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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Par André TRIVES, publié le 16 juin 2022

Les enfants d'Algérie d'avant 1962 se souviennent du trésor perdu à jamais que fut le véhicule de la mémoire de nos anciens. Auguste Robinet dit « Musette », avec l’inénarrable histoire des amours de Cagayous, Edmond Brua dans la célèbre parodie du Cid, plus tard « La Famille Hernandez » de Genevieve Baïlac, et plus récemment le truculent Roland Bacri, sans oublier nos célèbres artistes de Bab el Oued, Robert Castel et Lucette Sahuquet, ont donné leurs lettres de noblesse à cette richesse aujourd’hui oubliée.

Mais de quel trésor s’agit-il ? De châteaux ou de palais ? D’ors ou de pierres précieuses ? Non ! encore bien plus que les fortunes boursières du CAC 40 ; il s’agit du parler et de l’accent du peuple d'Algérie

, un patrimoine commun qui s’héritait sans droit de succession, avec l’avantage bien appréciable de nous faire appartenir à une même et belle famille. Cette langue et cet accent singulier, façonnés dans les forges de la rue, étaient précurseurs de la technique du caméscope et l’ancêtre de la vidéo. La singularité de cette communication donnait le son et l’image vivante de la pensée, en même temps. En somme, une expression en trois dimensions que nos maîtres nous gratifiaient dès l’école dans

les cours de math, où le verbe et les mains nous expliquaient l’abscisse et l’ordonnée ou le théorème de Pythagore. Pour se faire comprendre, il fallait convaincre, et la meilleure des manières était l’usage de la métaphore la plus percutante, accompagné de la gestuelle d’un chef d’orchestre symphonique. Les gosses dissipés s’initiaient déjà au contact de leurs parents en colère : « Je vais t’en donner une, que le mur y va t’en donner une autre ». Notre parler était fortement imprégné du « pataouète » et du « sabir » ; il utilisait des mots et des expressions uniques, mais compris par tout le monde, un peu comme une langue universelle. Les langues régionales ou patois ne se comprennent que des initiés (le breton, le basque, le corse ou le provençal sont des exemples).

Notre langue était une sorte de tramway de la pensée, comme nos anciens trams et autobus circulant dans Alger, Oran ou Constantine bourrés de français, d’arabes, d’italiens, d’espagnols, juifs, musulmans, chrétiens ou athées. Un mélange extraordinaire de cultures, empruntant des néologismes, des tournures, des constructions de phrases typiques, des insultes au langage imagé avec geste approprié à l’appui dont le plus répandu était « le bras d’honneur », ou l’agitation répétée du « majeur » qui disait à un adversaire : « j’t’ai bien eu ». Des vocables aux épices piquantes et colorées, des syntaxes toutes méditerranéennes, avec l’odeur

des produits de la nature que le soleil nous donnait avec générosité. Pour déclarer une surcharge de travail et bien la faire comprendre, on déclinait, le regard abattu : « j’ai la tête comme une pastèque ».

Notre parler se percevait comme une langue filmée en technicolor, jamais en noir et blanc. Elle permettait de monter un spot visuel, traduisant au mieux l’idée que l’on voulait développer. Tous les sujets de conversation étaient abordés avec le souci de remporter la palme au festival de Cannes ; alors vous imaginez les plans, les coupes, les raccords, les montages dans l’improvisation pour convaincre un interlocuteur qui, de surcroît, manifestait de la mauvaise foi. Dans ces tournois de la parole, les plus volubiles finissaient par imposer leur point de vue. Les idées exprimées, comme les sujets abordés, s’attachaient à refaire le monde. Une vie simple, entretenue par des gens simples, sans prétention, dont Marie Elbe disait : « Chez nous, on prenait l’amour au tragique et la mort à la rigolade ».

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