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(N°20) LES PERES DE L’EGLISE ET LES JUIFS 

                      Par

 

 

                      Didier NEBOT

 

 

 

 

Portrait d'Augustin d'Hippone ou saint Augustin, né le 13 novembre 354 à  Thaqaqte (l'actuelle Souk Ahras, Algérie), et mort le 28 août 430 à Hippone (l'actuelle Annaba, Algérie), est un philosophe et théologien chrétien romain

 

L'importante judaïsation des tribus berbères sera l’une des causes qui opposeront l’Eglise naissante et la synagogue. Tout porte à croire que jusqu’au second siècle les deux relogions n’en formaient pratiquement qu’une. Les chrétiens semblaient être une secte juive, les Romains ne faisant d’ailleurs aucune différence entre 

eux, chacun tolérant l’autre. Les disciples des Apôtres, lorsqu’ils annoncent la Bonne Nouvelle, le font dans les synagogues. C’est l’époque où le judaïsme, protégé par la politique philosémite des Empereurs Sévères, se développe parmi les autochtones. Le christianisme en est à ses balbutiements, il s’organise à l’ombre de la synagogue qui le regarde avec mépris, sans qu’il y ait, pour l’instant, d’animosité réciproque. Ceci concerne les juifs des villes et des zones contrôlées par les romains et non pas les régions du Sud en dehors des limes romains.

 

Tout change au milieu du IIème siècle, où provocations et altercations se succèdent. Mais c’est à partir du IIIème siècle que la querelle entre juifs et chrétiens éclate au grand jour, avec les attaques violentes de Tertullien. Né à Carthage entre 150 et 160 après Jésus Christ, c’est un berbère païen romanisé qui se convertit au christianisme en l’an 193 et qui deviendra le plus éminent théologien de la cité phénicienne. Il va être le premier à inaugurer la littérature chrétienne en langue latine. L'apport de Tertullien dans les controverses christologiques et trinitaires est important. Ses conclusions seront reprises par les Pères de l’Eglise qui s’inspireront dans leur doctrine de ses écrits. Il est l’un des hommes qui aura le plus influencé les conclusions des grands conciles de l’Eglise jusqu’au milieu du XXème siècle.

 

C’est un tableau représentant le Christ sous les traits d’un âne qui mettra le feu aux poudres. Tertullien, ne supportant pas ce qui est pour lui une attaque inique, va répliquer en écrivant un important traité qui sera le point de départ de l’antisémitisme chrétien. Ce traité intitulé, contre les juifs, fustigera le peuple maudit, en voici un court extrait : «  Les juifs sont des assassins puisqu’ils ont tué le Christ. Les Chrétiens n’ont rien de commun avec eux, sauf le Dieu véritable. Les adeptes de la loi mosaïque sont des idolâtres, ils ont échangé leur Dieu contre une statue d’âne en or. Elle n’a existé que pour préparer le terrain au Christianisme nouveau et souverain. L’ancienne religion doit donc disparaître au profit de la nouvelle. »

 

Ces formulations claires et directes, ces attaques virulentes contre les juifs n’avaient alors que peu d’importance. Le Christianisme n’en était encore qu’à ses prémices. Il était une religion persécutée, alors que le judaïsme, relativement protégé par les Romains à cette époque, était en pleine expansion parmi les berbères païens. Mais ce n’était pas la préoccupation de Tertullien, lequel n’avait qu’un seul but, imposer cette foi naissante.

Le Judaïsme n’avait nul besoin de répondre à de telles critiques. Il se sentait fort, il n’était pas nécessaire pour lui de préparer une contre riposte à ce qu’il considérait comme des gesticulations inutiles. Mais les attaques contre les juifs continuèrent avec force et violence, sans répit, dans les zones contrôlées par Rome, tout le long des IIIè, IVè, Vè siècles. SaintCyprien, l’un des rares à être relativement modéré à leur égard, les assimile aux hérétiques. Minucius Felix, dans son traité Octavius, les attaque à son tour, de même que Commodien, qui fut très virulent.

Au IVè siècle la polémique prend une ampleur nouvelle. Rome devient chrétienne et tout change alors. Ce qui n’était encore qu’une sourde animosité se transforme en haine. Les deux religions se dressent l’une contre l’autre avec une féroce âpreté. Les chrétiens se proclament le Peuple Elu. L’Empire se fait le support de l’Eglise, se disant l’héritier légitime de l’Alliance.

 

Mais avec Saint Augustin la polémique prend un tour nouveau. Elle est d’une précision diabolique et servira de base aux attaques que mènera l’Eglise contre le peuple maudit au cours des siècles. Samira Sehili Kooli, dans son étude concernant les juifs en Afrique romaine, cite avec minutie cet illustre Père de l’Eglise, dans son Sermon contre les juifs[1] qui reprend à son compte toutes les critiques de ses prédécesseurs en les approfondissant. Voilà ce qu’il met dans la bouche du peuple « inique » dont la dispersion parmi les nations du monde n’est qu’une juste punition divine :

« Oui c’est à vous que je m’adresse ô Juifs, à vous qui jusqu’à ce jour avez renié le fils de Dieu…Et comme les juifs ne purent supporter la fermeté de ses paroles, qu’ont-ils fait ? Ils l’ont pris, ils l’ont flagellé, ils l’ont bafoué, ils l’ont souffleté, ils l’ont souillé de crachats, ils l’ont couronné d’épines, ils l’ont élevé sur la croix et enfin ils l’ont mis à mort. »

Dieu a donc puni cette nation déicide, continue Saint Augustin, elle fut de ce fait asservie par ses ennemis et réduite à la captivité. Les Hébreux furent « arrachés et comme déracinés de la ville de Jérusalem, la capitale de leur royaume et soumis à l’Empire romain. »

 

L’asservissement des Juifs est dans l’ordre du temps, ils sont devenus logiquement les esclaves des chrétiens, même s’ils portent les livres de la foi chrétienne. Ils sont leurs libraires « semblables à ces esclaves qui portent les livres de leur maîtres derrière eux. » Pour Saint Augustin il ne faut pas mélanger les deux religions. Tout ce qui est pur et fidèle est chrétien, tout ce qui est faux et perfide est juif.

 

Saint Jérome est lui aussi extrêmement violent puisqu’il considère que quiconque observe les lois émanant des « synagogues de Satan » tombe dans le « gouffre du démon. » Le judaïsme étant une religion révolue avec l’arrivée du Christ, il ne faut donc plus l’observer. Ceux qui nient le Christ sont de faux juifs car il faut être juif par l’esprit, la religion, le cœur et pas par la chair. Le Judaïsme est assimilé à une hérésie combattue en tant que telle.

 

Devant des masses berbères tout acquises aux lois de Moïse, par leurs affinités culturelles, il fallait démontrer que le Judaïsme existait toujours, et que seuls ceux qui avaient reconnu la parole de Jésus étaient de vrais juifs. Un tel discours dans cette terre africaine n’était pas concevable dans d’autres régions, où les peuples n’avaient aucun lien avec l’esprit sémite qui animait l’Afrique. C’est pourquoi ces propos assimilant les Chrétiens aux juifs ne furent pas retrouvés plus tard parmi les autres auteurs chrétiens tout aussi virulents à l’égard des Juifs.

 

Cette polémique violente et excessive trouvait son origine dans la difficulté qu’avait le Christianisme à s’imposer auprès des masses berbères païennes. Il fallait faire peur et rendre les juifs détestables. Le christianisme n’en était qu’à ses débuts, peu de gens croyaient en sa doctrine et il chercher à s’imposer. A l’inverse le Judaïsme était non seulement toléré par les autorités romaines, du moins au début, mais il était surtout très apprécié par le monde phénico-berbère. Il fallait donc le reléguer au second plan, le discréditer.

 

 


[1] Sermon contre les juifs, XI

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