LE SIONISME : MOUVEMENT DE LIBERATION NATIONALE DU PEUPLE JUIF
Du fond de l’Enfer aux hauteurs du firmament
Par
Charles BACCOUCHE
Si vous le voulez, ce ne sera pas une légende - Théodore HERZL.
Le terme "SIONISME" a été créé par Nathan Birnbaum, en 1886.
Les Juifs forment-ils un peuple ? Ils sont ainsi désignés depuis la dispersion de Babylone, leur retour sur la terre de Canaan et l’exil de Rome long de 2000 ans et qui dure encore. Cette remarque pose le problème du sionisme moderne.
L’antisémitisme est légalement et moralement interdit, l’antijudaïsme chrétien est abrogé depuis Vatican II. En revanche, selon une mode qui court des réseaux sociaux aux conférences de toutes sortes, il serait acceptable, voire de bon ton d’être antisioniste.
Le concept est devenu un paradigme qui par un renversement étonnant, dédouanerait ceux qui le professent de toute accusation d’antisémitisme.
Il s’agit de remettre les choses en ordre et de démontrer que l’antisionisme au-delà de masquer un antisémitisme latent ou virulent, est avant tout ABSURDE.
Le sionisme est la conception juive des idéologies modernes préconisant la libération nationale des peuples colonisés. Il porte le sceau de l’espérance malgré ou à cause de la longue et douloureuse histoire des Juifs.
En effet, le sionisme est un mouvement politique de libération nationale du peuple juif qui s’inscrit dans la dialectique historique qui s’est enclenchée à la fin du 19ème siècle et s’est poursuivie tout au long du XXème siècle, de l’oppression et de l’échec des émancipations de l’homme à la fin du 19ème siècle et de l’aspiration naissante des peuples colonisés à se libérer de l’impérialisme des puissances européennes.
Le sionisme est authentiquement le mouvement de libération et de décolonisation du peuple juif ; il cherche non plus dans la mystique mais, dans la condition humaine, les causes du malheur perpétuel des Juifs en Occident comme en Orient.
Le sionisme en déduit que la solution de la «question juive» est politique et économique mais non pas religieuse. Le sionisme politique comprend que cette solution passe par le retour de ce peuple dans sa terre ancestrale, et c’est de la sorte qu’il se rattache à l’histoire ancienne des Juifs.
Les premiers sionistes qu’ils aient été d’Europe occidentale ou de l’Est européen, savaient qu’ils ne pourraient rassembler un peuple aussi dispersé et déjà largement assimilé en Occident, au pays de sa naissance, celui désigné dans la Bible où il a connu l’aurore de son histoire.
Cependant, dissocier le sionisme de la vieille aspiration juive du retour à SION est artificiel, mais nécessaire pour la rigueur de l’analyse. Il ne faut pas oublier que le long martyr juif est inhérent à l’invincible espérance juive en la rédemption de son peuple et de Jérusalem.
Il est apparu à une époque précise où se confirmait l’échec des mouvements d’émancipation de l’homme, et en ce sens, il est le premier ou l’un des tous premiers à pouvoir être qualifié de "MOUVEMENT NATIONAL DE LIBERATION" avant la montée de la houle des mouvements de libération qui a submergé le monde au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Le sionisme est apparu dans une Europe dominée à l’Est, par le totalitarisme tsariste et à l’Ouest, par les régimes soit démocratiques France dreyfusarde et coloniale, Royaume-Uni confortant son empire colonial et sa prééminence maritime, soit autoritaires: l’Allemagne née de la Prusse à partir des forceps de Bismarck.
Bref, l’histoire démentait les rêves humanistes alors que des guerres effroyables se préparaient sur fond de congrès et de rapports hautains entre chancelleries.
L’ombre d’Auschwitz se profile dans ce contexte, tant l'antisémitisme est déjà la donnée la mieux partagée entre ces nations antagonistes.
Cependant, qui pouvait savoir qu’un obscur et pâle caporal autrichien, hystérique et laid, allait incendier le monde et anéantir la majorité des Juifs d’Europe.
Pour bien saisir la phénoménologie de l’émergence d’un mouvement sioniste, tenu d’abord en échec en raison de la démission des humanismes au 19ème siècle, qui a abouti aux massacres génocidaires et industriels du 20ème siècle.
Il faut rappeler le courant de pensée qui fait de l’échec un moteur puissant de progrès qui serait le secret de l’Occident (Jean Lacroix, André Néher). La philosophie de l’OCCIDENT et celle du SIONISME se retrouvent dans la conviction profonde que l’Histoire tend vers le progrès infini de l’homme face à la nature, que l’Histoire a un sens, que la conception grecque s’est effacée au bénéfice de l’idée d’un temps linéaire, marqué par le progrès technique et l’espérance d’un monde futur meilleur.
Dans cette mesure, le sionisme participe de la pensée de l’Occident.