Source de l’information : "TLEMCEN
- Mille ans d’histoire d’une communauté juive" de Simon Schwarzfuchs
Tlemcen s'élève dans la partie occidentale de l'Algérie, non loin de la frontière marocaine, dans un amphithéâtre rocheux naturel : par beau temps, le regard plonge jusqu'à la mer, éloignée de quelques dizaines de kilomètres, et s'efforce de reconnaître sur la côte la petite ville de Beni Saf.
Elle est entourée d'une muraille que percent quelques portes couvertes par des coupoles de pierre. Certaines sont très anciennes, d'autres ont été construites par les Français après leur entrée dans la ville, il y a déjà un siècle et demi.
Quelques tours antiques s'élèvent et rompent la monotonie d'une ville qui porte fièrement son âge et proclame à tous vents son ancienneté.
La plupart de ses maisons ne comprenaient, dans les années trente, qu'un rez-de-chaussée, et on commençait à peine alors à construire des bâtiments hauts dans la ville.
Les toits y étaient souvent couverts de tuiles et il fallait descendre quatre ou cinq marches, et quelquefois beaucoup plus, pour se rendre dans les cours des maisons. Les rues avaient-elles été exhaussées dès l'origine ? On ne saurait le dire, pas plus qu'on ne pourrait affirmer que c'est au cours des années qu'elles ont progressivement atteint leur hauteur actuelle, une couche de débris ou d'immondices ayant couvert la précédente.
Les cimetières musulmans y sont nombreux, avec leurs monuments caractéristiques qui marquent la tombe des saints. Les mosquées flanquées de leur minaret y sont également très présentes, et il en est une, la principale, qui domine par son importance et sa beauté. Une autre, transformée en musée archéologique, est également remarquable par ses magnifiques décorations.
TLEMCEN (du berbère tilmisane, pluriel de tilmas, poche d’eau, source), est située à 806 m. d'altitude au pied de falaises rougeâtres presque à pic, ressaut du massif montagneux qui le domine au Sud et que couronne la koubba de Lalla Setti.
Au Nord s'étend la vaste plaine d'Hennaya (Eugène-Étienne), que continue vers 1'0uest la plaine de Lalla Maghnia, et, par la coupure de la Tafna, on peut apercevoir la mer.
Au Nord-Ouest, l'horizon est fermé par le massif des Trara, l'on distingue le Fillaoucen, le Tadjera, le djebel Sfyane.
Au Nord Est, s'élèvent les massifs des Seba Chioukh et du Tessala. C'est des remparts Nord de Tlemcen ou du haut du minaret de la Grande-Mosquée qu'on jouira le mieux de ce merveilleux panorama.
Indépendamment de sa séduisante situation géographique, de son climat analogue à celui des régions françaises du midi, Tlemcen, classée comme station touristique, est très attachante par ses souvenirs historiques et surtout par ses monuments.
C'est la seule ville de l'Algérie où l'on trouve des édifices de l'époque hispano-mograbine présentant un réel intérêt artistique et dignes d'être comparés à ceux du Maroc et de l'Espagne. Sauf la Grande-Mosquée qui est du XIIe siècle, à peu près tous ces monuments datent de la fin du XIIIe siècle ou de la première moitié du XIVe s. et sont, par conséquent, contemporains de ceux de Grenade et de Fès.
Les environs, frais et ombragés, où les caroubiers et les térébinthes se mêlent aux oliviers centenaires, aux cerisiers, pommiers, grenadiers et figuiers, sous lesquels poussent tous les légumes des pays tempérés, laisseront au touriste un souvenir ineffaçable.
Tlemcen reste, par ses monuments et son paysage, la ville la plus attrayante de l'Oranie' sinon de toute l'Algérie.