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     (26) L'intégration en Algérie au 14ème siècle

                                                                                          

                                  Par

             

                      Didier NEBOT

 

 

 

Rivalité au sujet de la prise de direction à Alger

L'une des réponses de rabbi Itshak bar Chéchet nous permet de comprendre d'importants détails relatifs à la relation du Gouvernement algérien et de la population musulmane en Algérie à l'égard des réfugiés juifs d'Espagne, de leur intégration, du statut du Ribach, de l'attitude générale et spirituelle de la première génération de Juifs venus trouver refuge en Algérie et des relations entre eux.

 

Cette réponse débute par une question simple posée au Ribach : les dirigeants communautaires sont-ils compétents pour établir des décrets qui limiteraient la compétence du Sage s'il venait à promulguer un hérem, soit une excommunication. Dans ce cas, ils ne seraient appliqués qu'à la suite d'une demande des dirigeants communautaires ?

 

La question : au sujet d'un disciple excommunié à vie : la communauté a-t-elle le droit de retirer la force que D.ieu a placée en lui par l'établissement d'un din-thora et d'un décret de nos Sages ? A savoir, la communauté a-t-elle le droit d'établir un décret d'excommunication selon lequel nul sage ne pourra établir un herem sur quelqu'un si ce n'est qu'après avoir obtenu l'accord des notables de la kehila, soit la communauté ? Par voie de conséquence, l'excommunication ne serait pas valable sans cela...

 

Le Ribach répond que si l'intention des dirigeants communautaires est pure et limpide, dégagée d'obstacles, il est de leur ressort d'établir ce décret.

 

L'auteur de la question n'est pas satisfait et surenchérit du fait qu'il a entendu qu'à Alger, les dirigeants de la communauté avaient établi un certain décret auquel le Ribach s'était opposé. Dans sa réponse, le Ribach commente l'intention de sa décision : « Pour en revenir à ce que vous m'avez demandé, à savoir que vous avez en votre possession une lettre affrmant que la communauté voulait émettre un décret auquel je me suis opposé. Je vais vous avouer le fond de ma pensée. Si untel désire diriger la communauté et veut, pour cette raison, me faire quitter la ville, il commence par me critiquq En effet, il a vu que l'assemblée me donnait de et avait confiance en moi, notamment pour ce qui concernait la communauté. Il se mit à m'injurier sans cesse, notamment à Majorque. En outre, il dédaignait les Sages de la ville et les tournait en dérision. »

 

Le Ribach, par la force de son charisme, avait une grande influence sur le public, lequel l'écoutait et lui demandait conseil tant pour des questions personnelles que d'ordre général. Cela agaçait grandement un certain personnage de la ville qui désirait prendre les rênes du pouvoir. Or, apercevant le Ribach à cet endroit, il en fut très embarrassé car il ne pouvait plus atteindre son objectif. Pourquoi le Ribach n'a-t-il pas voulu mentionner son nom ? Il semblerait qu'entre le Ribach et cette personne existait une rivalité, imperceptible aux yeux du peuple. Par ses propos, nous comprenons que cet individu habitait Majorque où, même là-bas, il avait pris l'habitude de mépriser les Sages. Le Ribach continua : « lorsque ce dernier arriva Alger, dès le début, il ne cacha pas son intention de diriger la communauté aussi son désir de me faire quitter la ville l'incitèrent à me critiquer On comprend que le Ribach était installé à Alger.

 

Ce personnage réussit, après une courte période, à se frayer un chemin au sein de la communauté et tisser des liens avec le gouvernement. Il intrigua auprès du gouvernement et parallèlement, poursuivit le Ribach et s'efforca de le mépriser et lui faire honte dans l'opinion et alla même jusqui insister auprès du gouvernement pour le chasser de la ville Le comportement de ce personnage envers le Ribach suscita l'énervement de la communauté ou du moins d'une partie d'entre elle. Parmi eux se trouvaient des personnalités influentes qui se

dressèrent contre lui et voulurent l'excommunier en raison de son mauvais comportement. Cependant, le Ribach, magnanime, les en empêcha.

 

« A de nombreuses reprises, les grands de l'assemblée se réunirent afin de l'excommunier en raison de l'humiliation et des injures qu'il proférait, et moi, j'empêchais cela en leur disant qu'après avoir subi ce dont nous avons été victimes, nous ne devons pas agir avec la même tyrannie mais il convient au contraire de tendre la joue à ceux qui veulent nous frapper et peut-être que de cette façon on obtiendra le pardon. A savoir, une génération marquée par le sacrifice de dizaines de communautés juives florissantes en Espagne et la conversion de dizaines de milliers de Juifs, nous avons le devoir de nous conduire pudiquement et de subir les affronts et les injures sans souffler mot. Peut-être que ce genre d'humiliation apportera le pardon à l'ensemble du peuple juif pour avoir renié sa religion.

 

Il est possible aussi qu'il fasse allusion au fait que dans presque chaque famille, ce phénomène de conversion existe. En effet, toute famille, au sens large, a subi un cas de force majeure et peut-être même, plus grave que cela. Par conséquent, nous n'avons pas le droit de nous comporter en despotes et d'exiger le respect ».

 

Il conseilla, à celui qui veut son bien, de rester serein et de passer sur les affronts de cet untel.