Imprimer
Affichages : 2145

Caroline Elishéva REBOUH

LE MARIAGE DES COHANIM :  les fêtes le talion et le blasphème

La parashat Emor est très riche en sujets traités : la Torah expose en détail les règles concernant les mariages des pontifes qu’il s’agisse du Cohen "hédiote" ou du Cohen "gadol". Le Cohen n’a pas le droit d’épouser une femme autre qu’une vierge, ni une veuve ni une divorcée ni une fille aux mœurs dissolues car, le Cohen dans l’exercice de ses fonctions doit sauvegarder la pureté et la sainteté des lieux, des objets et des choses. Le verset 7 énonce :

"אישה זונה וחללה לא יקחו" Une femme prostituée ou déshonorée ils n’épouseront point.

Ainsi sont exclues du mariage aux Cohanim les femmes veuves ou divorcées et/ou converties à moins qu’il ne s’agisse d’une fille de convertis. 

Cependant une veuve est permise à un cohen "hédiote" alors que seule une veuve d’un cohen peut être permise à un cohen gadol. La parasha précédente : Kedoshim montre à quel point il est important de sauvegarder la pureté et la sainteté des actes faits dans le Temple et, pour HaKadosh baroukh Hou et pour préserver cette pureté morale et matérielle il convient par conséquent d’édicter des lois ayant trait aux mariages comme cela a déjà été exposé et a fortiori pour ceux qui sont les gardiens du Temple et du culte.

Si un cohen veut absolument se marier avec une femme qui est incompatible à son rang et à ses fonctions, les rabbins avaient décidé de déchoir le cohen de ses fonctions en rappelant toutefois ses anciennes fonctions par un patronyme composé des cinq lettres initiales des cinq mots compris dans les cinq premiers mots de ce verset : א-ז-ו-ל-י . Selon les contrées dans lesquelles ces unions ont été consacrées, les noms adoptés pour signaler ces cohanim déchus de leur pontificat sont variables cela peut-être : Barkan (fils de cohen) ou Kessous ou encore Allal ou Hallal, Abitan, Azoulay, etc..

Il n’empêche qu’un Cohen déchu et Talmid Hakham sera considéré pour ses connaissances mais ne pourra servir au Temple.

Nous avons vu dans les règles concernant les sacrifices qu’aucune bête ayant un défaut qu’il soit léger ou important, ces bêtes ne seront pas offertes en sacrifice et tout ce qui sera offrande ou sacrifice sera parfait. C’est ainsi que dans le moindre acte nous devons rechercher ce qui existe de mieux, de meilleur, de plus beau et de plus pur.

Un Cohen souffrant d’une infirmité ou ayant une profession incompatible avec son service pontifical sera exempté de faire son service au Temple bien qu’il jouisse des mêmes prérogatives que les autres cohanim concernant la consommation des offrandes par exemple et des tâches subalternes lui seront confiées. Les défauts corporels sont largement énumérés du plus simple comme des sourcils trop fournis au plus complexe comme avoir un membre estropié ou encore un teinturier qui aurait des doigts colorés ou des pieds disgracieux ces personnes seront dispensées du travail pontifical car un défaut physique pourrait entraîner un manque de concentration de la part des autres cohanim et par conséquent un manque de ferveur ou de kavanoth (intention) ou d’application.

Il en va de même non pas seulement dans ces étapes de la vie, mais même lorsque surviennent des accidents, nous devrons nous conduire de la manière la plus adéquate possible. La loi du Talion : œil pour œil dent pour dent.

Elle est souvent représentée comme une poursuite, ou comme une vengeance mais au contraire : lorsque la Torah énonce œil pour œil, c’est que, celui qui a créé un dommage à son prochain, le tribunal devra estimer quel est ce dommage causé à quelqu’un qui fonctionnait pleinement et qui devra faire face dorénavant à un manque à gagner à cause d’un dommage causé. Ce que la Tora énonce n’est donc pas d’arracher une dent à celui qui aura causé la chute d’une dent mais d’évaluer le dommage causé le cas échéant.

LE BLASPHEMATEUR 

Un problème se pose vers la fin de la péricope il va s’agir des pains de proposition qui doivent être disposés sur la table de proposition et ne seront renouvelés que neuf jours plus tard. Le commentaire s’étonne : le Roi ne consommera-t-Il pas du pain frais ? C’est alors que survint un cas : un homme sort d’entre les autres…….

Le texte nous précise que sa mère est juive mais pas son père, qui est égyptien et cela pose un très gros problème : car lorsqu’une fille se marie elle abandonne sa famille et la tribu dont elle est issue et y abandonne ses droits d’héritage. En conséquence, les droits d’héritage sont patrilinéaires et, cet homme, fils de Shlomit, fille de Dibri de la famille de Dan n’a aucun droit sur les territoires de Dan ni dans le camp de Dan.

Dans le livre des Nombres, nous avons assisté à "l’affaire" des filles de Tselofhad qui n’eut que des filles et qui ont su présenter leur argumentation et ont eu gain de cause et ont eu leur héritage en terres appartenant à leur père mais ici, cet homme n’a pas su présenter les choses et, de force, il s’est installé dans le camp de Dan auquel intrinsèquement parlant Shlomit sa mère n’avait plus droit. S’il y avait mis la forme il est fort possible que le tribunal ait statué en sa faveur et il n’eût pas été chassé. En conséquence, il a été exclus du camp mais il s’est automatiquement senti exclus et en tant que tel il s’est permis de railler. Autre explication de R’ Lévy selon Vayikra Rabba, "il est sorti" signifie qu’il est sorti de son monde en tirant un parallèle avec le verset ayant trait à Goliath (Samuel I – chap. XVII, 4) et, d’après le Sifra : Cet homme serait sorti du tribunal de Moïse.

Le commentaire de R’ Lévy est intéressant : Il part du principe que l’homme est un microcosme et le fait d’être sorti cela revient à dire qu’il est sorti de son microcosme, de son monde à lui et, pour R’ Lévy, puisqu’il n’est Juif que de mère il n’a peut-être pas compris les mitsvoth de la Torah ni concernant les pains de proposition ni concernant les lois de l’héritage et, ne sachant pas être son propre avocat, il s’est enflammé et a blasphémé. En tant que coléreux, il est "sorti" de sa condition d’homme et s’est rendu abject comme un animal sauvage qui n’a ni foi ni loi.

Caroline Elishéva REBOUH