Par Albert Bensoussan
Cette Synagogue, la plus belle de la communauté d'Alger, avait été édifiée par Napoléon III (au 19e siècle) sur un terrain libre — Place Randon, plus tard Place du Grand-Rabbin Abraham Bloch — et remise à la communauté.
Tous la considéraient comme un joyau architectural : extérieurement, l'édifice à deux étages, tout blanc et de style mauresque, présente grande porte sur toute la façade et deux petites portes, de part et d'autre, toutes en bois massif.
Elles sont surmontées d'auvents en tuiles décoratives de couleur et supportées par des corniches volantes.
Le dôme de l'édifice est de style andalou. Une volée d'une dizaine de marches sur toute la façac sépare l'entrée de la rue. Plus tard une grille de fer forgé a été installée au bas des marches pour empêcher les vendeurs arabes du marché d’en face de venir y étaler leurs marchandises.
Intérieurement, tous les ornements étaient faits de bois ciselé et dentelé : la Téba à gauche en entrant sur toute la largeur du mur, le Hékhal (l’Arche sainte), les bancs, la Ezrat Nachim (galerie des dames) sur deux étages tout autour de la Synagogue, toute en arches. Un lustre monumental était suspendu au-dessus de la Téba.
Des deux côtés de cette Téba, deux plaques commémorant l'héroïsme des enfants juifs d'Alger morts pour la France durant la Grande Guerre avaient été solennellement inaugurées le 11 novembre 1922.
Jusqu'à son saccage en décembre 1960, la Grande Synagogue était toujours restée au culte, même pendant les événements. Depuis cet acte de vandalisme, plus rien ne subsiste à part les murs.
Cette Synagogue contenait de nombreux ouvrages de très grande valeur, des objets de culte précieux, des manuscrits - notamment ceux de Ribach, Rachbats et Rachbach - , et surtout un ou plusieurs Sifré Torah qui, selon la tradition, avaient été ramenés d'Espagne par nos Rabbanim.
C'était la seule Synagogue d'Alger qui possédait un orgue monumental, lequel n'a jamais fonctionné le Chabbat ou les jours de fête.
Aujourd'hui l'édifice est transformée en mosquée.