Par Norbert Bel-Ange
Nombreuses sont les interprétations que l'on donna à leur nom générique. S'agissait-il du texte étudié chaque semaine à la Synagogue ? De l'arbre à l'ombre duquel ils reposent ? De la haie de jujubiers sauvages protégeant leur dernier sommeil ? On dit que ces sages furent brûlés vifs avec des sefarim attachés sur leur poitrine.
On raconta aussi, plus tard, que les ouvriers musulmans voulurent piocher à l'endroit de leurs tombes mais deux d'entre eux périrent sur le champ et les travaux suspendus.
Les tombes de ces sages firent du cimetière juif de Mostaganem un lieu de pèlerinage fort populaire. Mostaganem n'ayant pas à l'époque de tribunal rabbinique, se devait d'établir des correspondances assidues : soit avec celui de Tlemcen soit avec les grands maîtres d' Alger. A Mostaganem, ces correspondants furent les Rabbins David Cohen, Jacob Soussan, Sadia Médioni, Makhlouf ben Hanine, Abraham ben Nathan le Sepharade... Ces correspondances dont le principal sujet était le droit rabbinique sont les chroniques de ce temps.
Au début du XVIe siècle, certains Juifs d'Espagne en route pour la Terre Promise s'arrêtèrent à Mostaganem. Beaucoup en repartirent et d'autres restèrent. Parmi eux, les fils du Grand Rabbin Moché Alachkar. Yossef gagna Tlemcen tandis que Yehouda demeura à Mostaganem.
Mostaganem était devenue une communauté à part entière avant que n'arrivent les Turcs. Disputant périodiquement la ville aux Espagnols, les Turcs y restèrent trois siècles. Au milieu du XVIIIe siècle, le commerce était surtout entre les mains d'une soixantaine de familles juives qui faisaient du courtage. Si l'on s'en tient à ce chiffre, on dénombrerait environ 180 Juifs à Mostaganem. Mais l'importance de la famille à l'époque (certainement plus de trois âmes), la prise en compte du sous-prolétariat juif nous permettent avancer de trois cents à cinq cents personnes.