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Chapitre IX de l’ouvrage  "Aperçu sur les Israélites algériens et sur la communauté d'Alger" , par J. Hanoune» - Edité chez J. Carbonel et publié en 1922 - Préface de M. L. Fridman, Grand Rabbin d'Alger

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L'organisation de ces corporations remonte au XIVe siècle, au cours duquel, fut fondée la Communauté Juive d'Alger.

Par une ordonnance royale du 9 novembre 1845, trois consistoires sont créés en Algérie, ils sont chargés d’une organisation d’assistance aux indigents vraisemblablement apporté par les exilés de la Péninsule ibérique à l’époque médiévale

La solidarité des plus riches envers les plus pauvres s’incarne également dans deux autres corporations, qui sont responsables de la préparation et du déroulement des funérailles des indigents, et en assument les frais

LES GUIZBAIRIM, LES GUÉBOYIM ET LES IIABÉRIM (1)

 

 

Des Guizbarim. (pluriel de Guizbar, Administrateur)

DIPLOME DE GUIBAR (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Chaque année, le jour de Roch-Hoddech Elloul (2) sont bénis, le matin, à la Synagogue Hara, les guizbarim nomrnés pour l'année.

Ils paient un droit fixe de 500 francs. Un premier versement de 250 francs est fait avant Roch- Hlachana (1er jour de l'année hébraïque) et le reste est versé avant la fête de Pàque.

On leur donne le titre de « Hayaqar » (le précieux) lorsqu'ils sont appelés à la lecture de la Loi,

le samedi à la synagogue, et dans le contrat de mariage religieux de leurs enfants (Kétouba).

Dans chaque synagogue est affiché un règlement relatif aux Guizbarim dont les noms sont mentionnés dans un registre datant de 1832.

On a trouvé, d'autre part, dans les Délibérations de l’année 1850 un rapport sur les Guizbarim, les Guéboyim et les Habérim qui vivaient avant cette date.

Il est dit, dans ce rapport, que les Guizbarim étaient chargés de distribuer aux pauvres, des aumônes et de la viande, à l'approche des fêtes de Pâque, de Pentecôte et des Tabernacles.

A l'origine, on tirait au sort les noms des trois Guizbarim de l'année. C'étaient des gens recrutés parmi les plus honorables de la Communauté ou "Kahal".

A l'occasion de leur nomination, les Guizbarim donnaient une fête chez eux.

Par la suite, Ie nombre des Guizbarim fut porté à 1, puis à 8, la charge étant trop lourde. Mais on renonça bientôt au tirage au sort. Ce fut le Grand Rabbin qui nomma officiellement les personnes choisies d'avance, et qui acceptaient de remplir les fonctions de Guizbar.

Cette façon de procéder ne fut pas approuvée par tous. On décida alors que les Guizbarim  paieraient un droit annuel de 500 francs au Consistoire. Il en est encore ainsi de nos jours.

La première Installation de Consistoire remonte au 31 janvier 1847.

Joseph Cohen en était le Président, Michel Weil, le Grand Rabbin. Les autres membres étaient Meyer Gugenheim, Messaoud Miguérès, Eliezer Lévy-Bram.

La première réunion du Conseil eut lieu le février 1847. Il n'existait pas alors d'Administration.

Le Comité de Bienfaisancefut créé le 5 février1847. Il était chargé de secourir les indigents (3)

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 (1) L'organisation de ces corporations remonte au XIVe siècle, au cours duquel, fut fondée la Communauté Juive d'Alger.

(2) Le jour du sixième mois de l'année religieuse hébraïque (vers aoùt-septembre).

(3) L’œuvre de Bienfaisance fut administrée jusqu'en 1899 par un Comité composé d'environ 20 membres.
Le Décret du 21 septembre '1903 instituait la Sous-Commission de Bienfaisance Israélite composée de 4 membres, nommés pour 4 ans.

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DES GUÉBOYIM (pluriel de Guebaï, chargé de la distribution des aumônes)

Chaque année et le vendredi qui précédait le Chabat Chékalim » (1) étaient bénis, à la synagogue de la rue Sainte, quatre Gueboyim et quatre Habérim nouvellement nommés pour l'année.

Le service mortuaire était le devoir principal des Gueboyim et des Habérim.

Les Gueboyim devaient procéder à la toilette des morts, et à leur mise en bière (2). Ils accompagnaient ensuite la dépouille mortelle jusqu'aux portes du cimetière.

Les rabbins attachés à la Corporation des Gueboyim étaient chargés de prononcer les oraisons funèbres et de réciter les prières d'usage pendant les sept jours de deuil, à domicile.

Les Gueboyim fournissaient, gratuitement, aux indigents, le linceul, les bougies et le cercueil (3)

Les porteurs et les laveurs ne recevaient aucune rétribution. Seulement les. Gueboyim leur partageaient chaque semestre, les bénéfices de la Corporation et les habillaient. Ils tiraient leurs revenus des Honneurs rendus aux morts. Ils touchaient le quart du produit des enterrements.

Le premier registre renfermant les noms des Gueboyim et des Habérim date de l'année 1873.

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(1) Deux semaines avant Pourim ou fète des Sorts (mois de mars).

(2)Le mort complètement dévêtu, est enveloppé d'un drap et étendu par terre. On brûle des cierges dans la chatnbre. Un veilleur lit les Psaumes. Avant 1884, le lavage des morts se faisait au domicile mortuaire.

(3) Aujourd’hui, c’est le Consistoire qui vend le linceul

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DES HABÉRIM(pluriel de Haber, compagnon, associé)

Des rabbins étaient également attachés à cette Corporation des Habérim.

Au nombre de quatre, les Habérim étaient chargés de rendre les derniers honneurs aux morts (1). C'est ainsi qu'ils creusaient la fosse, achetaient les dalles, la chaux, les briques ct qu'ils fournissaient aux familles en deuil, le repas des funérailles (2).

Quelque temps avant Pâque, les Habérim fabriquaient les haroseth » et les distribuaient gratuitement à leurs coreligionnaires (3). Les familles jtaves venaient leur apporter leur vaisselle et ustensiles de cuisine, qu'ils ébouillantaient pour les rendre cachère

Le produit des enterrements était le principal revenu des Habérim. Ils en remettaient le quart aux Gueboyim, comme il est dit plus haut. Mais le Consistoire intervint pour mettre fin à cet état de choses. Il décida que les recettes seraient partagées entre les Habérim et les Gueboyim..

Il n'existait alors aucun tarif des inhumations. Et les Habérim spéculaient sur les familles qu'un malheur frappait; ce qui donna lieu à de violentes discussions au sein de la Communauté. Le Consistoire, donna satisfaction à tous, en créant des classes de funérailles. Les familles purent ainsi choisir la classe qu'elles désiraient.

En mars 1854, on publia un nouveau Règlement en vertu duquel le Service des Pompes funèbres fut rattaché à l'Administration.

Les Habérim eurent entre autres attributions, celle d'assister aux fiançailles et à la célébration du mariage religieux de leurs coreligionnaires (4).

Ils rendaient visite aux nouveaux époux et à leurs familles pour les féliciter (5).

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(1) Les Docteurs de la Loi Juive plaçaient au premier rang des devoirs de charité et de. piété. les derniers devoirs à rendre aux morts.

L'incinération est interdite chez les Israélites.

(2) Ce repas est composé d'œufs durs soupoudrés de cendre.

(3) Les harosset sont des boulettes faites avec un mélange. de figues. de dattes et d'épices, que l'on mange Ir soir du Seder.

 (4) En 1887, le. Consistoire d'Alger supprima la traditionnelle cérémonie nocturne du mariage appelée « Hadoua ». ElIe a lieu maintenant pendant le jour, avanv la bénédiction nuptiale ou « Kiddouchine Depuis seulement quelques années, tous les mariages Israélites sont bénis à la synagogue, par des Rabbins, officiellement désignés et en tenue. Un tarif des mariages est en vigueur, depuis plusieurs années. Les indigents ne payent rien.

(5)) Aujourd'hui encore, le sarnedi matin après l'office religieux. les Habérim vont rendre visite aux pères de nouveaux nés, et aux parents dont les enfants ont célébré « les téphilines » , ou Majorité Religieuse.

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 (l) Traduction d'une brochure anonyme, sans date. en Judéo-arabe, et conservée aux Archives du Consistoire Israélite d'Alger.

(2) L'organisation de ces corporations remonte au XIVe siècle, au cours duquel, fut fondée la Communauté Juive d'Alger.

(3) Le jour du sixième mois de l'année religieuse hébraïque (vers aoùt-septembre) .

(4) L’œuvre de Bienfaisance fut administrée jusqu'en 1899 par un Comité composé d'environ 20 membres.

Pour en savoir plus

https://www.bibliotheque-numerique-aiu.org/tous/item/16218-apercu-sur-les-israelites-algeriens-et-sur-la-communaute-d-alger