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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Par Ephraïm, Alfred ENKAOUA : fils de Samuel 1911-1985, et petit fils d’Ephraïm 1868—1916.

L'épitaphe de la tombe du Rab - (1)

 SA VIE

Le Rab Ephraïm Aln'Kaoua qui est inhumé à Tlemcen, est l'un des rabbins les plus prestigieux du judaïsme algérien.

Par la noblesse de ses sentiments, l'étendue de son savoir, la fascination qu'il exerçait sur sa communauté, il a été considéré en son temps comme " la lumière d'Israël " et, après plusieurs siècles sa mémoire est toujours évoquée avec vénération.

Né en 1359, à Tolède, l'un des foyers rayonnants de la culture juive en Espagne,Ephraïm Aln'Kaoua est le descendant d'une lignée de rabbins talmudistes et thaumaturges.

 

Son père, Rabbi Israël, Grand Rabbin de Tolède, confia l'éducation de son fils à des maîtres éminents qui lui enseignèrent bien des branches du savoir.

Lui-même étudia la médecine à l'Université de Palencia (Nouvelle Castille).Mais après la Reconquista, l'Espagne vivait une époque troublée. Les tracasseries contre les Juifs étaient entretenues par le Tribunal de l'Inquisition.

Des flambées d'antisémitisme provoquées par le clergé local contraignirent bien des juifs à la conversion ou à l'exil.

Ainsi, en 1390 l'archidiacre Don Martinez Fernand d'Ecija du diocèse de Séville, bien qu'excommunié, lança l'ordre aux clercs du diocèse de démolir les synagogues. A Séville aussi, en 1391, une émeute populaire dirigée contre les collecteurs d'impôts juifs entraîna la mort de deux mille personnes.

Le père du Rab, Rabbi Israël, convaincu de pratiquer en secret le judaïsme, fut arrêté, jugé et brûlé vif. On raconte même qu’il périt sur le bucher tenant un Sépher Tora à la main.

Son frère Rabbi Salomon est mort juste après cela exécuté en martyr. Son autre frère Samuel était décédé quant à lui en 1345. Il y eut plus de 4000 victimes durant cette période qui dura trois mois, et 70 communautés furent anéanties.

Pour échapper à la persécution, le Rab Ephraïm avec tant d'autres abandonna l'Espagne et se réfugia au Maroc. Il fut vite adopté par la communauté de Marrakech. Deux plus tard, il quitta cette ville hospitalière pour se rendre en Palestine et s’arrêta à Honine en Algérie, port où aboutissait la route de l'or et des esclaves, mettant en relation le Soudan à Tlemcen et ensuite le sud de l’Espagne.
Arrivé, en 1393 à quelques lieues de Tlemcen il avait refusé d’enfreindre le Shabbat et de continuer sa route malgré les craintes des membres de sa caravane. L’endroit était fréquenté par des lions et des bêtes sauvages. Convaincu que le Seigneur le protégerait : il y resta donc seul, cependant que la caravane dont il faisait partie s’en allait craignant en plus les brigands des chemins.
L’histoire rapporte qu’un Miracle se produisit pour lui à la nuit tombée. Après l’entrée de shabbat, durant la nuit un lion furieux bondit devant le Tsadik. Sans perdre son sang-froid, le Rab Ephraïm Enkaoua vêtu de son taleth, récita un verset du Psaume: «Sur le lion et la vipère tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le serpent" (Psaumes 91:13).

Tout d’un coup changé, le lion s'approcha de lui et, d’une démarche majestueuse, il s’agenouilla à ses pieds comme s’il avait été hypnotisé. Il demeura ainsi toute la sainte journée. Par crainte du lion, tous les animaux s’éloignèrent de Rabbi Ephraïm. Il en fut ainsi jusqu’à l’issue du Shabbat : le lion ne l’avait pas quitté.

Il s’aperçut alors que ce dernier tenait entre ses mâchoires un serpent dont les extrémités se rejoignaient : elles étaient liées sur sa nuque comme un licou. Le rabbin comprit ce signe. Il enfourcha le lion, prit le licou en main et arriva à Tlemcen. Ses compagnons, le voyant arrivé ainsi, répandirent la nouvelle comme celle qu’un très grand miracle venait de se produire, d’autant qu’un précédent avait eu lieu : ayant soif le Rabbi Ephraïm avait de son bâton frappé un rocher et une source d’eau jaillit !!!

Rabbi Makor Baroch relata cet événement en ces termes : "Devant moi ont témoigné des gens dignes de foi qu'ils tenaient de leurs ancêtres le récit de l'arrivée du Rab à Tlemcen, monté sur un lion et tenant dans ses mains les deux bouts du serpent."

Tlemcen fut de tout temps une capitale et un jardin.
Les Romains la nommaient Pomaria – "vergers" – et les Berbères, qui en firent la capitale du royaume : Tilmisan – « sources », en tamazight. La justement nommée « Perle du Maghreb » est bâtie dans un amphithéâtre rocheux, à quelques dizaines de kilomètres de la mer (on aperçoit par beau temps Béni-Saf), et des cascades chutant de la montagne par paliers successifs font toute la beauté de ce site exceptionnel.
Les Juifs ont vécu là pendant des siècles, probablement depuis l’époque romaine,mais les Mérinides les chassèrent de la ville et ils se regroupèrent hors les murs.
Un événement fortuit améliora leur situation. Le sultan Abou Tachfine dut faire appel à l'art médical du Rab Ephraïm car sa fille se trouvait dans un état désespéré.Le Rab la guérit miraculeusement. Le Sultan demanda alors comment il pouvait le remercier. Il sollicita pour ses coreligionnaires la possibilité de résider dans le centre de la ville, à l’intérieur des murailles, et promit au Sultan, par ce geste, une longue prospérité à toute la région.

A l’époque les juifs habitaient un quartier isolé dit "Agadir". Ils se trouvaient isolés et exposés, jours et nuits, à la merci de provocateurs, brigands et voleurs, et bêtes féroces. Il demanda ainsi au gouverneur d’accorder aux juifs un terrain grand comme une peau de mouton !!! Stupéfait par cette demande ce dernier accéda à cette requête et fit apporter au Rab la dite peau.
Le Rab se mit à la découper en très fine lanière, longue de plusieurs centaines de mètres. Il put ainsi délimiter dans Tlemcen un terrain suffisamment grand où les juifs s’installèrent et vécurent enfin en paix et en sécurité jusqu’à leur départ définitif en
juin 1962, lors de l’indépendance de l’Algérie. Ce quartier proche du « Méchouar »fut désigné par le gouverneur « El merja » (le lac) Le Rab le médecin officiel du palais royal. Il fut très honoré et respecté tant par le Roi que par son entourage, sa cour et toute la population arabe. Il devint célèbre par ses miracles.

La synagogue qu’il fit construire existe encore de nos jours, ainsi que la rue qui porte son nom. De 1393 à 1962 la petite communauté de Tlemcen compta jusqu’à de dix-sept synagogues.

Entouré de la vénération générale de la population de Tlemcen, après avoir répandu des marques de sagesse et de sainteté, le Rab Ephraïm Aln'Kaoua s'éteignit le 1er Kislev 5203 (13 novembre 1442) à quatre-vingt deux ans.
Il fut inhumé au dehors de la ville, dans un petit cimetière situe en face du vieux cimetière juif sur la route de Hennaya.
Avec la trentaine de membres de sa famille il repose en un lieu de rêve, prédestiné pour traverser l'éternité, au milieu des jardins où l'on ne peut entrer sans émotion, dans un silence à peine troublé par le piaillement des oiseaux. Juste à coté coule une petite source d’eau fraiche.
Au bout d'une allée bordée d'arbres, sur une longue pierre tombale blanchie à la chaux est gravée une vieille épitaphe en hébreu :

" Ici repose celui qui fut notre orgueil, notre couronne, la lumière d'Israël, notre chef et maître, versé dans les
choses divines, homme miraculeux, le Grand Rabbin Ephraïm Aln'Kaoua. Que son mérite nous protège ".

Son tombeau est vénéré tant par les juifs que les musulmans, d’autant qu’à sa mort naturelle, la fille du sultan fut enterrée à quelques mètres de lui.
Et, ainsi sa tombe devint un lieu de pèlerinage qui a attiré les foules d’Afrique du Nord jusqu’à l’Indépendance du Maroc, de Tunisie et d’Algérie.
La Hiloula du Rab y était célébrée en même temps que celle de l’illustre Bar Yohai, le trente troisième jour de l’Omer, bien que la date de son décès soit connue : 1er Kislev.
Cette Hiloula était un événement à Tlemcen, les personnes qui ont assisté en gardent un Souvenir inoubliable, cette fête durait presque huit jours et a donné l’occasion, entres autres d’organiser des rencontres pour de futurs mariages.
Pendant au moins huit jours la population triplait, voire quadruplait de volume, et toutes les familles « s’entassaient » dans les hôtels ou dans les appartements exigus pour la plupart. C’est de là que vient la formule : "on dormait sur la table et sous la table!!!"
Tous les soirs des grands concerts orientaux étaient organisés. La Mairie organisait un grand bal annuel. C'était vraiment la grande fête : il y avait du monde partout.Dans le cimetière, il y avait en plusieurs endroits des groupes de musiciens de
musique orientale, arabo - andalouse. On dansait, on chantait, on pique-niquait dans les vastes jardins, et aussi près de la source miraculeuse dont on aimait boire l'eau très claire et fraiche. Il y avait des marchands juifs qui vendaient des petites médailles bleues représentant le Rab et des petits sachets de tissu contenant un peu de terre de ce cimetière. Cela portait bonheur disait-on, et chaque étudiant en ,conservait un durant toute l’année et surtout lors des examens.
Au «grand faiseur de miracles », on venait de partout implorer la guérison, la fin de la stérilité, le mariage des enfants, la réussite scolaire et professionnelle etc.
Sur la grande tombe blanchie à la chaux on mettait un morceau de sucre mouillé d'eau et on suçait ce sucre, accroupi, en priant pour la réalisation de ses voeux, ou en remerciant pour les voeux exaucés. Quand on jurait selon l'expression consacrée: "Sur le Rabb de Tlemcen!" c'était au dessus de tout. L’énonce de cette phrase ne souffrait aucune contestation.

Cette expression a traversé les siècles, au point que certains juifs de l’oranie ou d’ailleurs ignoraient, au fil du temps que le Rabb de Tlemcen s’appelait Ephraïm ENKAOUA.

Mais pour confirmer les miracles, Le Rav Messas raconte le fait suivant : "J'ai lu dans le journal  Tov Israël  du 24 mai 1889 qui paraissait à Oran sous la direction de Salomon Ben Ohayon, que la semaine précédente, un notable musulman était tombé malade. Il alla prélever un peu de terre sur la tombe du Rab pour faire un médicament. Aussitôt, il fut pris de tremblements puis s'immobilisa comme paralysé.Il ne pouvait proférer une seule parole. Des musulmans qui le virent ainsi prévinrent des juifs qui firent une prière sur la tombe du Rab. Le notable retrouva alors l'usage de la parole et de ses membres et fut même guéri de sa maladie. Il fit alors des dons importants à la communauté."

Rav Messas raconte aussi : "Un jour que je me trouvais à la synagogue du Rab, une musulmane arriva avec une belle chaîne en cuivre et un grand verre pour en faire une veilleuse en l'honneur du Rab. Elle me raconta spontanément qu'elle avait été très malade et que nul n'avait pu la guérir. Elle eut l'idée d'aller prier et implorer Dieu sur la tombe du Rab à plusieurs reprises et fut alors guérie. Elle s'exprimait avec passion et émotion. Elle installa la veilleuse, l'alluma et s'en alla, satisfaite.
Mais, il y a une suite qui ne peut pas être contestée :
Apres l’indépendance de l’Algérie des travaux publics furent envisagés pour l’agrandissement des routes et ce fut le vieux cimetière juif qui était prévu pour ces aménagements.

Mais lorsque les travaux arrivèrent près de la tombe d’un autre grand Tsadik de Tlemcen : Yossef Alachkar que l’on a appelé « ER-KIESS », l’engin de terrassement se bloqua, et un incident technique important survint par la rupture d’une pièce métallique. il fallut changer de machine, et le lendemain même problème,avec en plus un malaise du conducteur, le troisième jour mise en place d’une nouvelle machine et d’un nouveau chauffeur et bien entendu nouvel incident mécanique et malaise cardiaque du conducteur. La direction des travaux ne s’expliquait pas ces incidents.

Pris de peur et de superstition les ouvriers cessèrent le travail des qu’une personne âgée leur racontait l’histoire de cette sépulture. A la suite de ces phénomènes un nouveau tracé fut décidé, ainsi actuellement ce tombeau mortuaire est resté à sa place et justifie le miracle de cette histoire véridique.

La communauté juive de Tlemcen a toujours gravité autour de cette tombe et des pèlerinages annuels. Les Juifs y étaient fort nombreux, surtout après l’expulsion d’Espagne de 1492 qui les fit affluer dans cette capitale du Maghreb central.

Ils étaient plus de cinq mille en 1940. La guerre d’Algérie secoua cette paisible communauté : elle eut son lot d’attentats et d’exactions, jusqu’à la débandade finale en 1962. Ils furent huit mille à gagner Marseille la France et Israël. Aujourd’hui il ne reste plus de Juifs à Tlemcen, et le Rabb Éphraïm Enkaoua ne veille plus que sur nos morts.

A Paris sous l’égide de quelques tlemceniens de pure souche, dont le regretté Joseph Charbit, une association d’originaire à vu le jour :
L’UNAT (Union Nationale des Amis de Tlemcen) dite la Fraternelle.
Cette dernière oeuvre pour le maintien de la liturgie de tous les Rabbins tlemceniens, façonnée au fil, d’au moins six siècles, par les écrits et la vénération du Rab Ephraïm Enkaoua.
D’ailleurs, depuis l’année 1443 et jusqu’à présent et pour toujours, l’UNAT commémore la Haskara du Rab de Tlemcen chaque veille de rosh rodesh Kislev.
De surcroit tous les ans pour Kippour et à d’autres occasions, il est lu et chanté
spécifiquement une prière écrite en araméen par le Rab au XIVème siècle (voir plus bas)

 

SON OEUVRE

Le Rab a laissé derrière lui de nombreux ouvrages de toutes catégories. Les lettres, les sciences, la médecine, la théologie, la philosophie et la mystique kabbale) ont été étudiés et traités par lui avec énormément de compétence.

Malheureusement, de toutes ses oeuvres, seules quelques maigres manuscrits, comme par miracle, échappés à la force destructrice des siècles, sont parvenus à nos jours.
Le seul livre connu du Rab est "Chaar Kavod Hashem" (A la gloire de l’Eternel). Il traite de philosophie religieuse, des théories de Maïmonide qu'il approuve, de la Kabbale et de la médecine, le tout en langage clair et concis.
Ce traité philosophique nous renseigne sur la finesse de sa pensée, et son testament religieux reste d'une étonnante actualité : "Je vous laisse deux sources :
- La source d'eau pour fortifier votre corps et la source de la Tora qui symbolise la vie éternelle.

- La source d'eau offerte par la volonté de D... et la source de la Tora qui demande la bonne volonté de chacun de nous ".
Le Rab a également composé un chant araméen sur le Kaddish de Kippour et un autre chanté après la Haftara et commençant ainsi : "Maître du monde, Toi qui est au dessus de toutes les créatures, ...". Ces chants figurent dans le rituel de prières de Tlemcen (édition de Livourne).
Rares sont les Tlemceniens qui ignorent la vie du vénéré Rab de Tlemcen, même si histoire et légende y donnent souvent libre cours, sans qu'on puisse toujours distinguer l'une de l'autre, les grandes lignes de son existence sont bien connues.
Ce que l'on connaît le moins c'est l'action en profondeur menée par le Rab Ephraïm Aln'Kaoua pour doter sa communauté de toutes les institutions nécessaires à l'existence d'une Kéhila. Cette activité nous est rapportée par le célèbre rabbin voyageur du XVIIIème siècle Haïm Joseph David Azulaï.
Synagogues, maisons d'étude, écoles rabbiniques, écoles élémentaires, bains rituels, fours rituels (pour les matzots), maisons de retraite, rien ne devait manquer, grâce aux initiatives persévérantes de son Rab à la communauté ainsi développée.
Mais c'est surtout au Beth-Din (tribunal rabbinique) que le Rab devait réserver l'essentiel de son attention. Essentiel pour l'exercice des actes religieux - mariages, divorces, abattage rituel - le Beth-Din devait rendre des services remarquables à la communauté de Tlemcen.

Alors que jusque là, les Juifs avaient dû recourir aux tribunaux musulmans, avec tous les aléas liés à la plus ou moins bonne volonté des musulmans -sans oublier les inévitables pots-de-vin et "bakchich"-, désormais, c'est le Tribunal Rabbinique créé par le Rab qui devait remplir activement son rôle, tant dans les affaires civiles que pénales, pour Tlemcen et pour toutes les communautés environnantes. A la tête de ce tribunal composé de cinq "Dayanim" (juges) devait siéger Rabbi Yéchoua Halévi Kanfonton. Auteur d'un précieux guide pour l'étude du Talmud :
"Les voies de la Guemara" (Darke Haguemara), Kanfonton influença un autre grand maître de Safed, le célèbre Joseph Caro, auteur de notre code des trois Choulkhan Aroukh. Il fut enterré à proximité immédiate de la famille du Rab. Sa tombe devait être découverte il y a plus de cinquante années par le Dayan de Tlemcen Rabbi Joseph Messas.

Des relations singulières devaient s'instaurer entre le tribunal, l'école du Rab de Tlemcen et les autres communautés d'Afrique du nord et même de pays plus éloignés. Mais ces relations furent particulièrement étroites avec la communauté d'Alger qui avait pu bénéficier depuis 1392 du guide exceptionnel en la personne du Ribash (Isaac bar Sheshet Barfat, 1326 - 1408) et du Rachbatz (Simon bar Semah Duran, 1361 - 1444). Ce dernier avait la particularité d'être comme le Rab de Tlemcen, à la fois rabbin et médecin.

Le Rab de Tlemcen eut deux enfants : Rabbi Yehouda et Rabbi Israël. C’est à ce dernier, l’ainé, qu’il dédia son oeuvre « Chaar Kavod Hashem » : « Entrée à la gloire de Dieu » contenant des réponses aux critiques de Nahmanide sur le guide des égarés de Maïmonide, dont certains manuscrits existent à la Bodléian Library d’Oxford Rabbi Yehouda épousa la fille de Rabbi Semah Duran fils du Ribash. Il est l’auteur du livre « Yakhin ouBoaz ». Il a vécu a Tlemcen et Mostaganem.
Rabbi Israël eut un enfant qu’il nomma Ephraïm (du nom de son père).
C’est certainement de eux deux que descendent tous les ENKAOUA, ANKAOUA, ENCAOUA, ANCAOUA, N’KAOUA, ELNEKAVE et autres graphies du nom tant d’Algérie, que du Maroc, d’Israël et du monde entier, et bien entendu l’illustre
Réphaël ENCAOUA de Salé (1848-1935).
Selon Abraham Encaoua (fils de Mardochée/ Oran 1812-1890) qui écrivit le « Zébahim Chelemim » « offrandes de paix » destiné aux shohatim ou sacrificateurs, le Rab de Tlemcen aurait eu un troisième fils : Salomon voire un quatrième Yehuda ?
De passage à Tlemcen pour 3 années, vers 1850, il eut comme élève le futur Grand Rav de Tlemcen Haïm Bliah qui publiera en 1902 à Tunis l’édition commentée du séfer « Chaar Kavod Hashem » du Rab de Tlemcen. Une nouvelle édition parut en 1986 à Jérusalem. Il est dit que quiconque détient ces écrits bénéficie de la protection de Hashem et du Rab Ephraïm Aln’Kaoua.
Cette édition de 1902 put voir le jour avec le concours précieux et prestigieux du célèbre Rabbin allemand : Rabbi Salomon Buber et grâce à l’aide de deux élèves rabbins
: Abraham Bensamoun et Samuel Sultan (1864-1942), grand-père maternel de ma mère née Laïk à Tlemcen. Ce dernier fit le voyage à Londres pour retranscrire et ramener les écrits du Rab qui étaient déposés depuis des décennies à la Bodléian Library d’Oxford.
Cependant le manuscrit de la dite bibliothèque avait été édité pour la première fois aux Etats Unis par En-Elo.
Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, les descendants du Rab de Tlemcen devaient jouer un rôle prédominant comme rabbins et dirigeants de la communauté d'Alger. C’est à compté de cette période qu’une branche de la famille émigra vers d’autres
cieux, dans toute l’Afrique du Nord et principalement :

- à Oran : les ANKAOUA et ENKAOUA dont je suis issu : Ephraïm ENKAOUA fils de Samuel né à Alger en1761, mort à Oran en 1855 à l’âge de 94 ans !!! C’est certainement de lui que découle toute la branche oranaise qui formerait une seule et même famille. Dans ma propre généalogie, je retrouve depuis le début du XVIIIème
siècle une lignée : Samuel-Ephraïm, et ainsi de suite sur huit générations, jusqu’à mon fils Lionel-Samuel né en 1975 et vivant à Jérusalem,
- au Maroc : les ENCAOUA dont est issu Réphaël et dont la descendance se retrouve en Israël, au Venezuela et bien entendu en France.

Le grand Rabbin Achel Haddas Lebel eut le privilège au XXème siècle, d'exercer son ministère dans les deux communautés d’Alger et de Tlemcen. Mais c'est dans cette dernière qu'il aura eu ses plus grandes joies, celles de poursuivre et de développer au sein de la synagogue, de l'école et de la Yéchiva qui portent le nom du Rab de Tlemcen, l'oeuvre qui fut si magnifiquement commencée en cette fin du XIVème siècle et poursuivie au fil des siècles. Quelle plus belle satisfaction d'avoir pu, sans relâche, enseigner la Torah à des centaines et des centaines d'élèves, dans cette belle ville de Tlemcen baignée par les sources de la Tafna, mais aussi
arrosée par les sources inépuisables de la foi, de la tradition et de culture du Judaïsme.
                                                                                                      

                                                                                                  

 Ephraïm, Alfred ENKAOUA

    (fils de Samuel 1911-1985, et petit fils d’Ephraïm 1868--1916)

 

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1)  Traduction de l'épitaphe de la tombe du Rab : 

En 1849, quelques fidèles firent poser une plaque de marbre qui devait couvrir une partie de sa tombe. Elle portait l'inscription suivante :

«Cette pierre est le monument commémoratif de la sépulture de la gloire de notre force, de la couronne de notre tête, de la lumière d'Israël, du très éminent, notre seigneur et notre maître le Kabbaliste divin, celui qui est réputé dans tout Israël, le thaumaturge, le maître de cette glorieuse ville, notre maître et notre rabbin, l'éminent rabbin, la citadelle et la tour, notre maître Ephraïm Nkaoua — que son mérite nous protège, amen.

La tradition que nous avons reçue de nos anciens est qu'il fut appelé dans la yeshiva d'en haut en l'année Rab [202] du sixième millénaire [1442]. Que son âme soit liée dans le faisceau de la vie. Une vision a révélé dans un rêve qu'il est mort le 1er jour du mois de Kislev»

 

Une pierre complémentaire fut posée en 1902, et ainsi la tombe du Rab fut complètement couverte. Le lion et le serpent de la légende n'avaient pas été oubliés.                                                                               

 

'information et photo du cimtiere de tlemcen

Rab Ephraïm Enkaoua - Le maître de Tlemcen

CIMETIÈRE ISRAÉLITE de tlemcen par le Rav Weil 

 

 
 
 
 
 
 

Commentaires   

+1 # Rafael 07-11-2021 00:52
Tres interessant votre texte. Je cherche les origines de l’information q le Rab etait medecin. Avez vous une preuve precise de ce fait.
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+2 # Anne Simon-Hirsch 25-02-2023 21:46
Cher Ephraim, Alfred Enkaoua,
C'est une joie profonde de vous lire et de découvrir la Vie, l'histoire, l'oeuvre et légende... du grand Rabbin Ephraïm Enkaoua.
Infiniment merci, j'ai transmis cette belle et passionnante découverte du Rab de Tlemcen,
à quelques amis rencontré hier soir...
Chalom, Anne
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