Par Fernand Darmon
A 70 km au sud-ouest d'Alger, cette ancienne ville romaine est bâtie dans une région agricole prospère, sur les hauts plateaux qui ferment la vallée de la Mitidja.
Le Grand Rabbin Abraham Kaddouch y avait implanté des vignes et une usine de fabrication de célèbres vins pour avoir du vin cacher pour Chabbat.
A Médéa on fêtait Lagh Baomer avec faste et c'était l'occasion pour toutes les familles de manifester leur soutien à la communauté. Les Médéens étaient et ils le sont encore, connus pour leur piété et leurs connaissances religieuses.
En 1850 on comptait 300 familles juives, soit environ 3000 âmes.
Parmi les rabbins, on connaissait depuis le début du siècle : Eliahou Chekroun et son fils Jacob, Juda Darmon, Salomon Heller, Le Grand Rabbin Abraham Kaddouch, son frére David, Eliahou Layani (de la Synagogue Elkaïm), Salomon Tordjman (de la Synagogue Darmon).
Mais on ne peut pas ne pas parler du rabbin et dayane Juda Ayache (1700-1760) qui a imprimé son empreinte sur tout le judaïsme algérien d'abord et qui, par ses écrits est devenu célèbre dans le monde juif. Il est lu et apprécié encore aujourd'hui.
Médéa comptait sept synagogues au début du siècle, mais depuis la Deuxième Guerre Mondiale il n'en restait plus que trois: la Grande Synagogue, la Synagogue Darmon et la Synagogue Elkaïm.
Parmi les personnalités, notons: Haïm Ghenassia (gros propriétaire et mécène), Abraham Darmon, Eliahou Ayache, Emile Bessis (devenu consul de France à New York jusqu'à la période de Vichy), et plusieurs généraux de l'armée française dont Moïse Jaïs (décédé à Rennes en 2007), Michel Darmon et Isaac Darmon. Meyer Jaïs est devenu grand-rabbin de Paris.
Au milieu des années 20, certaines familles médéennes ont pris le chemin de la Palestine de l'époque. On peut citer : Eliahou et Joseph Hayoun et leur soeur qui, avec leurs familles se sont installés à Jérusalem, puis à Richon-le-Tsiyone. Jacob Hayoun formé au Séminaire rabbinique de France n'a pas exercé mais a fait sa aliya à Jérusalem.
Au début des années 30 et jusqu'à la fin de la dernière guerre, la communauté est animée par Ichoua Cherqui (président), David Darmon (vice-président - le père de Fernand). D'autres dirigeront la communauté jusqu'à l'exode de 1962.
Peu avant et surtout après la Première Guerre Mondiale, de nombreuses familles quittent Médéa pour Alger principalement, pour des raisons économiques.
Là où ils iront, les Médéens amèneront ces qualités avec eux.
Source de l'information
CHRONIQUES DES COMMUNAUTES JUIVES D'ALGERIE ... AUJOURD'HUI DISPARUES (Edition Moriel).