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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 (36) LES FRANÇAIS ONT DÉBARQUÉ À SIDI FERRUCH (14 juin 1830)

Attaque d'Alger par la mer le 29 juin 1830 : Peinture de Théodore Gudin

                               

 

                           Par

 

                   Didier NEBOT

 

 

 

Des cris stridents s’élevèrent des ruelles puantes d’Alger :

– Les Français ont débarqué à Sidi Ferruch !

À l’incrédulité succéda l’angoisse.

– Comment ont-ils pu ?

–Nous les chasserons d’un claquement de doigts.

– C’est impossible.

C’était possible. Les Français avaient réussi là où tous avaient échoué. Charles X lavait ainsi l’affront subi par son consul trois ans plus tôt. Ce dernier, dans une altercation avec le dey, 

lors de la fête de Béiram, avait par trois fois reçu un coup d’éventail en pleine figure. Par cette expédition, la France voulait restaurer son prestige si mal en point depuis la défaite de Waterloo, et prouver que mieux que les Espagnols et les Anglais, elle était apte à s’imposer dans cette partie du monde. Elle entendait mettre fin à la piraterie qui empoisonnait toujours les eaux méditerranéennes.

 

Tout alla très vite. Quarante mille cavaliers arabes, accourus de toutes les parties de la Régence, et dix mille fantassins tentèrent de s’opposer à l’envahisseur, à Staouéli. La bataille fut rude, mais les musulmans furent défaits. Louis de Bourmont, le chef des Français, reprit sa marche, et l’étau se resserra sur Alger. Le canon tonnait, la population était aux abois. Comprenant qu’il n’y avait plus d’espoir, Hussein capitula le 5 juillet 1830. Les infidèles avaient vaincu Allah et les siens. La squelettique armée turque, les malhabiles auxiliaires arabes avaient été anéantis en vingt jours à peine.

Les Français, à l’esprit si cartésien, prenaient place dans cet univers mouvant, insaisissable, et l’incompréhension réciproque de deux cultures si dissemblables ne pouvait être qu’annonciatrice de turpitudes et de gâchis. Là où les Turcs avaient réussi pendant des siècles, que feraient ces nouveaux vainqueurs ?

 

Il y eut quelques jours de flottements à Alger durant lesquels mille excès furent commis. On pilla la casbah. Les Arabes, libérés de leurs anciens maîtres, se vengèrent, assassinant bon nombre de Turcs. Mais les Français reprirent la situation en main et la ville retrouva le calme.

Un seul point étrange, prenant de court les envahisseurs : les juifs. En haillons, nu-pieds, les yeux suppliants, ils s’approchèrent des Français à l’uniforme rutilant, leur baisèrent les mains, les remercièrent, guettant le coup qui ne venait pas, s’enhardissant. Ecrasés depuis des siècles par l’islam, ils allaient être les grands bénéficiaires de l’arrivée des Européens Mais, pour les nouveaux maîtres, ce n’était là qu’une meute d’indigènes sans intérêt.

 

L’incompréhension des français sur ce monde était stupéfiante. Lorsqu’une petite troupe, un jour, partie en reconnaissance, tomba sur des corps fraîchement massacrés, aux grimaces morbides, le commandant s’emporta :

– Qui sont donc les êtres capables de commettre des actes aussi inhumains ?

Le regard des soldats se tourna vers leur guide, Lounès, un arabe qui baissa la tête. Les morts portaient des vêtements sombres, ceux qu’on imposait aux juifs. Sans doute ces victimes-là avaient-elles dû montrer trop d’empressement à rejoindre les Français, ce qui avait excité la hargne de leurs assassins.

– Les janissaires, répondit Lounès, machinalement.

Selon les lois du pays, c’étaient les seuls à pouvoir agir de la sorte. Le commandant était hors de lui. Il était supposé apporter la culture et la civilisation dans cet Orient folklorique, et non couvrir des massacres !

 

 

 

Ahmed Bey (1786 – 1851), est le dernier bey de Constantine dans la régence d'Alger

 

 (35) LA REGENCE D’ALGER SOUS L’EMPIRE OTTOMAN

 

                                                    Par

 

                                          Didier NEBOT

 

 

Ahmed Bey (1786 - 1851), dernier bey de Constantine dans la régence d'Alger

La domination turque s’effritait imperceptiblement sur les terres algériennes. Seuls l’islam et une application féroce de la loi maintenaient un semblant d’unité. Le pays, appauvri par de lourds impôts, avait de plus en plus de mal à survivre. Et, par la logique absurde du parasite qui fait mourir la branche qui le nourrit, les collecteurs turcs réclamaient toujours plus à une population déjà saignée à blanc.

 

C’était l’époque des impôts. Bientôt, les percepteurs s’insinueraient tels des rats dans les greniers, furetant dans les coins et s’emparant de tout ce qui leur tomberait sous la main, laissant leur ombre de désolation réduire encore les misérables ressources quotidiennes. Même si, surtout en Kabylie, les émissaires du dey se montraient plus conciliants qu’ailleurs, se défaire de ce que la terre avait chichement produit rendait les villageois récalcitrants. Lorsque les collecteurs entraient dans les douars, les hommes les toisaient fièrement et payaient sans se plaindre. On offrait même le café, en égratignant au passage les Turcs, maîtres du pays.

 

A Alger, "la Course" n’était plus ce qu’elle était dans le temps. Les quelques raïs qui subsistaient ne possédaient plus de bateaux et cherchaient des embarquements à la petite semaine. Les puissances européennes avaient réagi à l’attaque quasi systématique de leurs navires en s’armant et en construisant plus grand. Les Turcs n’avaient même pas profité de cette trêve pour mettre le pays en valeur, la ville somnolait par désœuvrement et le port n’était plus animé du souffle des aventures de jadis.

 

MASCARA : juin 1830

C’est en 1701 que les Turcs avaient transféré à Mascara le siège du Beylik de l’Ouest. Etrange ville où les belles demeures côtoyaient les misérables habitations couvertes en terrasses, à la mode berbère. La ville comptait plusieurs écoles coraniques et mosquées, quant aumarché aux grains, cœur stratégique de la cité, il se tenait sur la place, face au bordj.

Les calicots divers et variés fleurissaient tout autour.

La ville n’était pas aussi  bien développée que les ports d’Alger ou Oran et les juifs y étaient moins nombreux, mais ils étaient bien tolérés etpas trop malheureux. Bien sur ils ne devaient pas se faire remarquer et étaient toujours à la merci d’une de ces « juivades » qui atteignaient parfois leur communauté, de façon aussi subite qu’inexpliquée, à n’importe quel moment, selon l’humeur ou les caprices du maître des lieux ou même de la populace.

Il suffisait que le bey se lève d’un mauvais pied, qu’il ait appris une mauvaise nouvelle ou qu’il ait subi une simple contrariété pour que les juifs en soient les boucs émissaires. Alors gare à celui qui se trouvait sur le passage des janissaires prêts à en découdre avec cette race maudite.

On avait présent à l’esprit cette grande bastonnade qu’incompréhensiblement les juifs avaient subie dans les rues d’Alger en 1788 ou l’ordre qu’ils avaient tous reçu du pacha, en 1815, de protéger de leur corps, jour et nuit, les champs des plaines de la Mitidja pour faire fuir les millions de sauterelles qui venaient d’arriver dans la région.

Ce fut un moment épouvantable, il fallait se relayer jour et nuit dans les campagnes pour chasser, bien inutilement d’ailleurs tant ils étaient nombreux, les insectes affamés. Les janissaires surveillaient les malheureux juifs, n’hésitant pas à donner le coup de cravache à ceux qui, épuisés, ne s’acquittaient qu’imparfaitement de leur tâche.

 

Par Didier NEBOT

Les frères corsaires Barberousse - Prise d'Alger (1516) « Les bateaux accostaient, les corsaires allaient parader en conquérants au son des trompettes et des tam-tams. Yazid, Miloud et Daoud descendaient en courant vers les quais. Cétait toujours avec une joie mêlée de fierté que les trois jeunes turcs admiraient ces silhouettes puissantes aux peaux tannées et aux regards dominateurs défilant dans le port dEl Djezira. Encore quelques foulées dans les ruelles tortueuses de la casbah jusqu’à la porte de la pêcherie et, là, leur apparaîtraient les imposants voiliers, les coffres remplis de trésors. Daoud courait à perdre haleine. Il naimait que les navires, le scintillement du soleil sur la mer, et ces hommes qu’il imaginait indestructibles. Yazid pressait ses camarades pour être en bonne place sur la jetée, quand les prisonniers sortiraient des cales, les femmes surtout !

Par Didier NEBOT

Ce matindu 6 mars 1543 où la ville fut incendiée, le canon tonna, le peuple affolé courut en tous sens. Du quartier éloigné des lépreux, on entendit les cris annonçant que les Espagnols attaquaient. 

Après avoir pris Oran, les chrétiens s’étaient abattus sur la région. Il s’agissait, en contrôlant la majorité des ports côtiers, d’empêcher les rapines et les exactions des corsaires barbaresques, dont l’activité s’était accrue au fil du temps. Et puis, posséder des comptoirs en terre africaine permettrait aux Espagnols d’acquérir à bon compte des produits qu’ils revendraient fort cher en Europe. Le roi de Tlemcen était tombé, trahi par son conseiller Manzor, et ce dernier avait livré la ville à ses alliés, offrant en pâture tous les juifs de la ville.

   

 

   Le "Pourim d'Alger'

 

                Par

 

         Didier NEBOT

 

 

le 23 octobre 1541 (date hébraïque 3 et 4 Héchan), s'est produit à Alger un événement miraculeux, appelé le "Pourim d’Alger".

En 1492, les Juifs sont expulsés d'EspagneCertains trouvent refuge en Afrique du Nord mais la menace de nouvelles persécutions pèse sur eux.

En automne 1541, Charles-Quint, petit-fils d'Isabelle la Catholique et de Ferdinand II d'Aragon, décide de mener une lutte sans merci contre l'Empire Ottoman.

Le 19 octobre, les Espagnols se présentent devant Alger avec une flotte impressionnante, décidés à prendre pied dans cette terre d’Afrique pour y chasser les Turcs.

Le port d’Alger n’est pas habilité à recevoir de tels bateaux.

 

Charles Quint qui ne savait pas que la baie d’Alger était parsemée de petits rochers à fleur d’eau, invisibles à l’œil nu, qui se trouvaient à l’entrée du chenal. Ce qui était un avantage pour les corsaires d’Alger de l’époque qui pratiquait la Course, fut au contraire, un obstacle de taille pour une flotte de l’importance de celle des Espagnols.

 

Le 23 octobre, l’Infanterie débarque entre l’embouchure de l’Harrach et la ville, sur la plage du HAMMA. L’émissaire, envoyé par Charles Quint à Hassan Agha, revient sans avoir obtenu la capitulation du souverain.

Le 25 octobre, toute la troupe débarque, Alger est investie et l’ Empereur établit son quartier général près du marabout de sidi Yacoub à Koudiat Es Saboun (la colline du Savon) où fut élevé Fort l’empereur. La flotte bloque le port.

 

C’est alors que se produit un "miracle"

 

Le 25, dans l’après-midi, une tempête se lève et empêche le déchargement des subsistances et du matériel. Les soldats n’ont ni nourriture, ni tentes. Un grand nombre de navires sont détruits.

 

Le 26 octobre, une troupe turque, sort de la ville et enfonce les premiers postes mais elle doit se replier. Une seconde tentative subit également un échec.

La porte de Bab Azoun se referme devant les attaquants.

Ponce de Savignac plante son poignard dans la porteLa pluie, qui ne cesse de tomber, empêche l’utilisation des mousquets et transforme le sol en bourbier.

Le vent jette à la côte 140 navires et les équipages sont massacrés par les Arabes. Privés de nourriture, les soldats tuent les chevaux pour les manger.

Le 28 octobre, Charles-Quint , conscient de sa défaite, bat en retraite avec le reste de son armée. Le 30 octobre, la troupe arrive au cap Matifou, où quelques navires se sont réfugiés. Le départ se fait le 1er novembre.

 

La tempête reprend et la flotte doit faire relâche à Bougie. Là, les soldats sont accueillis par les Kabyles, alliés des Espagnols, Charles Quint ne regagne Carthagène qu’à la fin du mois de novembre.

 

Cette incroyable issue a, pendant des siècles, été fêtée le 3 et 4 Hechvan (4 et 5 octobre 2019), par un jour de jeûne à l'image du jeûne d'Esther suivi d'un jour de joie et de fête.

 

Ce sauvetage miraculeux fut appelé le "Pourim d’Alger"

Pendant que les débris des navires jetés sur la côte sont récupérés pour construire un pont, on raconte que le rav Bentoua, qui avait une synagogue à Alger, fabriqua une Téba avec le bois d’un des bateaux de l’Armada.

Ce bois aurait également servi à l’armature d’un séfer Torah. Ce séfer Torah est resté 400 ans dans cette synagogue d’Alger.

 

 

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