logo_transparent1.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Le dernier jour… 

Moi Yolande A.T., j’ai tout juste quinze ans en octobre 1941 et, à la fin des vacances scolaires, je dois entrer en classe de quatrième de l’Ecole Primaire Supérieure de jeunes filles rue Lazerges à Alger, dans le quartier Nelson, tout près de la mer… Je suis très contente de retrouver mon école, mes camarades mais dès le premier jour, notre directrice entre dans notre classe et l’air embarrassée, la mine sombre, elle nous annonce qu’il ne nous est plus permis, à nous enfants juifs, de nous présenter au collège jusqu’à nouvel ordre.

Pourquoi cette exclusion brutale ? Pourquoi cette humiliation ? Totalement incompréhensible pour une jeune fille de mon âge. Il fallait se plier à la loi du 22 juin 1940 qui abrogeait le décret Crémieux en vigueur depuis octobre 1870 qui retirait les droits de citoyens français aux juifs d’Algérie.

Après ce bref préambule, la "Didi" commence à égrener les noms des indésirables : chacune de nous se lève à l’appel de son nom, stupéfaite, abasourdie, un vrai coup de massue !

De quoi étions-nous coupables pour nous humilier ainsi et nous infliger une telle punition ? Pourquoi ce renvoi ? Nous avions le tort d’être nées de parents juifs. Quelle injustice ! J’étais très vexée et très en colère…Pas Française alors que trois de mes oncles sont morts pour la France en 1914, tombés au champ d’honneur, comme on disait alors. Où (il) était passé l’honneur de cette France que nous aimions tant ?

J’ai aimé surtout le français, une si belle langue, le sport, la lecture, et j’ai emprunté souvent des livres à la bibliothèque du jardin Marengo, tout près du lycée Bugeaud. En un instant notre univers quotidien s’est effondré…

L’espoir est venu de personnalités de la communauté juive qui ont accueilli, dès la rentrée scolaire d’octobre 1941, dans des locaux de fortune, des enfants juifs chassés des écoles. A Alger, rue Emile Maupas, dans la basse Casbah, au cœur de la ville arabe, près de la cathédrale et de la Bibliothèque nationale, dans un palais mauresque désaffecté et en ruines, a été ouvert un lycée mixte qui a accueilli près de six cents enfants, de la classe de sixième à la terminale.

Là, une trentaine de professeurs juifs eux-mêmes privés de leur poste a dispensé son savoir. J’ai été élève de ce grand lycée d’octobre 1941 à 1942 et je suis entrée en quatrième avec de nouveaux professeurs, dans un nouveau quartier, dans une ambiance studieuse. Une vraie ruche ! Insouciance de la jeunesse !

Le 8 novembre 1942, l’Opération Torch menée par un petit groupe de résistants juifs pour la plupart occupe tous les points stratégiques d’Alger pour permettre le débarquement des Américains 

Ainsi, grâce à cette poignée d’hommes résolus et courageux, la guerre prenait un nouveau tournant. Après des jours incertains, le gouvernement de Vichy abandonnait l’Algérie et le décret Crémieux était rétabli en 1943. Cette même année je suis revenue dans mon ancienne école et j’ai préparé mes examens pour passer avec succès mon brevet élémentaire supérieur. Dès octobre 1943, j’ai obtenu un poste dans l’Administration publique française et j’y ai fait carrière jusqu’à ma retraite. Un long parcours…

En évoquant cette période noire j’ai gardé dans mon cœur un sentiment d’immense gratitude envers ces maîtres du lycée Maupas qui, dans des circonstances aussi dramatiques et en bravant le danger, ont pu nous transmettre leur savoir et le goût de l’étude et par leur attitude exemplaire nous ont donné une leçon de courage : "Ne jamais se laisser abattre malgré les épreuves. Ne jamais courber l’échine devant l’injustice". Je n’ai jamais oublié cet enseignement ni le ciel bleu de mon Algérie natale…

L'école Lazerges en 1932 Collection Roger COHEN-SOLAL

Commentaires

1. Médioni Georges - Jeudi 19 décembre 2013

Le dernier jour ! Comme Yolande-Anaïs T. moi en octobre 1941 j’avais cinq q ans c’était mon premier jour d’école à la maternelle rue de la Liberté à Alger (la bien ou mal nommée au choix), je me souviens, assis au premier rang, sur un carré de feutre je faisais du « piquage », à côté de ma camarade Michelle Canoui.

Je ne sais pourquoi je me souviens d’elle et pas d’autres enfants. , comme pour Yolande-Anaïs la directrice est rentrée dans la salle a appelé quelques enfants nous a demandé d’attendre dans la cour nos mamans. À onze heures. Pétain avait fait appliquer le numérus-clausus et j’étais privé de l’école de la République. Sur les trois enfants que nous étions seule notre sœur ainée a continuée à aller au Lycée Delacroix rue Michelet mon père étant ancien combattant (pour l’anecdote .elle a reçu une photo dédicacée du traitre).

Mon autre sœur et moi-même avons fait jusqu’à la libération notre scolarité à l’école Maïmonide rue de la lyre dans un immeuble mis à la disposition de la communauté par la famille Marchina. Les mêmes lois de Pétain avaient mis les commerces juifs sous séquestres d’administrateurs de biens. Le huit novembre 1942 jour du débarquement, sous la canonnade nous habitions près du port, vers six heures du matin l’administrateur a sonné à notre porte demandant à mon père de lui délivrer un certificat de moralité ce qui bien entendu lui a été refusé.

Une autre anecdote familiale, Le cousin germain de mon père médecin militaire victime des lois de Vichy a subit la double peine, démis de ses fonctions comme juif et comme profession libérale. Rétabli dans ses droits il a terminé sa carrière comme amiral médecin chef pour les trois armes. Le comble de l’histoire il a dû aller constater l’état de santé de Pétain à l’ile d’Yeu.
 

2. Gozlan lucien – Mardi 22 octobre 2013

Bonjour Madame Yolande Anais T.,

Il devrait y avoir de nombreux témoignages comme le votre tellement on ressent de l’émotion dans votre récit. Moi, j'ai une autre histoire entendue dans une commémoration en Israël. La personne qui raconte est à l’école de la rue Rochambeau dans le quartier de Bab el Oued à Alger.

Vient ce fameux jour de l’élargissement des élèves dont les noms ont une consonance juive. C’est à l’école des garçons, le directeur entre dans la classe, il épelle les noms juifs, leur demande de rassembler leurs affaires et de sortir de la classe.

Il reste les autres...!!!! Le maîre déclare : " ils m’ont enlève les meilleurs élèves, il ne reste plus que les cancres...?????" 

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

MORIAL - Association loi de 1901 - Le nom MORIAL est déposé à l'INPI © 2011 Tous droits réservés
Site réalisé Avec joomla Conception graphique et développement : Eric WEINSTEIN