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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
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Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
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Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

 

Par Jean Luc ALLOUCHE

Le décret de l’Alhambra (31/03/1494) met fin à 1500 ans de vie juive en Espagne

Dans mon enfance constantinoise, j’avais quelques bons compagnons d’école primaire et du Talmud Thora nommés Cassuto, Benisti, Nahmias, Chicheportiche. Dans mon esprit, leurs patronymes n’étaient pas moins judéo-berbères que Barkats, Fitoussi, Guedj, Halimi ou… Allouche.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris que Cassuto était d’origine livournaise ; que Bénisti était la contraction-corruption de « Beneviste » (« Sois le bienvenu ! », en catalan ou en espagnol). Quant à Chicheportiche, est-il rien qui sonne davantage maghrébin que ce nom ? Eh bien non, c’est le très lusitanien Sasportes, Sasportas, Saporta, qui dériveront ensuite, sous les cieux d’Afrique du Nord, en Partouche, Sportouch, etc.

(Sur ce point, l’écriture hébraïque vole à notre secours : pour transcrire la lettre « S », les rabbins utilisaient la lettre «shin» / sin », selon que le point diacritique est à droite ou à gauche ‒ d’où le glissement graduel de Sasportas en Chicheportiche.)

Ainsi donc, l’onomastique nous livre un premier aperçu, certes anecdotique, de la lente pénétration, puis acclimatation du judaïsme ibérique en Afrique du Nord où les juifs autochtones retraçaient leurs origines jusqu’aux lointains de l’Histoire, depuis les déportations romaines de juifs de la Terre d’Israël jusqu’aux Berbères judaïsés, avant même l’arrivée de l’islam.

A ce point, il convient de redresser une erreur commune – qui fut longtemps, je l’avoue, la mienne : la première vague ne débarque pas, comme on le croit, avec l’expulsion des juifs d’Espagne de 1492.

Car c’est un siècle plus tôt, en 1391, que des juifs catalans et majorquins, à la suite de persécutions, s’exilent en Afrique du Nord, et précisément en Algérie.

La deuxième grande vague de 1492, plus importante, choisira plutôt le Maroc – la situation politique et économique de l’Algérie étant, à cette époque, épouvantable.

Certes, les échanges entre juifs d’Ibérie et d’Afrique du Nord, de même que la résidence d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée, étaient antérieurs et fréquents : cette circulation remonte aux premiers temps de la conquête arabe.

L’un des exemples fameux est celui de la famille de Maïmonide fuyant les persécutions des Almohades et s’installant brièvement à Fès. Dans l’autre sens de l’itinéraire, un autre exemple prestigieux, celui de Rabbi Yitzhak ben Yaacov Alfassi (dit le « Rif»), décisionnaire monumental, né à Kala’at Hamad, près de Constantine (et non à Fès, malgré son surnom dû à son séjour et à son enseignement dans cette ville), s’établit en Espagne. D’autres érudits maghrébins – comme R. Haïm Gaguine ou R. Saadya ibn Danan – ont longtemps vécu en Espagne jusqu’à l’expulsion de 1492.

Au demeurant, cette porosité entre les deux rives concernait aussi, cela va sans dire, les musulmans ; somme toute, Andalousie et Maghreb représentait alors une grande entité politique, Une « Union pour la Méditerranée » avant la lettre, et nombre de musulmans se réfugiaient, eux aussi, dans les royaumes d’Afrique du Nord, au gré des persécutions qu’ils subissaient à Cordoue ou à Séville. D’une certaine manière, les expulsés des deux religions poursuivront leur cohabitation sur la terre africaine, partageant au moins une langue de culture commune : l’arabe.

Pour autant, en Afrique du Nord, le choc des épées et des cultures avec l’Espagne ne cessera pas : là, les expulsés se heurtent encore aux exactions des Espagnols, comme, entre autres, celles menées par les troupes du cardinal Ximenes qui massacrent les juifs d’Oran, de Bougie et de Tripoli (1509-1510) et que rapporte la célèbre chronique de Yossef Hacohen (‘Emek habah’a, « la Vallée des pleurs »).

On peut ainsi comprendre que l’héritage espagnol fût moins en faveur chez ces expulsés (mégorachim) que chez leurs coreligionnaires accueillis dans l’empire ottoman, en Turquie, en Grèce, en Egypte, au Proche-Orient, dans les Balkans et ailleurs, par Bajazet II à la bienveillance politique aiguisée, auquel on attribue cette remarque :

« Vous appelez Ferdinand un monarque avisé, lui qui a appauvri son empire et enrichi le mien ! »

Aujourd’hui encore, leurs lointains descendants cultivent une certaine nostalgie de leurs juderias et de la langue espagnole, nostalgie quasi inconnue chez ceux d’Afrique du Nord (à l’exception, peut-être, des juifs hispanophones du nord du Maroc). Pour ces descendants, l’Espagne, devenue si lointaine, et perdue, se pare toujours des mille feux de l’absence.

Pour les mégorachim arrivés en Afrique du Nord, elle ardait encore des brasiers des persécutions, à quelques encablures de leur nouvelle terre d’accueil.

Pour en savoir plus :

Arrivée en Algérie des juifs espagnols en 1391 (2)

Arrivée en Algérie des juifs espagnols après 1492 (3)

 

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