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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

De Didier Nebot

Cet ouvrage broché de 350 pages est paru le 26 septembre 2012, aux Editions des Rosiers

Extrait de l’ouvrage

7 novembre au soir 1942  : Salmon avait laissé discrètement son magasin ouvert. Cette nuit était importante, le débarquement était imminent. La taille et la position stratégique de son commerce l’avait tout naturellement désigné pour aider la résistance.

Depuis plusieurs mois les opposants au régime de Vichy préparaient avec les alliés une action de grande envergure. Des émissaires anglais et américains avaient rencontré à Cherchel, dans la nuit du 23 au 24 octobre, dans le plus grand secret, les représentants de la résistance algéroise pour décider des modalités d’un débarquement sur la côte africaine.

 Les résistants devaient neutraliser durant plusieurs heures tous les points stratégiques d’Alger et arrêter les chefs de Vichy pour permettre aux Américains et aux Anglais de débarquer avec un minimum de perte.

Les troupes terrestres alliées seraient placées sous le commandement du général Eisenhower et les forces navales dirigées par l’amiral Sir Andrew Cunningham. Le général Giraud, évadé d’Allemagne, prendrait la direction des opérations du coté français. Il avait été préféré à De Gaulle, jugé trop arrogeant par les Américains. Il devait rejoindre Alger le 8 par avion. Les alliés espéraient que sur son nom les troupes françaises de l’armée d’Afrique rejoindraient le mouvement. Le général Juin, commandant des forces françaises d'Afrique du Nord, et le général Noguès, Résident général au Maroc, étaient trop sous la coupe de Vichy pour qu’on puisse leur faire confiance.

A 19 heures un résistant pénétra dans le magasin de Salmon pour inspecter les lieux. Il avait le visage sombre. Devant le regard interrogateur de Salmon il expliqua : «  On devait être mille et beaucoup se sont dégonflés. Nous ne sommes que 400 dont deux tiers de juifs. »

"Quand je pense qu’on nous traite souvent de lâches, nous les juifs…" Répondit Salmon

Ne connaissant pas le déroulement des opérations, Salmon demanda des précisions :

"C’est quelque chose d’important, lui indiqua le chef du groupe. On attend cette nuit plus de 100000 hommes, 200 bâtiments de guerre et 110 navires de transport. Il est prévu  neuf têtes de pont sur près de 1500 km de côte et le débarquement se fera à  Alger, Oran et au Maroc."

"Sur le port ?" interrogea Salmon

"Non, sur les plages tout autour : Castiglione, Sidi Ferruch, Cap Matifou, Aïn Taya et Surcouf. Deux destroyers  forceront quand même l'entrée du port d’Alger."

"En quoi mon magasin tient il une place si importante ?" s’étonna Salmon

" Il nous servira à accueillir les blessés, si les choses devaient se gâter. Nous devons occuper radio Alger et le central téléphonique du champ de manœuvre et ils sont à deux pas de chez toi. Voilà la raison de l’intérêt de ton magasin pour l’opération."

A ce moment une dizaine d’insurgés se retrouvèrent dans la rue.  Ils échangèrent quelques sourires amicaux et paroles d’encouragements, c’était le moment de passer à l’attaque. Emu, Salmon leur fit un signe de la main. Le magasin resterait ouvert toute la nuit, prêt à servir de refuge aux blessés.

Tendu, la peur au ventre ils se mirent en route. Il fallait faire vite et profiter de l’effet de surprise. Ils occupèrent sans coup férir  radio Alger et le central téléphonique alors que les autres groupes prenaient possession des  casernes, de l'arsenal, des commissariats de police, des bâtiments du Gouvernement général et de la préfecture.

A El Biar des lycéens du lycée de Ben Aknoun encerclèrent la villa des Oliviers, résidence du Maréchal Juin où se trouvait par le plus grand des hasards Darlan, ministre du Maréchal Pétain. Ils firent prisonniers ces deux hauts fonctionnaires de l’état.

Pendant ce temps les alliés commençaient le débarquement. À Sidi-Ferruch, le colonel Baril neutralisait les batteries contrôlant les plages. Malheureusement la mer était mauvaise  et de nombreux soldats américains périrent, leurs barges se retournant et coulant avec leurs occupants. Traumatisé par ces pertes,  le général Ryder se mit en route vers Alger, alors que l’aérodrome de Blida,  où devait atterrir Giraud, était neutralisé.

Vers trois heures du matin, des détonations retentirent dans le port, où un détachement de 300 marines avait débarqué. Epuisé de fatigue, Salmon, qui s’était laissé gagner par le sommeil, se réveilla en sursaut. Il mit la tête dans ses mains en murmurant avec ferveur : "Mon Dieu protégez les." Il se dit que des blessés allaient certainement arriver et qu’il lui fallait être prêt. Fébrile, il jeta un coup d’œil dans la rue qui était déserte. Rassuré, il se mit à faire les cent pas dans la boutique, tout en pensant à sa femme qui attendait leur premier enfant, restée à El Biard chez sa sœur.

Tout Alger s’était réveillé, mais les communications avaient été coupées par la résistance, seul fonctionnait le téléphone des commissariats de police.  Là, José Aboulker, un des chefs de la résistance, et ses hommes, maîtres des lieux, incitèrent les personnalités qui appelaient à venir les rejoindre pour organiser la riposte. Dès leurs arrivées ils étaient arrêtés.

Mais le débarquement avait du retard, les alliés n’étaient pas encore dans Alger.  Les résistants étaient inquiets, combien de temps pourraient-ils encore tenir. Les pétainistes crurent à un coup d’état, sans réaliser que les Américains participaient à cette offensive. Ils libérèrent Juin et Darlan, retenus à la villa des Oliviers et tentèrent de reconquérir les positions tenues par les insurgés.

Au port les combats furent violents et les insurgés durent se replier en laissant de nombreuses victimes. Au même moment, les Américains occupaient l'aéroport de Maison-Blanche, empêchant Vichy de toute possibilité d'intervention aérienne.

Les attaques pétainistes s’intensifièrent, Vichy n’avait toujours pas compris que les alliés étaient aux portes d’Alger. Qui aurait pu imaginer un seul instant que l’Amérique encore sous le choc de l’attaque de Pearl Harbour ait pu si vite passer à la contre offensive. Les insurgés devaient encore tenir pour permettre aux troupes de la coalition de terminer l’encerclement de la ville. Mais ils étaient peu armés, ils allaient être laminés. Les positions devenaient indéfendables, avec des morts et des blessés, alors la plupart reçurent l’ordre de se retirer.

Salmon accueillit quatre insurgés, hagard, aucun n’était blessé. Il y avait eu pas mal de perte sur le port. "Ca sent mauvais, dit l’un d’entre eux, c’est foutu. C’est foutu. Il n’y a aucun Américain dans la ville."

Salmon tenta de le rassurer, mais sans conviction. Il fallait attendre et espérer le miracle. Il pensa à sa femme enceinte, à son  bébé qu’il ne verrait peut être jamais si ça tournait mal. Les juifs avaient tant payé durant les siècles écoulés et là encore ils allaient peut-être subir la répression terrible des troupes pétainistes si elles arrivaient à reprendre le dessus. Il se demanda s’il ne devait pas fermer les grilles du magasin et attendre la suite des évènements. Il eut un petit sourire. Presque dans les mêmes conditions, son père, avait sauvé dans son magasin, à la fin du siècle dernier, des coreligionnaires victimes d’attaques arabes. Quelle étrange répétition du destin. 

Une voiture ralentit devant le magasin, il en sortit un résistant qui les rassura. Tout se passait bien, les Américains continuaient l’encerclement d’Alger et eux, les résistants, avaient décidé de se concentrer aux abords du Commissariat central. Toute la police avait rejoint le mouvement et Juin avait concentré ses forces là, sans oser passer à l’attaque, s’imaginant avoir en face de lui de très nombreux insurgés.

Rassuré, Salmon proposa un verre de limonade et un peu de pain et du fromage de chèvre aux hommes qui étaient avec lui. Un moment plus tard, ils entendirent des bruits de klaxon et une grande clameur, le général Juin venait de donner l’ordre du cesser le feu.

Biographie de l'auteur 

Le Docteur Didier Nebot, est stomatologue à l’Ose (œuvre de secours aux enfants).  Il a écrit un certain nombre d'ouvrages tous en rapport avec la culture juive : "Le Chemin de l’exil" (1992), éditions Belfond- prix littéraire Emile Roux, "Le Dernier Commandement" (1995) éditions Anne Carrière, "La Kahena" (1998), éditions Anne Carrière, "Les tribus oubliées d’Israël" (1999), éditions Romillat, "Les enfants furent sauvés" (2008) éditions Pascal, "Les bûchers d'Isabelle la catholique" (2018) éditions Erick Bonnier et "10 commandements" (2020) aux éditions Erick Bonnier

 

 

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