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Guyotville - La Plage

 

 

     Camus et nous

     

                 Pa

 

  Albert Bensoussan

 

 

 

 

 (7/11/1913 - 4/1/1960)

 

Il fut ma première lecture sérieuse, quand j’allais aborder la classe de philo.
Albert Camus était déjà auréolé à nos yeux d’une grande gloire, et d’abord une gloire locale, car il avait publié chez nous, aux éditions Charlot, à Alger, son premier texte :
Noces, en 1939.

Et puis il avait encouragé un jeune professeur juif d’Oran, André Belamich, qui fut son condisciple à la "Khâgne africaine" (comme on disait) du lycée Bugeaud à Alger, à traduire et publier dans la collection qu’il dirigeait chez cet éditeur, le Romancero gitano, de Lorca, dont Belamich allait devenir chez Gallimard, grâce à Camus, le traducteur exclusif et maître d’œuvre de la Pléiade.

Il y a là un fil qui nous conduit à la communauté juive, celle d’Oran, qui fut sa famille d’accueil lorsque ce jeune philosophe ne fut pas autorisé à enseigner dans l’école publique pour cause de tuberculose, et dut à son ami, le professeur André Bénichou, qui venait de créer une école "juive" pour tous les lycéens exclus de l’enseignement public par les lois raciales de Vichy, de se retrouver professeur à Oran, où Camus résida au début des années quarante.

Oui, Oran fut la halte nécessaire et heureuse, bien qu’il en ait fait le cadre de son roman allégorique "La peste", où la ville est quelque peu et romanesquement malmenée.

Mais c’est à Oran qu’il trouva refuge, se fit plein d’amis, et trouva même une seconde épouse (après son divorce d’avec Simone) en la personne de la jeune Francine Faure, en décembre 1940.

Dans les milieux juifs qu’il fréquente – dont les frères Raoul et Loulou Bensoussan qui s’illustreront bientôt dans la Résistance et serviront, probablement, de modèle au personnage de Meursault dans L’Étranger–, c’est son amie Liliane Choucroun qui lui présente un jour celle qui va bientôt devenir son épouse.

Cette Francine a une grand-mère juive : Clara Touboul, mais cela est fort peu souligné par les exégètes camusiens. Bon, alors Camus est de la famille, n’est-ce pas ?

Et à Oran, quand la tuberculose l’épuise, c’est le docteur Cohen qui, en 1942, l’assiste et le soigne, sauf que le cabinet de ce médecin étant mis sous scellé par l’ignominie vichyssoise, c’est au domicile de son beau-frère, le docteur Parienté, que Camus est soigné. Alors, entre son épouse, son ami Bénichou qui l’accueille généreusement au sein de sa famille dont il partage repas et fêtes, et ce médecin salvateur, on peut dire qu’Albert Camus l’Algérois est bien parmi nous.

Qui s’étonnerait, par ailleurs, de voir cet humaniste qui sut prendre la défense des Kabyles en leur misère, s’engager bientôt dans la Résistance – où il va faire la rencontre, lumineuse, d’André Chouraqui, au Chambon-sur-Lignon –, et soutenir les Juifs dans l’oppression et la persécution du gouvernement du Maréchal qui avait fait "don de son corps à la France" ?

Tout comme il exprimera ses sympathies pour les Juifs toujours montrés du doigt. On se souviendra à cet égard d’un fameux article qu’il publia en 1947 dans Combat (le journal qu’il dirigea) et où il déclarait, dans un raisonnement qui n’a rien perdu de son actualité aujourd’hui, bien au contraire :

« On est toujours sûr de tomber, au hasard des journées, sur un Français, souvent intelligent par ailleurs, et qui vous dit que les Juifs exagèrent vraiment. Naturellement, ce Français a un ami juif qui, lui, du moins… Quant aux millions de Juifs qui ont été torturés et brûlés, l’interlocuteur n’approuve pas ces façons, loin de là. Simplement, il trouve que les Juifs exagèrent et qu’ils ont tort de se soutenir les uns les autres, même si cette solidarité leur a été enseignée par le camp de concentration. »

Et puis Camus saura soutenir le combat de la jeune nation israélienne dans les colonnes de Combat, et défendre "L’exemplaire Israël qu’on veut détruire sous l’alibi de l’anticolonialisme, mais dont nous devons défendre le droit de vivre, nous qui avons été les témoins du massacre de millions de Juifs et qui trouvons juste et bon que les survivants créent la patrie que nous n’avons pas su leur donner ou leur garder ".

Et enfin, en homme de lettres et aîné attentif, il saura aussi soutenir un jeune espoir des lettres judéo-maghrébines, Albert Memmi, dont il préface l’œuvre majeure, La statue de sel.

Alors oui, nous pouvons dire, qu’Albert Camus fut notre ami, qu’il fut des nôtres, dans ses positions politiques et morales comme dans ses écrits et son engagement. Albert Camus, notre grand frère.

Albert Bensoussan

 

Commentaires   

0 # Claude Kayat 09-11-2020 18:10
Les oeuvres et la personnalité de Camus m'ont passionné dès mon plus jeune âge. Je trouvais son style admirable et ses prises de position humanistes tout autant. Il fut mon modèle et son influence certainement déterminante dans ma vocation de romancier.
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