine qu’ils quittent à 17h après avoir reçu un message de félicitations du Kaiser.

Le 6 août, à 23h45, le croiseur anglais Gloucester, qui les suit à la trace, envoie sur le Goeben une torpille… qui passe au large mais réussit, un peu plus tard, à loger un projectile dans la partie arrière du Breslau sans causer, pour autant, des dégâts significatifs.

Le 9 août, l’Echo d’Alger retrace pour ses lecteurs l’arrivée à Messine des deux croiseurs de la marine impériale…sans évoquer d’aucune manière les événements de Bône et de Philippeville... Censure oblige !

Finalement, le 10 août, à 17h17, après une longue chasse, les bâtiments allemands s’engouffrent dans le détroit des Dardanelles. Le Goeben et le Breslau étaient sauvés.

Le 16, les deux navires, par un tour de passe-passe, sont transférés à la Turquie, alors neutre, pour éviter d’être internés, comme l’exigent les traités internationaux. L’équipage allemand, officiers et marins, se coiffe alors d’un Fez. En novembre, le Goeben et le Breslau sont officiellement cédés à la marine ottomane, et deviennent respectivement le Yavuz Sultan Selim et le Midill. La farce était jouée ! Le 27 septembre, le vice-amiral Souchon, qui s’est livré à Constantinople à un certain nombre de manipulations politiques et diplomatiques, est nommé commandant en chef de la marine de l’empire ottoman.

L’Ambassadeur des Etats-Unis à Constantinople, Henry Morgenthau, a si bien compris l’importance de l’odyssée du Goeben et du Breslau qu’il a déclaré : "Je doute que deux vaisseaux aient joué un rôle semblable dans l’histoire".                    

  

Guy Lévy, Vice-président de l’association Morial "Mémoire et traditions des Juifs d’Algérie"

Gérard Silvain

www.morial.fr

 

 

 

 

 

 
 
 

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