Par Charley Goëta
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Je ne vanterai pas la cité qui m'a vu naître car l'étranger qui découvrirait avec un oeil tout neuf n'y verrait aucun attrait particulier et ne comprendrait pas l'émotion qui étreint le cœur de tout Sétifien évoquant la ville de son enfance. Est-ce donc uniquement la nostalgie de l’enfance et de l'adolescence qui nous procure ce plaisir d'évocation ?
Certainement pas ! Je vais donc essayer, par petites touches, de vous faire ressentir tout ce que cette ville a été pour les gens de ma génération qui ont emporté, en traversant la Méditerranée, une marque indélébile qui fera d'eux pour toujours des Sétifiens, même après quarante ans de vie parisicnne, marseillaise ou israélienne. . .
Tous les Sétifiens étaient "bien élevés", et pour cause, ils habitaient la capitale des hauts plateaux, à 1.180 mètres d'altitude, altitude que j'ai vraiment mesurée en arrivant en France dans les premières stations de sports d'hiver des Alpes, fières de leurs 1.000 mètres. Cette altitude faisait que cette ville avait un climat particulier par rapport à cel ui qui prédominait en Algérie.
Certes, l'été était très chaud mais les soirées pouvaient être très agréables et même fraîches quand on a connu la chaleur torride de Constantine et des villes du sud. Je n'ai jamais retrouvé la douceur de ses printemps.
Quant aux hivers, ils pouvaient être très rudes avec de très fortes chutes de neige qui nous réjouissaient et nous émerveillaient tant les paysages resplendissaient sous le soleil très vite retrouvé.
Les importantes chutes de neige de chaque hiver transformaient la vie de Sétif. Les écoliers des cités environnantes étaient bloqués pour un ou deux jours, le temps de déblayer les voies d'accès au centre ville ; des parties de boules de neige, de glissades, de bonshommes de neige s'organisaient à tous les coins de nos quartiers dans une très grande allégresse ; l'économie vivait au ralenti, les familles se serraient autour des poêles où l'on organisait des veillées en faisant griller glands et châtaignes, conversations plus riches, plus animées, parties de cartes, etc. Certains mets n'apparaissaient qu'en temps de neige, et je conserve le souvenir d'un plat exquis qui a disparu avec la neige de Sétif : la soupe à la tomate avec des pâtes roulées à la main, lentilles et févettes séchées qui se dégustait brûlante et nous réchauffait le corps..