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TROIS PATRIARCHES TROIS DIMENSIONS - Genèse 25, 19 - 28, 9
Caroline Elishéva REBOUH 

PARASHAT TOLEDOTH

Veele toledoth Itshak Arrêtons-nous un instant sur le mot toledoth qui signifie aussi bien engendrement qu’il signifie HISTOIRE étant donné que chaque être humain possède une histoire, mises bout à bout, les existences de nos Patriarches forment les premiers chapitre de notre histoire.

Cependant, comme toujours, ce mot n’est pas ici pour rien et la façon dont ce terme est vocalisé non plus.

En effet, le mot toledoth vient de la racine youd-lamed-daleth ou yaled/leyaled = enfanter dans la forme de toledoth il peut s’écrire avec un vav au début et/ou un vav à la fin et/ou sans vav du tout.

Le vav qui sert de pivot ou de pierre angulaire apporte un sens supplémentaire : il figure dans le Tétragramme, et d’une manière un peu plus "cachée" il existe au sein de nombreuses lettres hébraïques calligraphiées comme dans la lettre aleph où il figure avec deux youd ou dans la lettre mem (kaf et vav) et d’autres encore.

Les Sages voient dans le vav de toledoth une signification particulière : ainsi, lorsque des parents procréent, ils transmettent certaines particularités physiques, physiologiques ou morales à leurs enfants. Dans le cas de nos Patriarches, ils transmettent à leur progéniture toutes les "qualités" qui sont ou ont été les leurs au long de leurs vies. Le premier vav de toledoth fait allusion au potentiel spirituel du peuple monothéiste alors que le second vav revêt une importance différente : la continuité dans l’action et la foi soit le présent et le futur.

Dans cette portion de Torah qui nous occupe cette semaine, תולדת יצחק s’inscrit avec un vav au début mais pas à la fin car si le potentiel existait à la naissance, il ne pouvait être mis en œuvre qu’avec Jacob. Comment peut-on déduire ceci ? Par le fait que quelques versets avant où il est écrit : ואלה תלדת ישמעא-ל le mot toledot est inscrit sans vav au début et sans vav à la fin ce qui signifie que le potentiel de Torah n’a pas existé pour Ishmaël et qu’il n’a pas donc pu être mis en œuvre. Dans le cas d’Isaac, le potentiel a existé mais n’a pu être mis en œuvre que par Jacob car Esaü bien qu’il ait été un homme d’action (le nom d’Esaü ou עשיו vient du verbe עשה) cette volonté d’agir ne fut mise en œuvre que dans la matérialité et non pas dans la spiritualité comme le faisait Jacob C’est donc la raison pour laquelle תולדת יצחק s’inscrit sans vav à la fin !

Une autre question se pose : pourquoi lorsque la Torah écrit : ואלה תולדת יצחק בן אברהם ... la suite du verset reprend : אברהם הוליד את יצחק... ceci est dans l’intention très claire de parler d’Isaac. Dans l’histoire du patriarche, s’inscrivent plusieurs descendants : il y eut Ishmaël, puis Isaac puis tous les fils qu’ Abraham eut avec Ketoura.

Par conséquent la Torah insiste bien sur le fait qu’il s’agisse d’Isaac fils d’Abraham et non pas d’un autre des fils d’Abraham né en dehors de l’Alliance de Torah !

Les deux fils d’Abraham Ishmaël et Isaac sont promis à une nombreuse descendance, malheureusement ils ne chemineront pas sur le même chemin, l’un choisissant la violence et l’autre une vie de rigueur et d’harmonie.

Lors de l’accouchement jumelaire de Rivka tout s’éclaire : les jumeaux dizygotes qui luttèrent dans le ventre maternel sont deux peuples aussi différents dans leur essence que dans leur aspect. Jacob naît circoncis ( תם) l’autre non ; l’un aime l’étude de la Torah l’autre préfère chasser et bien d’autres caractéristiques séparent les deux frères. A la naissance, Jacob saisit le talon de son frère car, disent nos Sages, Jacob qui est sorti en second a été conçu en premier il était donc l’aîné mais Esaü a voulu sortir le premier en conséquence, le droit d’aînesse revenait de droit à Jacob !

Caroline Elishéva REBOUH