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Cet ouvrage est coordonné par : 

Albert BENSOUSSAN, David COHEN, Simon DARMON, Sidney CHOURAQUI, Line MELLER, Julien ZENOUDA

↪ L’Algérie juive a représenté deux mille ans d’histoire.
Cette culture et ces traditions juives ont perduré avec un caractère spécifique jusqu’à l’indépendance, et se sont prolongées ensuite, en France et en Israël, en pieuse mémoireLa génération de ceux qui ont fui l’Algérie algérienne est riche de ce patrimoine mémoriel, elle entend le conserver et le transmettre. 
Cette culture et ces traditions juives ont perduré avec un caractère spécifique jusqu’à l’indépendance, et se sont prolongées ensuite, en France et en Israël, en pieuse mémoire.

 La génération de ceux qui ont fui l’Algérie algérienne est riche de ce patrimoine mémorieux, elle entend le conserver et le transmettre.
Car nous, Juifs, sommes peuple de mémoire. Nous ne jetons rien, nous n’oublions rien, nous transmettons tout avec piété, avec ferveur, avec espoir.
Que reste-t-il, en vérité, de notre Algérie ? Les pierres tombales sont dispersées dans des cimetières non protégés et voués à la désolation ou à la démolition. 
La jeunesse algérienne, dans sa grande majorité, ignore aujourd’hui que des Juifs en très grand nombre ont peuplé leur terre  depuis des siècles, voire des millénaires, et qu’ils ont contribué, par leur apport, par leur culture, par leur foi inébranlable, à l’histoire de l’Algérie.

Mais aussi l’histoire du peuple juif nous a appris qu’en leur long  et dramatique nomadisme, la seule chose que les Juifs ont toujours emportée avec eux, sauvée et préservée, c’est le Livre, notre Torah, nos Livres, le Talmud, et aussi nos récits, nos traditions écrites et orales, nos fables.
Le grand-rabbin Naouri sauvera au péril de sa vie le précieux Séfer-Torah de la Ghriba miraculeuse de Bône et que l’on peut venir voir, caresser, choyer aujourd’hui à Jérusalem. Bien d’autres faits et anecdotes sont présentés dans le livre que voici.

 

Depuis tant d’années, mes amis d’Alger, mes camarades de synagogue, ceux du Grand-Temple de la rue Randon où nous allions toujours, de la synagogue de la rue Sainte (où j’accompagnais mon père le samedi après-midi) et de la synagogue de la rue de Dijon (où, enfants de chœur, nous chantions aux mariages), ont entrepris de sauvegarder cette mémoire en publiant chaque année un petit calendrier, comme nous en avions à Alger, et c’était celui que confectionnait et diffusait le rabbin Dadouche, notre mohel qui nous avait tous circoncis ; et la somme de ces calendriers a composé une réserve précieuse de tout ce que nous avons vécu : les lieux, les temples, les rabbins, les coutumes, les familles et tous ces patronymes que nous voulons garder en mémoire.

C’est d’un manteau de famille, rapiécé, refait à neuf, que nous disposons maintenant avec ce livre. Mis bout à bout, ces éléments ont composé cette Chronique des communautés juives d’Algérie, qui est aujourd’hui proposée aux lecteurs, aux curieux, à ceux qui n’ont pas d’ingratitude et entendent préserver longtemps encore ce passé qui, malgré les épreuves, fut heureux.

Heureux comme l’est cet homme du premier psaume du Tehilim, Ashré Haïch, "qui ne suit pas le conseil des méchants, qui, dans la voie des fauteurs ne s’arrête pas et, dans la réunion des personnes frivoles ne prend pas place", ce qu’André Chouraqui, notre grand homme d’Aïn-Témouchent, traduisait par "En marche, l’homme qui ne va pas au conseil des criminels", ajoutant cette vérité qui fait que ce psaume 1er semble parler de nous et pour les rédacteurs de cet ouvrage : "Il est comme un arbre transplanté sur des canaux d’eaux, qui donne son fruit en son temps". On ne saurait mieux dire. Nous tous, ici réunis, sommes cet arbre transplanté et fructifère.

Yizcor, tel est le devoir de piété auquel nous convie constamment notre sainte Torah.  

Voici notre livre, notre fruit, le fruit de nos veilles et de nos pieux souvenirs. Chacun y retrouvera les siens et un pan de sa mémoire. Et peut-être essuiera-t-il une larme, une pieuse et joyeuse larme, comme on en verse, parfois, lorsque se retrouve la famille dispersée dans l’espace et le temps. 

 

Mais, notre chanteur de la gola, Enrico Macias, illustre Constantinois, a su le dire aussi, avec d’autres mots, qui sonnent si justes à notre oreille :

"Non, non, je n’ai pas oublié… "