logo_transparent1.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

 e-mail : morechet@morial.fr -  lescollecteursdememoire@morial.fr

L’ensemble de la base de données que nous constituons sera  régulièrement enrichie par ce travail continu de collecte auquel, nous espérons, vous participerez activement.  L'intégralité du site de Morial sera déposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) à Paris, pour une conservation pérenne .

Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Par Didier NEBOT

Ainsi aux alentour de l’an 700, Hassan, à la tête, d’une armée nombreuse, marcha sur l’Aurès.

De nombreux Berbères se portèrent à la rencontre d’Hassan et lui promirent obéissance, lui demandant son aide contre la Kahéna et se plaignant des procédés de cette dernière[1].

« Les Berbères abandonnèrent la Kahéna pour faire soumission à Hassan… Ce dernier marcha contre les berbères qui obéissaient encore à cette femme et les mit en pleine déroute.[2] » 

Après avoir vu le peuple berbère se détourner d’elle, Dahia eut donc la douleur de voir son fils adoptif, qui, vraisemblablement, était aussi son amant, la trahir au dernier instant.

Par Didier NEBOT

Naissance et baptême de Saint Jérôme, miniature d’Étienne Colaud

Ces textes haineux et violents repris par la suite par bon nombre d’auteurs chrétiens allaient être le fondement de ce qui sera plus tard appelé l’antisémitisme.

Initialement  il n’était pas question pour les Pères de l’Eglise de faire disparaître le Judaïsme, la théologie chrétienne lui assigne un rôle à jouer. Même après la venue du Christ qu’ils ont rejeté, les Juifs ont une place à tenir, ils seront des témoins. Aussi l’Eglise veille à leur survivance, la haine ne doit pas aller jusqu’à leur extermination. On leur reconnait le droit à l’existence qu’on refuse aux hérétiques et aux païens, car l’Eglise considère comme un devoir de prier pour le salut de l’âme des Juifs.

 

(N°20) LES PERES DE L’EGLISE ET LES JUIFS 

                      Par

 

 

                      Didier NEBOT

 

 

 

 

Portrait d'Augustin d'Hippone ou saint Augustin, né le 13 novembre 354 à  Thaqaqte (l'actuelle Souk Ahras, Algérie), et mort le 28 août 430 à Hippone (l'actuelle Annaba, Algérie), est un philosophe et théologien chrétien romain

 

L'importante judaïsation des tribus berbères sera l’une des causes qui opposeront l’Eglise naissante et la synagogue. Tout porte à croire que jusqu’au second siècle les deux relogions n’en formaient pratiquement qu’une. Les chrétiens semblaient être une secte juive, les Romains ne faisant d’ailleurs aucune différence entre 

eux, chacun tolérant l’autre. Les disciples des Apôtres, lorsqu’ils annoncent la Bonne Nouvelle, le font dans les synagogues. C’est l’époque où le judaïsme, protégé par la politique philosémite des Empereurs Sévères, se développe parmi les autochtones. Le christianisme en est à ses balbutiements, il s’organise à l’ombre de la synagogue qui le regarde avec mépris, sans qu’il y ait, pour l’instant, d’animosité réciproque. Ceci concerne les juifs des villes et des zones contrôlées par les romains et non pas les régions du Sud en dehors des limes romains.

 

Tout change au milieu du IIème siècle, où provocations et altercations se succèdent. Mais c’est à partir du IIIème siècle que la querelle entre juifs et chrétiens éclate au grand jour, avec les attaques violentes de Tertullien. Né à Carthage entre 150 et 160 après Jésus Christ, c’est un berbère païen romanisé qui se convertit au christianisme en l’an 193 et qui deviendra le plus éminent théologien de la cité phénicienne. Il va être le premier à inaugurer la littérature chrétienne en langue latine. L'apport de Tertullien dans les controverses christologiques et trinitaires est important. Ses conclusions seront reprises par les Pères de l’Eglise qui s’inspireront dans leur doctrine de ses écrits. Il est l’un des hommes qui aura le plus influencé les conclusions des grands conciles de l’Eglise jusqu’au milieu du XXème siècle.

 

C’est un tableau représentant le Christ sous les traits d’un âne qui mettra le feu aux poudres. Tertullien, ne supportant pas ce qui est pour lui une attaque inique, va répliquer en écrivant un important traité qui sera le point de départ de l’antisémitisme chrétien. Ce traité intitulé, contre les juifs, fustigera le peuple maudit, en voici un court extrait : «  Les juifs sont des assassins puisqu’ils ont tué le Christ. Les Chrétiens n’ont rien de commun avec eux, sauf le Dieu véritable. Les adeptes de la loi mosaïque sont des idolâtres, ils ont échangé leur Dieu contre une statue d’âne en or. Elle n’a existé que pour préparer le terrain au Christianisme nouveau et souverain. L’ancienne religion doit donc disparaître au profit de la nouvelle. »

 

Ces formulations claires et directes, ces attaques virulentes contre les juifs n’avaient alors que peu d’importance. Le Christianisme n’en était encore qu’à ses prémices. Il était une religion persécutée, alors que le judaïsme, relativement protégé par les Romains à cette époque, était en pleine expansion parmi les berbères païens. Mais ce n’était pas la préoccupation de Tertullien, lequel n’avait qu’un seul but, imposer cette foi naissante.

Le Judaïsme n’avait nul besoin de répondre à de telles critiques. Il se sentait fort, il n’était pas nécessaire pour lui de préparer une contre riposte à ce qu’il considérait comme des gesticulations inutiles. Mais les attaques contre les juifs continuèrent avec force et violence, sans répit, dans les zones contrôlées par Rome, tout le long des IIIè, IVè, Vè siècles. SaintCyprien, l’un des rares à être relativement modéré à leur égard, les assimile aux hérétiques. Minucius Felix, dans son traité Octavius, les attaque à son tour, de même que Commodien, qui fut très virulent.

Au IVè siècle la polémique prend une ampleur nouvelle. Rome devient chrétienne et tout change alors. Ce qui n’était encore qu’une sourde animosité se transforme en haine. Les deux religions se dressent l’une contre l’autre avec une féroce âpreté. Les chrétiens se proclament le Peuple Elu. L’Empire se fait le support de l’Eglise, se disant l’héritier légitime de l’Alliance.

 

Mais avec Saint Augustin la polémique prend un tour nouveau. Elle est d’une précision diabolique et servira de base aux attaques que mènera l’Eglise contre le peuple maudit au cours des siècles. Samira Sehili Kooli, dans son étude concernant les juifs en Afrique romaine, cite avec minutie cet illustre Père de l’Eglise, dans son Sermon contre les juifs[1] qui reprend à son compte toutes les critiques de ses prédécesseurs en les approfondissant. Voilà ce qu’il met dans la bouche du peuple « inique » dont la dispersion parmi les nations du monde n’est qu’une juste punition divine :

« Oui c’est à vous que je m’adresse ô Juifs, à vous qui jusqu’à ce jour avez renié le fils de Dieu…Et comme les juifs ne purent supporter la fermeté de ses paroles, qu’ont-ils fait ? Ils l’ont pris, ils l’ont flagellé, ils l’ont bafoué, ils l’ont souffleté, ils l’ont souillé de crachats, ils l’ont couronné d’épines, ils l’ont élevé sur la croix et enfin ils l’ont mis à mort. »

Dieu a donc puni cette nation déicide, continue Saint Augustin, elle fut de ce fait asservie par ses ennemis et réduite à la captivité. Les Hébreux furent « arrachés et comme déracinés de la ville de Jérusalem, la capitale de leur royaume et soumis à l’Empire romain. »

 

L’asservissement des Juifs est dans l’ordre du temps, ils sont devenus logiquement les esclaves des chrétiens, même s’ils portent les livres de la foi chrétienne. Ils sont leurs libraires « semblables à ces esclaves qui portent les livres de leur maîtres derrière eux. » Pour Saint Augustin il ne faut pas mélanger les deux religions. Tout ce qui est pur et fidèle est chrétien, tout ce qui est faux et perfide est juif.

 

Saint Jérome est lui aussi extrêmement violent puisqu’il considère que quiconque observe les lois émanant des « synagogues de Satan » tombe dans le « gouffre du démon. » Le judaïsme étant une religion révolue avec l’arrivée du Christ, il ne faut donc plus l’observer. Ceux qui nient le Christ sont de faux juifs car il faut être juif par l’esprit, la religion, le cœur et pas par la chair. Le Judaïsme est assimilé à une hérésie combattue en tant que telle.

 

Devant des masses berbères tout acquises aux lois de Moïse, par leurs affinités culturelles, il fallait démontrer que le Judaïsme existait toujours, et que seuls ceux qui avaient reconnu la parole de Jésus étaient de vrais juifs. Un tel discours dans cette terre africaine n’était pas concevable dans d’autres régions, où les peuples n’avaient aucun lien avec l’esprit sémite qui animait l’Afrique. C’est pourquoi ces propos assimilant les Chrétiens aux juifs ne furent pas retrouvés plus tard parmi les autres auteurs chrétiens tout aussi virulents à l’égard des Juifs.

 

Cette polémique violente et excessive trouvait son origine dans la difficulté qu’avait le Christianisme à s’imposer auprès des masses berbères païennes. Il fallait faire peur et rendre les juifs détestables. Le christianisme n’en était qu’à ses débuts, peu de gens croyaient en sa doctrine et il chercher à s’imposer. A l’inverse le Judaïsme était non seulement toléré par les autorités romaines, du moins au début, mais il était surtout très apprécié par le monde phénico-berbère. Il fallait donc le reléguer au second plan, le discréditer.

 

 


[1] Sermon contre les juifs, XI

Par Didier NEBOT

«La Kahéna rentra dans son pays et continua à régner cinq ans sur l’Ifrikia et à gouverner les berbères.[1] »

La Berbérie échappait donc encore une fois aux Arabes. L’autorité de la Kahéna était reconnue par toutes les tribus voisines. Les Grecs, en tant que puissance, avaient été évincés, bien qu’il restât probablement des garnisons éparses n’ayant pas rejoint Constantinople.

 

 

      

  (N° 17) VICTOIRE DE LA KAHENA SUR LES ARABES 

 

                                                Par

 

                        Didier NEBOT

 

 

 

 

 

L’étape suivante verra l’élimination des Byzantins.

Comprenant l’erreur d’Ocba qui avait agi avec précipitation en se lançant dans la conquête de l’Afrique, Hassan ibn-Noomane décide de partir avec une armée beaucoup plus importante et de s’attaquer aux villes côtières avant de conquérir le reste du pays.

Il reprend Kairouan en 691, puis se heurte à plusieurs reprises aux Byzantins, qu’il chasse définitivement d’Afrique. Carthage est rasée et, en 698, c’en est fini de cette ville, fierté de la région depuis tant de siècles (53). À la place, il fait bâtir, non loin de là, la ville de Tunis.

C’est alors qu’entrent en lice la Kahéna et sa tribu. Les historiens arabes, qui relatent d’ordinaire les faits avec concision et sécheresse, tracent pourtant de cette femme, qui paraît avoir excité leur imagination, un portrait vivant.

«La mort de Koceila eut pour conséquence de faire passer la primauté à une autre tribu aurasienne, celle des Djéraoua, qui dominait l’Aurès oriental... Ce ne sont plus des chrétiens comme les Ouaréba, mais bien des juifs. Ils sont grands nomades chameliers à peu près purs, de nouveaux venus, n’ayant pas, comme les Ouaréba, une association d’intérêts et d’idées avec le latinisme et le christianisme. Cette fois le trône revient à une femme, la Kahéna, et dans la société berbère une femme qui commande aux hommes a un caractère sacré (54), quelque chose de marabout. Mais ce n’est pas en arabe qu’il a ce sens, c’est en hébreu, et probablement aussi en punique. On incline à croire que l’étymologie hébraïque est la bonne (55)»

«Dotée d’une grande beauté, elle était recherchée en mariage par les chefs les plus puissants. Elle repoussa les offres d’un jeune homme que son caractère cruel et ses habitudes de débauche lui rendaient odieux. Son père, chef suprême de la tribu étant mort, ce fut ce prétendant évincé qui fut appelé à lui succéder. Il fit peser sur ses sujets la plus insupportable tyrannie. La Kahéna forma le projet de délivrer son peuple du monstre qui l’opprimait. Elle annonça son mariage avec le tyran, qui se réjouissait déjà de goûter le triomphe si longtemps désiré. Elle l’épousa et lui plongea un poignard dans le sein. La libératrice fut immédiatement proclamée chef par ses compatriotes (56).»

De son vrai nom Dahia, elle sut s’imposer auprès de tous les Berbères qui la redoutaient et lui obéissaient.

 

«Quand Hassan ibn-Noomane eut chassé les Grecs, il séjourna quelque temps à Kairouan pour donner du repos à ses troupes. Ayant demandé aux habitants quel chef puissant restait encore en Ifrikia, il lui fut répondu que la Kahéna exerçait un pouvoir tel que, s’il parvenait à vaincre cette femme, il serait maître absolu de tout le Maghreb. Il se mit donc en marche vers l’Aurès. À la nouvelle de cette menace, la Kahéna descendit de ses montagnes à la tête d’une armée innombrable... et fit halte près d’une petite rivière, la Meskiana (57), où se trouvait Hassan.

Vu l’heure avancée, ce dernier n’accepta pas la bataille. Les deux armées passèrent la nuit en selle. Au point du jour, elles se précipitèrent l’une contre l’autre, la mêlée fut affreuse et les Berbères restèrent vainqueurs. Mis en déroute, Hassan fut poursuivi jusqu’à ce qu’il eût dépassé le territoire de Gabès, trouvant refuge seulement dans la province de Tripoli (58)»

 

C’est ici que la Kahéna fit une erreur qui lui sera fatale par la suite. Au lieu de poursuivre son ennemi et de le chasser définitivement d’Afrique, elle laissa Hassan reconstituer ses forces dans ce coin de la Cyrénaïque.

==================================================================================

53 Une remarque s’impose cependant, car les historiens arabes indiquent toujours des dates précises, mais qui ne sont jamais les mêmes. Ils se contredisent sur la prise de Carthage, les batailles de la Kahéna et la date de la mort de cette dernière. Ainsi, la conquête de Carthage a lieu pour les uns en 695, pour d’autres en 696, pour d’autres encore en 698. La mort de la Kahéna se produit entre 698 et 705. C’est pourquoi il existe une certaine approximation dans les dates, qui ne remet pas en cause le déroulement des événements.

54 En-Nowaïri écrit : « Cette femme prédisait l’avenir, et tout ce qu’elle annonça ne manqua jamais d’arriver. » Propos confirmés par d’autres auteurs arabes.

55 E.F. Gauthier, Le passé de l’Afrique du Nord. Une réserve cependant, à mon sens : les Djéraoua,relativement nouveaux venus dans la région, étaient des semi-transhumants plutôt que de purs nomades sahariens.

56 Lartigues, Monographie de l’Aurès, tiré de Ibn Khaldoun.

57 Les historiens arabes se contredisent sur ce point : la bataille de la Meskiana s’est-elle déroulée une fois Carthage détruite ou alors que la puissance grecque était encore installée. Pour ma part, il semble logique qu’elle ait eu lieu après la déroute byzantine.

58 Sur cette bataille, voir les textes arabes de El-Kairouani, El-Bayan, El-Bekri, En-Nowaïri, Bolbenï. Selon El-Bekri, la bataille aurait eu lieu sur le territoire de Gabès.

MORIAL - Association loi de 1901 - Le nom MORIAL est déposé à l'INPI © 2011 Tous droits réservés
Site réalisé Avec joomla Conception graphique et développement : Eric WEINSTEIN