logo_transparent1.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Mon frère Paul Hadida, assassiné le 14 mars 1962

par Suzanne Hadida, transmis par Sydney Chouraqui le 4 mars 2012

 

                                           Paul et Suzanne enfants (1946)       (1956)                (1962 peu avant sa mort)
                                                                                           Portraits de Paul Hadida

                                                            
                                                         

 --------------------------------------------------------------------------------------

Mon frère Paul Hadida est né à Oran le 1 avril 1932.Il était le fils de Samuel Hadida et de Sarah Cohen. Il s'est marié avec  Claire-Josette Bergel et a eu 2 enfants Jean ne en 1959 et Hélène née en 1960.

 Nous avions 9 ans de différence, mais nous étions très proches.Il jouait a la perfection son rôle de grand frère  protecteur, pédagogue, jamais autoritaire et toujours sympa.

 Il avait  un regard lumineux .des yeux verts d'eau que je retrouve par exemple chez le comédien Gad El Maleh.Il portait ce regard plein d'affection et de tendresse sur beaucoup de gens .Il leur accordait une confiance a la limite de la naïveté et de l'inconscience. 

Ce sont ces trois qualités : l'amour  la confiance  et la naïveté, qui ont causé sa perte et entrainé son funeste destin.

 Il a tellement aimé  mon père décédé en 1959 qu'il n'a pas pu supporter d'abandonner son entreprise. Avec l'accord de mon demi frère et de ma demi sœur il en est devenu le gérant à sa mort. Mieux, il a racheté les parts de ses associes et il a pu avoir la fierté de devenir le directeur de cette entreprise que notre père avait créée. Pourtant, dès cette époque, de nombreuses personnes lui disaient que c'était de la folie, qu'il valait mieux partir en France quelque temps avec sa famille, et qu’avec son diplôme d'expert comptable ,il pourrait y trouver du travail.

 Lui qui était si gentil et de bonne composition,  se fâchait « tout rouge »  car il ne supportait pas qu'on lui tienne un tel discours : pour lui abandonner l'usine,
c'était abandonner son père, abandonner son Algérie ses deux  amours. Il pressentait peut-être que s’il partait, il ne reviendrait jamais.

Car son deuxième amour, c'était l'Algérie en laquelle il plaçait toute sa confiance, tout son espoir. Il avait une foi totale en l'avenir. Avec peut- être
trop d’intelligence, il imaginait une Algérie plurielle où toutes les communautés auraient leur place : tous des « pieds- noirs » (comme on dira plus tard). 

A ma connaissance, c’est un terme qu’il n'employait jamais, de même que « colon » ou « situation coloniale ».Je n’ai entendu ces mots qu'a mon arrivée en France et à la souffrance il a fallu ajouter la honte et la culpabilité. Il aurait été bien étonné de les entendre, lui qui rêvait d'une Algérie ou toutes les composantes auraient été rassemblées : Arabes, Berbères, Juifs, Espagnols,  Alsaciens, Français dits de souche ou pas.

 Pourtant, ces prises de position ne lui procuraient que des ennuis :

Au début, il a reçu des lettres de menace anonymes. Ensuite il a été racketté aussi bien par l’OAS que par le FLN. Lui qui était si idéaliste ne s'en sortait pas entre les faux révolutionnaires et les vrais escrocs .Il devait sans cesse les payer.

Il se faisait tellement de souci a ce sujet que, d'après ma belle sœur, les derniers temps il  avait des insomnies  et faisait des cauchemars. 
Il n'empêche qu’il n'a jamais voulu se départir de son optimisme beat. Il a persisté à vouloir rester en Algérie et n ‘écoutait pas ceux qui l'exhortaient à partir .

Enfin après la  confiance absolue, c’est une naïveté totale qui l’animait :
Au bout d'un certain temps, les camionneurs qui transportaient ses marchandises du port jusqu'à l'usine ont refusé de le faire, estimant que c'était trop dangereux .

Qu'a cela ne tienne ! Il a acheté un camion. Le 14 mars 1962  il est parti lui même au port au volant  du camion qu'il venait juste d'acquérir pour chercher la marchandise.

 Oui ! il est parti.et il est même revenu au mépris du danger.

Quelles ont été ses pensées a ce moment là ? .Il a du  sans doute se dire que tout allait bien, que c'était lui qui avait raison. Parfois, je l'imagine heureux comme un gosse au volant de son beau camion .A son retour, dès qu'il a franchi le seuil de la cour de l'usine, il a été assassiné. Par qui ? Pourquoi ? On ne le saura jamais.

C'était , comme ma mère, un excellent pianiste.

Il jouait du piano debout. Il  faisait le pitre. Je l'admirais. Je l'aimais.

J'ai  aujourd’hui 71 ans .
Mon grand frère est devenu mon petit frère.

Mais il a cinq petites filles à qui je dédie ce texte :

Nili Hadida Ben Meir dite Lily Wood , victoire de la musique 2011, dont il aurait été très fier, 

Coralie et Julie Gamet

Salomé et Sacha Hadida.

 Et pour lui, pour mon oncle Paul Cohen, frère de ma mère, mort en déportation,

pour toutes les victimes de la barbarie humaine, je dis : zakhor al tichkah souviens toi n'oublie pas.

Suzanne Hadida

Mars 2012

Article de Presse et avis de décès parus dans les journaux lors de l'attentat.

 

paul-hadida-avis-de-deces.jpg

 

Commentaires (3)

 
  • 1. gozlan lucien | Mer 13 Fév 2013

Paule bonsoir,
Curieuse coincidence puisque vous avez donc rencontre cette dame au colloque du 21 novembre 2012 a Paris et vous lui ecriviez le 4 novembre 2012.
Vous m en avez parle et vous m avez donne son mail lorsque j etais a mon domicile du cote de Marseille.....
De coincidences en coincidences...
Je lui enverrai un message a Bat Yam...
Lucien Gozlan

 
  • 2. Paule Atlan | Dim 04 Nov 2012

Poignant témoignage, nécessaire. C'est bien que les langues se délient car nous, Juifs d'Algérie, ne savions pas comment faire connaître notre histoire. Mon père a aussi été assassiné le 1er septembre 1956, d'une balle dans la tête pendant qu'il ouvrait le rideau de son magasin Place de Chartres. Le terrorisme anti-juif a donc commencé très tôt mais personne ne voulait le croire, sauf ma mère qui a plié bagages en 8 jours après l'enterrement et nous a fait tout quitter avec une simple valise pour chacun en laissant tout sur place, je vous laisse imaginer la souffrance...

 
  • 3. STESSIN EVELYNE née MEDIONI | Jeu 09 Août 2012

chère Suzanne ,le récit de l'assassinat de ton frère est poignant et nous sentons bien
que tu en portes encore la cicatrice .Pourtant tu n'es ni révoltée ni amère et tu as
eu le courage d'aller travailler en Afrique pour continuer les rêves de ton frère .
Que ton alyah soit la page enfin pacifiée.
Comme je te l'ai dit ,mon cousin germain,Claude Médioni, qui devait avoir environ
25 ans a lui aussi été assassiné à Oran ,en pleine matinée pendant son travail.
il livrait les Cafés Gilbert, dans le quartier juif ,derrière le théâtre .
Nous étions dans l'hiver 61/62 et j'étais étudiante à Paris,prostrée de chagrin.
Lui aussi avait de superbes yeux verts ,ses parents zt son frère ont dû se 
"réfugier" en France ,comme nous tous ,mais ils sont retournés chercher la 
dépouille de leur fils et le faire enterrer ,à Lyon ,il me semble .
Nous ne les oublions pas .Q ue nos prières fassent que ces horreurs ne recommencent jamais!

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

MORIAL - Association loi de 1901 - Le nom MORIAL est déposé à l'INPI © 2011 Tous droits réservés
Site réalisé Avec joomla Conception graphique et développement : Eric WEINSTEIN