A l'occasion du 10e anniversaire du Festival des Cultures Juives, dont le thème cette année est le verbe "AIMER!", MORIAL organise deux manifestations :
1) Dimanche 15 juin à 20h, MORIAL vous présente la projection du long-métrage inédit : Le Consul de Bordeaux
Un film de Fransisco Manso et Joao Correa, inspiré de la vie du Consul portugais de Bordeaux Aristides de Sousa Mendes, en présence d’Henri Seroka, producteur du film et de Katty Hazan, historienne à l’OSE, membre de l’association Morial.
LE CONSUL DE BORDEAUX ARISTIDES DE SOUSA MENDES : LE JUSTE
Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches est né en 1 885 au Portugal dans une famille de l’aristocratie catholique, conservatrice et monarchiste. Après des études de droit, il occupe plusieurs délégations consulaires dans le monde dont une aux Etats-Unis d’où il est expulsé, accusé de malversations dans l’exercice de ses fonctions.
Après dix ans passés en Belgique, Salazar, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, le nomme en France. Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le consul à Bordeaux : c’est lui ! Les troupes allemandes avancent vite, et la tournure que prend la guerre n’offre pas matière à espérer. Salazar parvient difficilement à maintenir la neutralité du Portugal.
Par la circulaire 14, les visas ne sont plus délivrés à tout le monde et parmi les personnes discriminées, on trouve : apatrides, russes, juifs expulsés des pays dont ils détenaient la citoyenneté ou expulsés des pays où ils résidaient. Cependant, à Bordeaux où le gouvernement français s’est réfugié, affluent des dizaines de milliers de personnes qui veulent fuir l’avancée nazie et parvenir au Portugal ou aux États-Unis.
Pour cela, il leur faut un visa du consulat portugais, que Sousa Mendes est chargé de dispenser avec parcimonie. Fin 1939 déjà, Sousa Mendes désobéit et donne quelques visas. Parmi ceux qu’il décide d’aider se trouve le rabbin bruxellois Haïm Kruger, qui le convainc que c’est l’ensemble des réfugiés juifs qu’il faut sauver. Le 17 juin 1940, le consul de Bordeaux prend une décision capitale : "Désormais, je donnerai des visas à tout le monde, il n’y a plus de nationalité, de race, de religion."
Aidé de ses enfants, il en a quinze, et du rabbin Kruger, il tamponne les passeports à tour de bras, signe des visas sur formulaires, puis sur des feuilles blanches et tout morceau de papier disponible. Aux premiers avertissements de Lisbonne il dira : s’il me faut désobéir, je préfère que ce soit à un ordre des hommes qu’à un ordre de Dieu. Alors que Salazar a déjà ordonné des mesures contre lui, le consul poursuit du 20 au 23 juin son activité à Bayonne dans le bureau du vice-consul médusé, alors même qu’il est entouré par deux fonctionnaires de Salazar chargés de le "rapatrier" d’autorité. Sur la route d’Hendaye, il continue à écrire et à signer des visas pour les réfugiés qu’il croise à l’approche de la frontière.
Le 23, Salazar le démet de ses fonctions. Après la fermeture du poste frontière d’Hendaye, il prend sa voiture à la tête d’une colonne de réfugiés qu’il guide jusqu’à un petit poste de douane où, côté espagnol, il n’y a pas de téléphone. Le douanier n’a donc pas encore été informé de la décision de Madrid de fermer la frontière avec la France. Sousa Mendes use du prestige de sa fonction de consul et impressionne le douanier qui laisse passer tous les réfugiés qui pourront ainsi, munis de leur visa, gagner le Portugal.
Le 8 juillet 1940, Aristides de Sousa Mendes est de retour au Portugal. Accusé de désobéissance, préméditation, récidive et cumul d’infractions, il est traduit devant le Conseil de discipline à Lisbonne. Aristides de Sousa Mendes meurt dans la pauvreté le 3 avril 1954, à l’hôpital des pères franciscains de Lisbonne.
En 1966, le Mémorial de Yad Vashem en Israël honore Aristides de Sousa Mendes du titre de Juste parmi les Nations. Vingt ans plus tard, le 15 novembre 1986, il est décoré par le président de la République portugaise, Mário Soares, de "l’Ordre de la liberté" au grade d’Officier et sa famille reçoit des excuses publiques. Entre 40 000 et 100 000 juifs se réfugièrent au Portugal pendant la guerre. Aristides de Sousa Mendes aura émis des visas pour plus de 30 000 personnes, dont 10 000 de confession juive.
Pitch : Alexandra Schmidt, journaliste dans un quotidien de Lisbonne, est informée de la décision du célèbre chef d’orchestre Francisco de Almeida (82 ans), établi à Caracas depuis 67 ans, de mettre fin à sa carrière de directeur de l’orchestre symphonique de l’Ecole de Viana do Castelo. Durant sa carrière, le célèbre chef d’orchestre a composé une symphonie à la mémoire du consul du Portugal à Bordeaux en 1940, Aristides de Sousa Mendes.
Intriguée par ce choix, Alexandra décide d’enquêter et découvre avec surprise, dans les archives de son journal, que Francisco de Almeida est en réalité né en Pologne en 1927 et que son véritable nom est Aaron Appelman. Ce nom de famille est le même que celui de sa grand-mère, Esther, née elle aussi en Pologne.
Esther Appelman a toujours été convaincue que son petit frère, Aaron était mort en 1940 à Bordeaux, ville où ils avaient fui ensemble venant d’Anvers en mai 1940 lors de l’invasion de la Belgique par les troupes nazies. Alexandra Schmidt qui veut savoir qui se cache derrière Francisco de Almeida, le rencontre. Le célèbre chef d’orchestre lui raconte alors son histoire.
Durée : 125 min
Année de production : 2011
Espace Rachi-Guy de Rothschild, 39, rue Broca, Paris 5e
Entrée : 5 euros - Renseignements : 01 42 17 10 70
Réservations : www.festivaldesculturesjuives.org
2) Vendredi 13 juin à 14h30, une conférence/rencontre : L’Algérie : l’Amour de la Terre natale
Animée par Hubert Habib et Guy Lévy, administrateur et vice-président de Morial. Avec la participation de Roger Bensadoun, Pierre H'limi, Sandrine Solovecik et Jean-Pierre Stora.
2000 ans d’existence, 2000 ans de présence sur cette Terre, des histoires mouvementées, des itinéraires à haut risque, des passages aventureux. Autrement dit un rapport toujours charnel et viscéral à la Terre, à son environnement, au climat, aux populations locales, aux mœurs et aux cultures rencontrées, mais aussi des chocs successifs, une coexistence et souvent des replis farouches mêlés d’une atavique inquiétude…
Le plus grand nombre des Juifs d’Algérie est parti en 1962, au lendemain de l’indépendance de ce pays. Dans les années suivantes, le reste des Juifs s’en est allé, au point qu’aujourd’hui la présence juive sur cette terre, est pratiquement inexistante.
Des décennies après avoir quitté ce sol avec l’amertume d’un déracinement douloureux, l’Amour de la Terre natale s’y est inscrit comme pour marquer l’ADN des descendants de ces Juifs, qu’ils aient pris les routes de France, les chemins des Amériques ou l’itinéraire-retour vers la Terre promise.
Maison de l’Europe
35-37, rue des Francs-Bourgeois, Paris 4e
Entrée : 5 euros - Renseignements : 01 42 17 10 70
Réservations : www.festivaldesculturesjuives.org