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Discours prononcé par Serge Dahan, Président de MORIAL, qui a représenté le Président du Crif lors de la cérémonie de mai 2017.
"Monsieur le Président de l'Association culturelle des harkis d'Ile-de-France, Monsieur le représentant du Maire de Paris, Monsieur le Maire adjoint du XIXème arrondissement, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le représentant du président de la FNACA, Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant, Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un honneur d’être parmi vous aujourd’hui afin de rendre hommage aux harkis, à ces combattants qui ont défendu la France ses valeurs de Liberté, d’Egalité, et de Fraternité.
Il y a 55 ans, les mois qui ont suivi les accords d'Evian du 18 mars 1962 furent ceux des représailles pour les harkis.
Entre 55.000 à 75.000 harkis, ont été abandonnés en Algérie et ont été victimes de massacres sanglants.
Les 60.000 Harkis accueillis en France l’ont été dans des conditions indignes, astreints à des travaux pénibles sans aucune perspective professionnelle.
Nous nous éloignons de ces événements mais sommes conscient de la lourde responsabilité dans ce devoir sacré de mémoire que nous partageons. Dans cette obligation morale de témoigner de ces événements, dans cette nécessaire transmission pour tirer les leçons du passé
Ce devoir de mémoire consacré par le Président Hollande le 25 septembre 2016, lorsqu’il a reconnu les responsabilités des gouvernements français dans « l'abandon des Harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France. Telle est la position de la France ».
C'est donc avec une émotion sincère que je prends la parole au nom du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France, dans ce Parc de la Butte du Chapeau Rouge devant ce mémorial dédié aux victimes de la fin de la Guerre d’Algérie, afin de se souvenir de ce qu’a été votre drame après la signature du cessez-le-feu en mars 1962.
Nous Juifs de France sommes les héritiers d'une des pages les plus sombres de l'Histoire, et c'est au nom de cette histoire, et de notre devoir de vigilance que le C.R.I.F a été très tôt attentif au sort et à la destinée des harkis et de leurs familles.
Lors de l’édition 2015, c’est l’actuel président du CRIF, Francis KALIFA qui avait prononcé, ici même, devant ce mémorial, un grand discours d’hommage à notre regretté André WORMSER, membre éminent du CRIF, que les familles de harkis considèrent aujourd’hui comme un juste parmi les justes dans cette page sombre de l’Histoire qu’a été le drame des harkis.
André WORMSER, comme d’autres personnalités israélites de France, ont œuvré en ce sens. Je pense notamment à Dominique SCHNAPPER, la fille du grand philosophe Raymond ARON, qui a régulièrement pris position dans les médias ces vingt dernières années en faveur d’une réelle reconnaissance par l’État du drame des harkis.
Déjà en 1999, dans une tribune publiée dans le Journal « Le Monde », elle écrivait : « Les juifs resteront toujours reconnaissants à Jacques Chirac, président de la République, qui a reconnu la responsabilité de la France dans le statut des juifs d'octobre 1940 et dans les déportations. Jacques Chirac a compris que les fautes refoulées et les mensonges empoisonnent la vie de la démocratie. Ce que les juifs ont demandé et obtenu, les enfants de harkis le demandent ».
En cette période où le discours des extrêmes s’installe dans le débat national, la population des familles de harkis, le Crif comme d’autres composantes de la société française, ont su faire la preuve de son attachement aux valeurs de la République
Aussi, à l'heure où nos valeurs républicaines sont désignées comme ennemis et combattues avec fanatisme
A l‘heure d’un changement politique majeur dans notre République, dimanche prochain, la France aura un nouveau Président qui a exprimé une ambition pour la mémoire des harkis et les autres mémoires issues de la fin de la Guerre d’Algérie
Il nous faut exprimer notre désir d'avancer ensemble dans ce domaine complexe de la rencontre avec l’autre et de la recherche d’un « vivre ensemble », d’un « faire ensemble » qui reposent sur le respect de la diversité
OUI nous devons nous unir pour vaincre la haine et défendre les valeurs républicaines
OUI nous devons ensemble enseigner une mémoire vivante, une mémoire combattante pour que ces tragédies ne se répètent pas
OUI nous devons nous approprier cette maxime des pères "Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ? Et si pas maintenant, quand ?"
OUI devant ce mémorial, je veux citer Victor Hugo "Mes amis retenez ceci, il n'y a ni mauvaise herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs", devenons ces bons cultivateurs pour un avenir construit et non subit
Je vous remercie »
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On parle de nous sur : "Actualité Juive" N°1412 du jeudi 24 novembre 2016, page 38.
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