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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Quand Jules Isaac et Emmanuel Levinas faisaient un voyage à Oran (1954)

Jacques Lazarus, alors âgé de trente ans, débarquait en 1946 à Alger Après un riche passé dans la vie communautaire juive française, alsacienne principalement, et aussi un passé de résistant dans l'armée juive de combat, dont il fut un des principaux chefs durant la Seconde Guerre mondiale.

Commençait pour lui une période d'activité juive communautaire. Il est difficile dans le cadre de ce court article de décrire ses nombreuses activités. Notons cependant la réactivation en 1947 du Comité juif algérien d'études sociales (CJAES) et la fondation en 1948 de son organe "Information Juive".

Jacques Lazarus a eu l'intelligence de garder soigneusement les archives des multiples actions auxquelles il prit part. Il les a confiées ou Central Archives For the History of the Jewish People de Jérusalem. Elles sont d'une très grande richesse. Une recherche sur le CJAES nous a amenés à consulter notamment le dossier des activités culturelles juives  en Algérie entre 1952 et 1960. Nous voudrions ici évoquer celles de la ville d'Oran.

En 1949, le Congrès juif mondial ouvrit une antenne à Alger.

Cette antennes pris le nom de bureau nord africain du CJM sous la direction de Jacques LazarusEn 1952, toujours sous l'égide du CJM, fut créée à Alger, la Commission culturelle juive d'Algérie avec, à sa tête, Haïm Cherki. Rapidement, elle réussit à créer des contacts avec plus d’une dizaine de cultuelles, comme on désignait alors en Algérie les communautés juives. Les activités culturelles de la communauté juive d’Oran furent remarquables pour la période 1953 à 1954.

L'animateur du centre culturel juif d’Oran était un avocat du nom de J.G. Sportès. Ce centre qui se trouvait 10 rue Ampère commença à fonctionner en décembre 1953. Il contenait principalement une bibliothèque de prêt d'ouvrages à thèmes juifs.

Ce sont les conférences et surtout la renommée des conférenciers (qui comptaient parmi les intellectuels juifs français les plus connus) qui attirèrent le plus le public juif et même parfois de nombreux non Juifs. Le succès de ces conférences était tel  que lorsque la réputation du conférencier était grande, il fallait louer la salle d’un cinéma pour accueillir tout le monde.

Armand Lunel inaugura, le 16 décembre 1953 les activités du CCJO. Sa conférence avait pour titre : "Mon voyage en Israël avec Darius Milhaud". Plus de 800 personnes se pressèrent dans la salle «Le Paris», boulevard Joffre. Parmi les autres orateurs, signalons Isaac Pougatch qui traita des "tâches éducatives actuelles de nos communautés", Emmanuel Eydoux évoqua la personnalité de "Philon d'Alexand", l'avocat Jean Illouz aborda le sujet : "Aperçu sur l'histoire du mariage", le professeur Dupont-Sommer de la faculté des lettres de Paris, expliqua la signification de la découverte des "Manuscrits de la mer Morte". Près de 800 personnes vinrent écouter Emmanuel Levinas traiter du sujet : "Qu’est-ce qu'un Juif moderne ?".

Autres conférenciers, qui passèrent à Oran, en 1954 : André Neher,  Arnold Mandel,  le professeur Henri Baruk, etc…

Le clou  des activités du CCJO pour l'année 1954 fut sans doute la venue à Oran de l'historien Jules Isaac. La veille de la conférence, qui eut lieu le 11 mars 1954, dans le cinéma Empire, rue d'Alsace-Lorraine, il n’y avait déjà plus de place. Un auditoire estimé à environ 1600 personnes l'écouta.

Le professeur Jules Isaac déclara, après la conférence, n'avoir jamais eu un public aussi nombreux depuis son discours au grand amphithéâtre de la Sorbonne, en 1950, à l'occasion de la commémoration des "Cahiers de la Quinzaine" chers à Charles Péguy.

Le professeur Jules Isaac, alors âgé de 77 ans se déplaçait avec une personne à ses côtés. Il entendait très mal. Il avait insisté pour que sa conférence portât sur le sujet "La dispersion d'Israël, fait historique ou mythe théologique", il tenait à traiter de cette question parce qu'il voulait combattre une des positions inébranlables de l'Église catholique.

"L'Echo d'Oran" du 12 mars 1954 évoqua, sur deux colonnes en première page, avec la photographie de l'orateur, la conférence de Jules Isaac. Voici un extrait de cet article :

"Vous voyez ici, dit pour commencer l'éminent historien, plus un missionnaire qu’un conférencier. Le professeur Isaac, avant d'aborder le fond du sujet se réclame de l'amitié judéo-chrétienne, de la loyauté intellectuelle, et de la vérité, conditions de compréhension réciproque entre hommes de bonne volonté. Depuis une dizaine d'années, le conférencier a délaissé ses travaux personnels pour lutter contre cette forme de méchanceté humaine : l'antisémitisme.

"Une de ses causes des plus profondes", dit-il, "c'est l'entorse à la vérité historique. La mission que je me suis donnée, c'est d'essayer de restaurer cette vérité défigurée par une tradition séculaire".

David Cohen

Source de l'information
CHRONIQUES DES COMMUNAUTES JUIVES D'ALGERIE 
... AUJOURD'HUI DISPARUES (Edition Moriel) 

 
 

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