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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Cet ouvrage de 125 pages est paru chez l’éditeur Les Presses du Midi le 13/06/2010  

Extrait du livre d’Hubert Zakine

La ruche s’éveillait à peine. Brahim, le mozabite, retirait, un à un, les panneaux de bois, fraîchement repeints en bleu ciel, qui ouvraient son échoppe en espérant une belle et bonne journée.

Trapu, le visage rond couronné d’une barbe indisciplinée, un regard bleu comme l’azur, l’épicier de la casbah d’Alger faisait partie des figures de ce quartier.

Le premier ouvert et le dernier fermé, ce commerçant venu de son lointain M’zab offrait les denrées indispensables à une clientèle besogneuse illustrée par les mères de famille nombreuse qui habitaient le quartier.

L’utile pas le superflu ! Ici, les bougies aux coloris acidulés côtoyaient les sacs de jute débordant de légumes et de fruits secs où se promenaient quelques "tribus" de charançons ; là, les boîtes de veilleuses du shabbat jouaient les équilibristes sur des boîtes de conserve cabossées ; ailleurs, des effluves d’épices orientales se mêlaient à l’odeur suave des bouteilles de « Roja Net ».

C’était une invitation au voyage des sens où le hareng séché se parfumait de menthe fraîche, où les bonbons à la fraise attiraient les petits larcins de gamins en goguette, où le crédit s’écrivait en lettres majuscules pour certaines familles et en minuscules pour d’autres. La chéchia éternellement rivée sur un crane en panne de cheveux, une bouille toute en rondeur et en bonhomie, Brahim était l’épicier de la casbah dans le plus pur style des bazars-capharnaüms de l’époque ottomane.

Pour tout le quartier, il était le mozabite, voire le "moutchou" sobriquet hérité de nulle part et de partout, péjoratif pour certains, paternaliste pour d’autres, bon enfant pour tout le monde.

Richard, le fils aîné de la famille Durand lança un fragile bonjour à Brahim et sans tarder, franchit l’entrée de Blanchette, le marchand de beignets arabes. L’antre de ce commerçant, pas comme les autres, tenait plus du "boui boui" que d’une cuisine aménagée pour la confection de ces "friandises" huilées, symboles de la casbah musulmane, qui se dégustaient natures, sucrées ou salées, à toutes heures du jour et de la nuit.

En effet, il n’était pas rare que, soumis à une envie folle de "se taper" quelques beignets, une famille du coin réveillât le pauvre Blanchette pour lui demander, avec mille précautions et salamalecs, d’exercer son talent. Alors, après avoir maugréé pour la forme, l’ensommeillé enfilait son habit de magicien aux doigts d’or. Avec une dextérité incomparable, il pétrissait sa pâte, en confectionnait de petites boules et après les avoir aplaties de sa main grande ouverte, il les lançait dans l’huile surchauffée d’un geste auguste et tournoyant. Une fois frits, il les sortait à l’aide d’une baguette de fer, courbée à un bout afin de bien les saisir, les enveloppait dans un papier absorbant puis, satisfait de son travail, il allait se recoucher.

--« Tekssar, Blanchette ! Ma parole d’honneur, tié un artiste ! »

Comme tous les matins, Richard remplissait sa tâche journalière avec d’autant plus d’entrain qu’il adorait les beignets arabes qui remplaçaient avantageusement les tartines de pain beurrées.

Etudiant au lycée Bugeaud, il se voyait exempté de toute autre corvée, se réservant pour la réussite de ses études que ses parents espéraient brillantes. La réussite au certificat puis à l’examen d’entrée en sixième, puis en cinquième, au lycée représentait une première étape importante pour Richard. Les deux premières années s’étaient déroulées le mieux du monde et, à présent, il allait en découdre avec les « grands de quatrième », un an avant le B.E.P.C.

Il monta les escaliers deux à deux, poussé par son désir de se « morfaler » un beignet mais aussi par la chaleur à la limite du supportable de ce paquet huileux qui lui brûlait les mains. Pourtant, chaque jour, il préparait le filet à provisions mais excité par la "gobia" il se ruait chez Blanchette, les mains vides.

Toute la famille l’attendait comme le Messie pour commencer le rituel du petit déjeuner à la juive. Café au lait, beignet arabe, pain juif beurré, galettes à l’anis ou une pâte de coing pour terminer dans la douceur d’une sucrerie.

 
 

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