Les photos d’Alger sont prises par Jean-Pierre Stora, compositeur de musiques et photographe, et lui appartiennent. http://jeanpierrestora.com/
Je suis né dans une famille où les Chiche de Blida et de Médéa (Algérie) s’étaient unis aux Stora d’Alger.
Mémé Clémentine-Diamantée, dite Mémé Titine (la Maman de ma Maman) avait épousé son oncle, Lucien, que l’on devait appeler Pépé Lulu.
ls eurent quatre enfants : Robert-Salomon, Roger-Abraham, Fernande (ma Maman), et Gilette. I
Du côté des Stora, Mémé Lucie-Béziza (la Maman de mon Papa) avait épousé Salomon, qui était veuf. Ils eurent trois enfants : Suzanne-Esther, Paul-Moïse (mon Papa) et Charles-Léonce.
Les deux branches familiales vivaient à Alger .
Pépé Lulu exploitait, avec les deux frères de Mémé Titine (Tonton René, et Tonton Émile) un fonds de commerce d’épicerie en gros, situé rue Lazerges. C’était lui qui prospectait la clientèle, faisant des tournées dans la banlieue d’Alger, et dans le bled. Lorsqu’en classe, j’avais donné satisfaction, j’avais le droit de l’accompagner, en banlieue. J’appelais promenades ces allers, à droite, et à gauche.
Je guettais ce jour-là, du balcon de l’Avenue de la Marne, où habitaient mes parents, l’arrivée de la Citroën que conduisait Pépé Lulu (je me souviens encore de l’immatriculation de la voiture).
Machinalement, lorsqu’à telle exposition d’automobiles anciennes, je vois le modèle d’alors, je suis transporté à Birmandreïs, où nous retrouvions Madame Pons, et Brahim, exploitants, au détail, d’épiceries. Au Cap Matifou, c’était Monsieur Léon qui nous recevait, en nous offrant une part de tarte que Madame Léonie, sa femme, avait préparée (la similitude des prénoms m’amusait) – Nous faisions une escale aux « Flots bleus », la brasserie tenue par Madame Giordano – Là, Pépé Lulu m’offrait une limonade !... Je revois encore la Bouzaréah, ce petit village situé sur les hauteurs d’Alger, Ben Aknoun, ce lieu où allait être implantée la cité universitaire, en novembre 1950.
En 1982, lors de l’un de mes retours en Algérie, accompagné d’un ami, je me rendis à Ghardaïa. J’y fis la connaissance d’un vieux Monsieur qui allait se présenter sous le nom de Mokrane. Il faisait visiter, grâce à une petite camionnette, les environs de la ville, pour quelques dinars.
Il devine que je suis un « enfant du pays », à la façon dont je parle de l’Algérie.
- Moi, me dit-il, j’ai vécu à Hussein Dey (l’une des banlieues d’Alger). J’étais épicier.
Je lui dis que mon grand-père était épicier en gros.
- Qui c’est ton grand-père, me demande-t-il. - Tu ne dois pas l’avoir connu : il était à Alger.
- Où il était à Alger ? - Rue Lazerges. - M’sieur Lucien, s’exclame-t-il avec affection. Mokrane s’approvisionnait chez Pépé Lulu !
Nous fûmes invités à dîner le soir chez lui. À mon départ de cette ville, il m’offrit une grande boîte de dattes. Ce fut le début d’une amitié.
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Pépé Salomon exploitait, lui, un petit commerce, au détail, de bonneterie, chemiserie, situé non loin de l’Opéra, rue Bab-Azoun.
Papa allait devoir, après sa classe de première au Lycée Bugeaud, son Papa étant fatigué, abandonner ses études pour venir en aide à la marche de la boutique.
Aussi, Guy (mon cousin, le fils aîné de Tata Gilette) et moi (j’avais huit mois de plus que lui), lorsque, tous deux, déjà passionnés de cinéma, de music-hall, nous manquions la classe le mercredi après-midi (le jour de congé scolaire en semaine était, alors, le jeudi), à l’insu de nos parents
pour aller recueillir l’autographe de telle vedette (les représentations, en matinée, des tournées théâtrales KARSENTY,HERBERT-POPESCO se donnaient à l’opéra, le mercredi), faisions nous en sorte de faire un grand détour, pour ne pas passer devant le magasin.
Cela dura jusqu’au jour où nos parents reçurent un mot de la direction du même Lycée Bugeaud (photo classe1))où, à notre tour, nous étions élèves.
Les vocations qui allaient guider nos parcours professionnels (Guy allait devenir cinéaste, et moi, compositeur de musique, quand bien même ai-je, en parallèle, suivi une carrière d’avocat), étaient, déjà, ancrées en nous.
Lors de mon premier retour à Alger, après l’indépendance de l’Algérie, j’ai effectué un pèlerinage sur les lieux qui m’étaient chers. Parmi ceux-ci : le magasin de la rue Lazerges qui a laissé place à un hammam, et... celui de la rue Bab-Azoun qui existe toujours, mais avec, désormais, pour objet la vente de vêtements.
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Les fêtes, mes parents et moi, en passions la première moitié chez Mémé Lucie (Pépé Salomon nous avait quittés en 1942). Veuve, Tata Suzanne était venue avec ses deux enfants, Claude et Mady, habiter chez sa Maman. Mon cousin était très religieux. Papa accepta que ce fût lui qui fît les prières. Nous en suivions la lecture ; la deuxième moitié se passait chez Mémé Titine et Pépé Lulu, en présence de mes tantes, oncles, cousines et cousins ; c’est à Pépé Lulu, qui était, par ailleurs, Guizbar, et administrateur de la synagogue située rue de Suffren, que revenait l’honneur de faire les prières. C’est dans cette synagogue qu’a été célébrée ma Bar- Mitsva, synagogue qui aujourd’hui n’existe plus.
Le cinéma, qui se trouvait dans cette même rue ("Le Suffren"), à gauche, en remontant la rue, a, lui aussi, disparu, sans emporter, toutefois, pour moi, le souvenir de Lady Marian et de Sire Robin de Locksley (Olivia de Havilland, et Errol Flynn, héros du film de Michael Curtiz, "Les Aventures de Robin des Bois").
Pépé Lulu était, lui aussi, religieux, mais assez large d’esprit. Guy et moi habitions tout près l’un de l’autre ; nous avions un ami commun, François. Avec lui et d’autres enfants du quartier (nous avions alors une dizaine d’années), nous jouions, parfois, aux noyaux d’abricots. Nous mettions quatre noyaux côte à côte, et un sur le dessus. Nous nous placions à une certaine distance de ce tas (environ deux mètres). Avec notre noyau, que nous lancions, nous devions faire "éclater" le tas. En cas de succès nous gagnions les noyaux posés au sol, en cas d’échec nous perdions le nôtre.
Un après-midi, en cours de partie, François nous dit :
- Je dois partir, j’ai promis à l’Abbé Streicher (François était enfant de chœur) d’être à quatre heures à l’église pour l’enterrement de Monsieur Crezienzo.
Nos autres amis se joignirent à François. Quant à Guy et moi, nous trouvâmes naturel d’aller avec eux, pour ensuite, tous ensemble, revenir finir la partie.
Il se trouva qu’alors que nous suivions, vêtus de la robe noire de circonstance, le corbillard, Pépé Lulu qui, lui aussi, habitait le quartier, vint à passer. Il nous vit.
Après la cérémonie il vint vers nous et nous dit tout simplement :
- Mes enfants, s’il s’était agi d’un mariage, pourquoi pas, mais, à vos âges, un enterrement... Nous nous mîmes à rire, et nous ne fûmes pas « grondés » davantage.
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Vichy était une ville d’eau importante pour les gens d’Afrique du Nord. Ils allaient y faire des cures thermales. Mémé Titine et Pépé Lulu s’y rendaient tous les deux ans. Là, c’était Pépé Lulu qui buvait les eaux, dont l’action, selon les termes mêmes de son médecin traitant, était bénéfique à l’appareil hépatobiliaire (terme que j’ai eu du mal, je l’avoue, à retenir). Là, dans le parc aux allées bordées des sources « Chomel », « Hôpital », « Grande Grille », ils retrouvaient leurs amis, les Cherqui, les Douïeb... dont j’allais faire la connaissance, lorsque mes grands-parents pensèrent opportun de m’amener avec eux, dans ces stations, respirer le « bon air de France » (j’avais alors neuf ans).
Vichy allait trouver grâce à mes yeux le jour où les Douïeb nous invitèrent à « prendre quelque chose » au bar de l’Hôtel Carlton. À peine avions-nous franchi le seuil de ce palace, que j’eus le plaisir de voir, selon l’expression consacrée, « en chair et en os », Monsieur Maurice Chevalier. Pépé trouva de bon ton de le saluer de la tête, en réponse à quoi Momo lui adressa, à son tour, un même salut. Je croyais rêver. J’étais aux anges. Maurice Chevalier !...
Vichy acquit, pour moi, définitivement ses lettres de noblesse lorsque Pépé Lulu accepta de m’inscrire à un radio-crochet. Celui-ci se déroula à la Brasserie « La France ». Chaque candidat (nous étions cinq à avoir été retenus) devait interpréter un morceau. Je choisis la chanson écrite par Geo Koger et Georges Ulmer : "Un Monsieur attendait" pour son côté anecdotique. Je remportai le second prix. Une grande boîte emplie de pastilles blanches en forme de losange, marquée du sceau "Vichy-État" me fut offerte.
Après Vichy, mes grands-parents se rendaient à Aix-les-Bains, où Mémé Titine soignait ses rhumatismes.
Il m’arrive, parfois, d’aller à Vichy, où résonnent encore à la rue Georges Clémenceau, les accords de l’orchestre de Robert Sellers qui m’accompagna, dans les allées du parc, le rire tonitruant de Monsieur Hayem Cherqui. La Brasserie est devenue un simple café, à la même enseigne. À Aix-les-Bains chante toujours à mes oreilles, la voix aigue de Madame Rassa, la directrice de l’Hôtel des Bains, où Mémé Titine et Pépé Lulu avaient l’habitude de descendre. Chaque matin, elle nous demandait si nous avions bien dormi, ajoutant de manière grandiloquente "Bien dormir est tellement important".
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Un esprit artistique régnait dans la famille. Du côté maternel, Tonton Roger fit des études musicales ; il fut premier violon, dans une formation classique. Et puis, il entra à l’université, obtint un diplôme de Docteur en médecine, épousa Tata Manou, et s’installa à Koléa (petit village situé à une quarantaine de kilomètres d’Alger). C’est là qu’un soir, à ma demande, il sortit son violon et joua le concerto qu’il avait composé. Très beau morceau. L’émotion était grande.
Le dessin intéressait Tata Gilette. Elle fréquenta l’école des Beaux Arts. Son professeur, Madame Chauveau, l’encourageait. Elle la trouvait douée. Son cousin Eugène demanda sa main. Ce fut un mariage (photo 14) d’amour. Elle conserva précieusement le portrait qu’avait fait d’elle Madame Chauveau. Guy, leur fils, plus tard, allait suivre, dans cette même école, les cours de peinture. Devenu réalisateur, il fit figurer, dans chacun de ses films, ce portrait.
Maman, elle, était passionnée de théâtre. Elle fut l’élève de Madame Paule Granier, au conservatoire. Après avoir obtenu un premier prix de comédie et un deuxième accessit de tragédie, elle serait bien partie à Paris tenter une carrière d’actrice, si son frère aîné (Robert) et, sous son influence, son Papa, ne s’y étaient pas opposés. Elle en garda une blessure.
Du côté paternel, Tonton Charles-Léonce, d’instinct, chantait, en s’accompagnant au piano, les chansons à la mode, avec une prédilection pour celles de Charles Trenet. Il fut particulièrement heureux de se produire en première partie d’un spectacle de bienfaisance donné au parc de Galland à Alger. La vedette en était Joséphine Baker. Elle allait, un jour de décembre 1950, accepter de recevoir les deux gamins de onze-douze ans, chasseurs d’autographes, que Guy et moi étions, nous parlant du métier « d’artiste », de ses propres débuts (« girl » à seize ans, dans la première revue montée par des Noirs (Sissle et Noble) « Shuffle along », rappelant « la lutte à mener contre toute discrimination raciale »).
Papa, lui, avait, comme Tata Gilette, des dispositions pour le dessin ; il aurait bien aimé en faire son métier, s’il n’avait pas dû venir en aide à la marche de "La petite Jeannette", nom donné à la boutique de Pépé Salomon. Je n’ai jamais su le pourquoi de cette enseigne. J’ai découvert à Trouville l’existence d’une autre "Petite Jeannette". « Aucun rapport » m’a-t-il été dit, « avec celle d’Alger ». Alors ?...
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Parmi les membres de la famille, par alliance, je pense devoir parler de Tata Adeline, l’épouse de Tonton René. Guy et moi l’avions surnommée « La Tante Adeline je sais tout ». Non pas parce qu’elle avait, comme Mémé Titine, obtenu le brevet d’études, mais parce que, cinéphile, comme Maman, elle était à même, lorsque Maman n’y parvenait pas, de nous renseigner sur un film, son réalisateur, ses interprètes. Nous la rencontrions souvent le dimanche matin, au cinéma Olympia, où le ciné-club présentait des films qui faisaient salle comble. Les critiques qu’elle formulait de telle ou telle œuvre étaient, la plupart du temps, pertinentes.
Tonton Victor était l’époux de Tata Berthe, la sœur de Mémé Titine. Guy et moi l’appelions, affectueusement, Totor. C’était un homme très décontracté. Le métier qu’il exerçait, sa façon de vivre, nous amusaient. Il vendait, dans une petite boutique située rue de la Lyre, des oiseaux, et des graines servant à leur nourriture. Parmi ceux-ci il y avait un rossignol qu’il avait prénommé Luis en hommage au chanteur Luis Mariano. Il n’était pas question qu’il s’en séparât. Tata Berthe organisa, un dimanche, un grand goûter pour le soixante cinquième anniversaire de son époux. Guy et moi proposâmes d’interpréter en chœur à son intention une chanson. Ce fut la chanson de Raymond Vinci et Francis Lopez, créée en 1952 par Luis Mariano : « Rossignol de mes amours ». Après les applaudissements, Totor vint nous embrasser avec chaleur. Parmi les invités il y avait ses amis (avec leurs épouses) : Monsieur Fassina, négociant en vins, Monsieur Chetrit, marchand de meubles, Monsieur Schneider, jeune retraité. Les aïeux de ce dernier, au moment de la colonisation de l’Algérie, étaient venus d’Hunspach, petit village d’Alsace où, lui avait- on appris, on fabriquait des tapis de paille, des bonnets d’hommes en laine noire. Il lui était arrivé d’y aller quelques fois.
En semaine, vers seize heures, du lundi au jeudi, après avoir fermé le magasin, Totor allait rejoindre, en s’y rendant à pieds, à la brasserie du « Coq Hardi » située rue Charles Péguy, à deux pas de la Grande Poste, ces amis-là.
Monsieur Fassina laissait, après le repas de midi, la gestion de son commerce à son fils aîné. Monsieur Chetrit travaillait principalement avec les salles de ventes, il disposait de temps libre. Monsieur Schneider n’avait plus d’activité professionnelle. En leur compagnie Totor dégustait son traditionnel café-crème tandis que commençait une partie de dominos ou de jacquet, ou encore de belotte. Cette brasserie à la terrasse vitrée, ornée de plantes, recevait habituellement, en semaine, vers treize heures, pour l’apéritif, les journalistes de la « Dépêche Quotidienne » (dont les bureaux étaient proches), et, quotidiennement, l’après-midi, Dames et Messieurs venus y passer un moment. En janvier 1957 une bombe y fut placée. Son explosion fit de nombreuses victimes.
Je devrais parler plus longuement de Pépé Lulu qui avait commencé, comme ses frères, à travailler à l’âge de neuf ans, pour apporter quelque argent à la maison (sa Maman qui avait eu six enfants était veuve, et sans ressources).
Je pourrais faire le portrait de Tonton Joseph, le frère cadet de Pépé Salomon. Handicapé physique, il travaillait, toutefois, comme manutentionnaire sur les quais.
J’aimais l’entendre raconter en détails le tournage de la scène finale de « Pepe le Moko », (le film de Julien Duvivier), heureux, pour ne pas dire fier, d’avoir eu pour « partenaire » Jean Gabin (il avait, en fait, été employé comme figurant pour cette séquence).
Je pourrais évoquer la personnalité de Tata Juliette (la Maman de Tonton Eugène) devenue une héroïne, dans la famille, le jour où elle partit rejoindre, au front, pendant la guerre de 14-18, Tonton Émile, blessé au combat. Aux réunions familiales, elle se mettait au piano. Son répertoire : les musiques de Vincent Scotto. Parmi celles-ci : "La Petite Tonkinoise", "J’ai rêvé d’une fleur", "Sous les ponts de Paris" et, immanquablement, "J’ai deux amours". Elle reflétait la joie de vivre.
Je voudrais remercier Marcelle, la cousine de Maman (elle était la fille de Lisette, la sœur de Pépé Lulu) ; elle était veuve, propriétaire d’un petit logement dans le quartier de la Consolation, à Bab el Oued
Lorsqu’au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, Maman retourna, comme on dit maintenant, « là-bas » (Papa était arrivé à Paris malade, souffrant de problèmes cardiaques), pour essayer de vendre l’appartement où nous vivions, acheté à grand’ peine. C’était Marcelle, restée à Alger, pareillement pour des raisons matérielles, qui l’accompagnait dans les différentes administrations, qui la soutenait moralement face aux difficultés de tous ordres, rencontrées, qui l’invitait à dîner le vendredi soir, à déjeuner le samedi, pour fêter le shabbat (le frère de Marcelle, encore à Alger, pour les mêmes motifs, disait les prières).
Maman ne put pas, en définitive, malgré l’obtention d’un bon de réintégration de l’appartement (celui-ci était occupé illégalement) parvenir à ses fins.
Elle fit le récit de ses neufs mois, ainsi, passés à Alger, dans un livre publié sous le titre : "L’Algérie pour mémoire". L’éditeur ne nous avait nullement fait part, lors de la signature du contrat, de la situation financière de sa société ; quinze jours après la sortie du livre, celle-ci fut déclarée en liquidation de biens. Je pense qu’une nouvelle édition de ce témoignage devrait trouver sa place parmi les ouvrages évoquant le drame algérien.
Je souhaiterais pour ne pas devenir importun avec l’évocation de souvenirs de famille, terminer sur une note moins grave, en racontant une petite histoire concernant Émile, le cousin de Maman (il était le fils d’Isaac, le frère de Pépé Lulu).
Émile, docteur en médecine avait, avec plusieurs de ses confrères, créé une polyclinique située près du Palais d’été appelée "Les Glycines". En décembre 1950, non loin de là, le Prince Ali Khan venu à Alger pour des questions de chevaux (il possédait plusieurs écuries), fut victime d’un petit accident de voiture. On l’emmena aux "Glycines", où il fut placé en observation pendant quelques jours. Son épouse (le mariage avait été célébré en juin 1949) restait à ses côtés. Guy et moi désirions ardemment rencontrer cette épouse. Émile resta ferme. Des consignes avaient été données pour que le couple princier ne fût pas dérangé. Nous en avons conservé un regret. Cette épouse avait pour nom : Rita Hayworth.
Permettez-moi, cependant, d’ajouter, de manière ultime, simplement ceci : en 1990 (dernière fois que je suis allé à Alger) j’ai pu, à nouveau, au cimetière de Saint- Eugène, me recueillir sur les tombes de Pépé Lulu et Pépé Salomon. Rentré à Paris, je suis allé dire, à la synagogue Berith Chalom, à leur mémoire, un kaddish.
Merci de votre attention ; bien sincèrement.
Les photos d’Alger sont prises par Jean-Pierre Stora et lui appartiennent.