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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Par Michèle ROTMAN, Vice-présidente de Morial

Sa droiture, sa culture, son érudition en matière sacrée comme profane, n’acceptant aucune compromission, sa conscience aiguë de tous les problèmes de société dont il puise la solution dans sa foi, dans sa connaissance de la Bible, et dans l’étude de la Thora pour appeler de tous ses vœux à la tolérance et à la paix, sont sans comparaison.
C’est un mensch, dirait-on en langage ashkénaze qui place l’éthique au-dessus des honneurs, et cela, mêlé à une grande humilité, une grande modestie et une extrême discrétion comme l’était le Grand Rabbin Naouri en matière de Tsédaka par exemple, qui disait-il souvent, est un acte de justice et non de charité condescendante.

Il est né à Bône, le 13 novembre 1930, il a 88 ans aujourd’hui. Il vit à Jérusalem.
Mon enfance, dit-il, a été marquée par un deuil familial. Mon frère fut tué dans un accident de voiture par un chauffeur ivre près des Champs-Elysées.
A dix ans et demi, des mesures raciales sont appliquées en Algérie. Nous sommes en 1941. Il est au lycée Saint-Augustin de Bône. Par tradition, le lundi matin, le meilleur élève de la classe était à l’honneur pour procéder au lever des couleurs dans la cour du lycée. C’était son tour, ce jour-là.
 Mais le surveillant général le convoque pour lui annoncer qu’il ne lèvera pas le drapeau parce qu’il était
«un sale Juif ». Il ne l’oubliera jamais.
Il a la chance ensuite d’étudier avec le Grand Rabbin Naouri.
A l’époque, Bône comptait 3 000 Juifs et le Grand Rabbin Naouri était le père spirituel de la Communauté.
En 1942, il envoie René-Samuel SIRAT à la Yechiva d’Aix-les-Bains avec Emmanuel CHOUCHENA et Saül NAOURI, son fils.
Car M. Naouri voulait qu’ils aillent étudier ailleurs, avec un autre rapport à la connaissance, dans le monde ashkénaze. Il revient ensuite à Bône, puis va au séminaire de la rue Vauquelin et devient le plus jeune Rabbin de France.
Il passe son examen de sortie avec le Grand Rabbin Schilli, qui avait été un grand résistant et qui régnait par la gentillesse, comme il aimait à le répéter.
En 1951, il est nommé à Toulouse dans une communauté dévastée par la Shoah avec un tout petit minian à chabbat.
C’était avant l’arrivée des Juifs d’Afrique du nord.
Tout était à reconstruire. Puis, il revient à Paris comme aumônier des étudiants Juifs de France et retourne à l’université où il passe le diplôme d’étude en hébreu.
Ensuite, rencontre providentielle à Strasbourg avec André Neher qui a créé en 1962 une chaire d’hébreu en France.
Maîtrise et doctorat à Strasbourg, il étudie avec Manitou, Levinas et Neher et se familiarise avec la philosophie et l’histoire du judaïsme qui n’est pas enseigné dans les Yechivot.
Il obtiendra, plus tard, de l’Inspection Générale, une charge de cours de la chaire d’hébreu à l’INALCO, où il dirigea la section d’études hébraïques de 1968 à 1996 (28 ans).
Il voulait que l’hébreu devienne la
« lingua franca » des Juifs, langue cultuelle et culturelle.
Il sera Rabbin pendant 62 ans.
En 1981, il est élu Grand Rabbin de France, jusqu’en 1988 et ne voulut faire qu’un seul mandat.
Son programme en 3 points :
« L’éducation juive, l’éducation juive et l’éducation juive… »
Il rêvait d’une centaine d’écoles juives nouvelles et en fonda 111.
Pour l’anecdote, c’est lui que de De Gaulle appellera pour faire la traduction simultanée de ses discours quand il reçut Levi Eshkol, premier ministre d’Israël,
Mais son maître, son mentor, a toujours été le Grand Rabbin Rahamim Naouri.
 Il disait souvent : « A Bône, on était Juif comme on respirait : naturellement et simplement.
La structure familiale était de nature patriarcale et il y avait un grand amour entre grands-parents, parents et enfants.
La plus grande valeur du judaïsme, c’est la transmission.
Il a toujours milité pour la paix, pour le dialogue interreligieux avec les Chrétiens, mais aussi les musulmans. Et pourtant, il perdit un autre de ses frères Edmond Baruch en Janvier 1962, tué à Constantine par un terroriste du FLN, en sortant d’un office de vendredi soir. Il racontait souvent cette histoire :
"Notre Communauté venait de toute l’Algérie pour y prier, mais y venaient aussi beaucoup de musulmans qui lui vouaient un profond respect".
Cette ferveur était due à un Sefer Thora, un rouleau de la loi, visiblement très ancien et d’une superbe calligraphie.
On dit qu’il avait été sauvé de façon fort étrange. La légende voulait que ce Sefer Thora date du 2ème temple, ou plus généralement qu’il était arrivé avec les Juifs exilés d’Espagne en 1492, d’autres encore disaient qu’il datait du 18ème siècle.
Je vais vous raconter celle que j’ai toujours entendue dans ma famille :
« Il y a plusieurs années, un Maure, un musulman de Bône entreprit, selon la prescription de l’Islam, un pèlerinage sur la tombe du Prophète.
Puis, il s’embarqua à Alexandrie, afin de retourner dans sa patrie. Sur le bateau au nombre des passagers, il y avait un Juif également de Bône, revenant de Jérusalem, porteur d’une bible qu’il avait reçue d’un Grand Rabbin et qu’il avait enfermée précieusement dans un petit coffre.
Une tempête s’éleva, le bateau fit naufrage et seul le musulman put se sauver à la nage. Rentré à Bône, il raconta le naufrage du bateau et la mort du Juif, son compatriote.
Quelques jours après l’attention d’une sentinelle turque fut attirée par un objet qui venait vers le rivage, poussé par les vagues.
Le caïd fit envoyer des hommes pour prendre le coffre mais chaque fois qu’ils voulaient le prendre, le coffre s’éloignait d’eux. Ils se rappelèrent alors le récit du Maure avec le Juif de Bône et sa bible. Le Caïd fit venir des Juifs et leur ordonna de s’emparer du coffre. Et le petit coffre s’avança rapidement vers eux. Ils le prirent et sortirent ce rouleau de la Thora, très ancien, en pur parchemin.
Ce miracle fit une telle impression que le Maure qui avait fait le voyage avec le Juif naufragé fit élever à Bône, à ses frais, un édifice pour y déposer cette bible.
C’est là l’origine de la Synagogue de Bône qui jouit auprès des Musulmans aussi, d’un respect tel qu’ils venaient y faire des prières et y formuler des vœux.
Le soir de Kippour, on sortait ce rouleau à Kol Nidré.
Le jour de la Hiloula du Rabbi Shimon bar Yohaï, on venait de loin pour avoir le bonheur d’embrasser ce sefer, devenu un objet de grande dévotion. »
A son départ d’Algérie, en 1962, le Grand Rabbin Naouri l’emporta à Paris, puis l’emmena avec lui à Jérusalem, dans la Yeshiva Chaare Rahamim, où on peut aller le visiter encore aujourd’hui.
L’étude, par ailleurs disait-il, devait aussi s’appliquer aux filles qui en étaient frustrées en Algérie, car elles étaient cantonnées à la maison tandis que les garçons allaient au Talmud Thora.
Il fonda avec le Rabbin Claude Sultan, l’Université Juive Européenne dont j’ai été l’élève et où il avait pu obtenir les meilleurs professeurs dans chaque spécialité : philosophie, littérature hébraïque, grands textes du judaïsme.
René-Samuel SIRAT a aussi été très fier d’avoir fondé avec Madame Zerbib, l'association Naguilah, pour redonner de la joie aux aveugles.
Il obtient, pour s’occuper des personnes aveugles et leur permettre de mieux s'intégrer, des subventions de la part du Consistoire Central et de la Communauté, subventions destinées à imprimer des livres de prières et de Pentateuque en braille.
Il a aussi fondé l’Institut Rachi de Troyes, a participé aux secondes Rencontres d’Assise en 1986 avec le Pape Jean-Paul II (il ne put assister aux premières qui tombaient un Chabbat). Il rencontra aussi récemment le Pape François, en mars 2018.
C’est un infatigable militant pour la Paix, élève du Rav Kook, il porte un amour absolu à l’humanité tout entière au nom du judaïsme et de ses principes.
« La joie austère », titre de l’un de ses livres, joie de l’espérance humaine habitée aussi par les épreuves qui l’ont façonné de tout temps et spécialement par l’expérience de la Shoah.
Et aussi le verset 56 du livre d’Isaïe :
« Je les amènerai sur ma montagne sainte, je les réjouirai dans ma maison de prières, car ma maison sera appelée une maison de prières pour toutes les nations »

 Michelle ROTMAN
Vice-présidente de Morial

 

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