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Bienvenue sur le site de l’association MORIAL

Notre objectif : sauvegarder et transmettre la mémoire culturelle et traditionnelle des Juifs d'Algérie. Vous pouvez nous adresser des témoignages vidéo et audio, des photos, des documents, des souvenirs, des récits, etc...  Notre adresse

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Tlemcen, le kiosque à musique au centre ville
Médéa : rue Gambetta (1945)
Alger : rue d'Isly (1930)
Une oasis à Ouargla (Territoire du Sud algérien)
La Grande Poste d'Alger (Photo J.P. Stora)
Square Bresson
Lycée E.-F. GAUTIER D'ALGER
Service Alger - Bouzareah
Alger : le marché de la place de Chartres
MEDEA - Le Café de la Bourse
Guyotville - La Plage

Par Jean-Luc ALLOUCHE

L’arrivée et l’installation en Algérie.

Dans mon enfance constantinoise, j’avais quelques bons compagnons d’école primaire et du Talmud Thora nommés Cassuto, Benisti, Nahmias, Chicheportiche. Dans mon esprit, leurs patronymes n’étaient pas moins judéo-berbères que Barkats, Fitoussi, Guedj, Halimi ou… Allouche.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris que Cassuto était d’origine livournaise ; que Bénisti était la contraction-corruption de « Beneviste » (« Sois le bienvenu ! », en catalan ou en espagnol). Quant à Chicheportiche, est-il rien qui sonne davantage maghrébin que ce nom ? Eh bien non, c’est le très lusitanien Sasportes, Sasportas, Saporta, qui dériveront ensuite, sous les cieux d’Afrique du Nord, en Partouche, Sportouch, etc.

(Sur ce point, l’écriture hébraïque vole à notre secours : pour transcrire la lettre « S », les rabbins utilisaient la lettre « shin » / sin », selon que le point diacritique est à droite ou à gauche ‒ d’où le glissement graduel de Sasportas en Chicheportiche.)

Ainsi donc, l’onomastique nous livre un premier aperçu, certes anecdotique, de la lente pénétration, puis acclimatation du judaïsme ibérique en Afrique du Nord où les juifs autochtones retraçaient leurs origines jusqu’aux lointains de l’Histoire, depuis les déportations romaines de juifs de la Terre d’Israël jusqu’aux Berbères judaïsés, avant même l’arrivée de l’islam.

A ce point, il convient de redresser une erreur commune – qui fut longtemps, je l’avoue, la mienne : la première vague ne débarque pas, comme on le croit, avec l’expulsion des juifs d’Espagne de 1492.

Car c’est un siècle plus tôt, en 1391, que des juifs catalans et majorquins, à la suite de persécutions, s’exilent en Afrique du Nord, et précisément en Algérie.

 

La deuxième grande vague de 1492, plus importante, choisira plutôt le Maroc – la situation politique et économique de l’Algérie étant, à cette époque, épouvantable.

Certes, les échanges entre juifs d’Ibérie et d’Afrique du Nord, de même que la résidence d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée, étaient antérieurs et fréquents : cette circulation remonte aux premiers temps de la conquête arabe. L’un des exemples fameux est celui de

la famille de Maïmonide fuyant les persécutions des Almohades et s’installant brièvement à Fès. Dans l’autre sens de l’itinéraire, un autre exemple prestigieux, celui de Rabbi Yitzhak ben Yaacov Alfassi (dit le « Rif»), décisionnaire monumental, né à Kala’at Hamad, près de Constantine (et non à Fès, malgré son surnom dû à son séjour et à son enseignement dans cette ville), s’établit en Espagne. D’autres érudits maghrébins – comme R. Haïm Gaguine ou R. Saadya ibn Danan – ont longtemps vécu en Espagne jusqu’à l’expulsion de 1492.

Au demeurant, cette porosité entre les deux rives concernait aussi, cela va sans dire, les musulmans ; somme toute, Andalousie et Maghreb représentait alors une grande entité politique, Une « Union pour la Méditerranée » avant la lettre, et nombre de musulmans se réfugiaient, eux aussi, dans les royaumes d’Afrique du Nord, au gré des persécutions qu’ils subissaient à Cordoue ou à Séville. D’une certaine manière, les expulsés des deux religions poursuivront leur cohabitation sur la terre africaine, partageant au moins une langue de culture commune : l’arabe.

Pour autant, en Afrique du Nord, le choc des épées et des cultures avec l’Espagne ne cessera pas : là, les expulsés se heurtent encore aux exactions des Espagnols, comme, entre autres, celles menées par les troupes du cardinal Ximenes qui massacrent les juifs d’Oran, de Bougie et de Tripoli (1509-1510) et que rapporte la célèbre chronique de Yossef Hacohen (‘Emek habah’a, « la Vallée des pleurs »).

On peut ainsi comprendre que l’héritage espagnol fût moins en faveur chez ces expulsés (mégorachim) que chez leurs coreligionnaires accueillis dans l’empire ottoman, en Turquie, en Grèce, en Egypte, au Proche-Orient, dans les Balkans et ailleurs, par Bajazet II à la bienveillance politique aiguisée, auquel on attribue cette remarque :

« Vous appelez Ferdinand un monarque avisé, lui qui a appauvri son empire et enrichi le mien ! »

Aujourd’hui encore, leurs lointains descendants cultivent une certaine nostalgie de leurs juderias et de la langue espagnole, nostalgie quasi inconnue chez ceux d’Afrique du Nord (à l’exception, peut-être, des juifs hispanophones du nord du Maroc). Pour ces descendants, l’Espagne, devenue si lointaine, et perdue, se pare toujours des mille feux de l’absence.

Pour les mégorachim arrivés en Afrique du Nord, elle ardait encore des brasiers des persécutions, à quelques encablures de leur nouvelle terre d’accueil.

Les expulsés de 1391 avaient d’autant plus de facilité à traverser la Méditerranée que des juifs d’Espagne s’étaient déjà installés en Afrique du Nord pour toutes sortes de raisons, tel Rabbi Chaoul Astruc résidant à Alger. Cette ville sera la première a accueillir les expulsés de 1391. Mais le royaume mérinide, dont Alger est la capitale, est en plein déclin et en butte aux attaques de l’Espagne et du Portugal. D’autres rejoindront le royaume zianide, avec Tlemcen pour capitale. De manière générale, l’accueil des musulmans ne fut pas totalement hostile, à l’exception de quelques incidents sporadiques. Pour autant, parfois, ils étaient fort mal reçus, surtout dans les villages, comme en témoigne la Vallée des pleurs.

A rebours, l’accueil de leurs frères locaux n’était pas, à l’occasion, toujours affable. D’un responsum (téchouva) de Rabbi Yitzhak bar Chéchet (1326-1408) le fameux « Ribach »), concernant le débarquement de 45 réfugiés de Majorque, Valence et Barcelone, il s’avère qu’un quidam juif – d’origine espagnole ! – avait intercédé auprès du cadi afin qu’il empêche ces expulsés descendre de leur vaisseau sans s’acquitter d’une taxe… Bon prince, le cadi refusa cette mesure. Avec ces mots à l’adresse des fidèles musulmans :

« Je croyais que vous étiez des croyants, mais je constate que vous êtes des rebelles. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi Dieu vous apporterez votre subsistance en ce monde. Un individu ne vit-il pas en obéissant simplement à la parole de Dieu ? »

(Au demeurant, nombres d’expulsés musulmans d’Espagne se heurtèrent aux mêmes préventions de la part de leurs coreligionnaires d’Algérie…)

A la suite de cet incident, Le Ribach aura cette apostrophe :

« Lorsque j'ai appris que certains Juifs se plaignaient de la venue d'autres coreligionnaires, je n'ai pu me contenir et j'ai annoncé devant quatre ou cinq personnes : voici que le prince et même le cadi désirent les admettre, et ce sont des Juifs qui font obstacle à cela ! Ceux qui chercheront à refouler ces juifs misérables à Majorque éprouveront de la honte dans ce monde-ci et dans le monde futur ! ».

Bon an, mal an, les mégorachim s’installent en majorité le long du littoral, depuis Honeïne à l’ouest, Oran, Mostaganem, Ténès, Alger, Bougie, jusqu’à Tunis. D’autres à Tlemcen, Miliana, Médéa, Constantine…

Il est certain que ces expulsés d’Espagne apportaient avec eux un savoir-faire professionnel, un potentiel économique et une érudition juive susceptibles de concurrencer les locaux. Dès ce moment, s’établissent les prémices d’un clivage entre « autochtones » (tochavim, les résidents) et les « expulsés » (mégorachim) qui s’accentuera avec l’arrivée massive de 1492.

Encore qu’à ce point il faille préciser, autant que faire se peut, les chiffres : selon l’historien Michel Abitbol, le nombre d’exilés séfarades arrivés en Afrique du Nord est estimé entre 20 000 et 40 000 – bien moindre qu’au Portugal (80 000) ou dans l’empire ottoman (entre 40 000 et 60 000)1.

A  Alger, ces Espagnols sont surnommés kaboussiïn (porteurs de capuches ou de faluches) et les indigènes, chikliïn ou ba’alé hamitsnéfet (« porteurs de turbans »).

Plus riches, bénéficiant d’un entregent économique, voire diplomatique, ces « migrants » – dirait-on aujourd’hui – et leurs guides spirituels, tels le « Ribach », Rabbi Chimon ben Tsémah Duran (1361-1444, « Rachbats ») ou Rabbi Efraïm Encaoua (1359-1442) – sa hiloula à Tlemcen demeure dans toutes les mémoires – l’emportent peu à peu sur les vieux rabbins et s’imposent à la tête des communautés.

Ainsi, en 1394, le « Rachbats » (1361-1444) édicte des ordonnances, les Taqanot d’Alger, portant sur les lois matrimoniales qui s’appliqueront à toutes les communautés d’Algérie : le minhag Castilla – la coutume de Castille – devient celle d’Alger.

De même, Rabbi Amram Efrati, issu d’une célèbre famille de rabbins de Valence, devient celui d’Oran.

En fait, après 1492, l’arrivée de juifs espagnols s’étale jusqu’au XVIe siècle qui connaît un afflux de marranes du Portugal, de France, d’Italie (Livourne essentiellement, longtemps centre intellectuel du judaïsme maghrébin, grâce à ses imprimeries) et même de Constantinople.

Au début, cette hégémonie grandissante n’alla pas sans heurts avec les tochavim, furent regardés de haut par ces expulsés qui se considéraient un peu comme des hidalgos du judaïsme, mais, assez vite, en Algérie, les deux populations se mélangèrent, ne serait-ce que par les unions matrimoniales. (Ce qui ne fut pas le cas, comme on sait, de la Tunisie voisine où le conflit entre Touansa (« Tunes ») et Grana (originaires de Livourne) fut fort vif et dura jusqu’au XXe siècle…)

 

Ces « séfarades » apportent avec eux leur liturgie qu’ils imposent à toutes les communautés juives du Maghreb de même que leur interprétation des lois de la Halakha. Cette influence, pour ne pas dire cette prédominance, s’exerça au fil des siècles.

A quoi il convient d’ajouter la faveur de la Cabbale, née en Espagne et en Provence, qui se répand à la fois dans les cercles érudits et populaires. Non sans conflits, parfois, lorsque certains rabbins introduisent les enseignements du Ari (Rabbi Ytshak Louria Ashkénazi) dans la liturgie : longtemps, Alger a connu ainsi deux rituels de prières, celui des mékoubalim et celui des pachtanim.

En fin de compte, le judaïsme algérien dans sa majorité – autant que le marocain et le tunisien –se rangea dans le camp de la Cabbale – et je me souviens encore de la Hévrat Hazohar de mon enfance à Constantine et des études et pratiques de mon père – et des minhagim cabalistiques dans la prière, les coutumes populaires (amulettes, feuilles de protection pour la femme accouchée, etc.) ont façonné ce judaïsme-là, à l’instar de la plupart des communautés séfarades dans l’ancien empire ottoman.

Sous l’empire ottoman, puis sous le régime de la France, la fusion entre juifs locaux et espagnols devient quasi-totale, à l’exception, sans doute, de quelques familles fières de leur ancienne filiation ibérique. Mieux, l’acculturation avec l’environnement arabo-berbère est profonde, y compris aux lendemains de la conquête française.

A dire vrai, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement et d’évoquer, ici, les efforts de conquista de l’Alliance israélite universelle et du Consistoire du judaïsme algérien dès 1842, avec la mission « civilisatrice » des notables juifs marseillais, Jacques Isaac Altaras et Joseph Cohen. La suite de cette histoire, vous la connaissez…

Je terminerai sur une note personnelle.

J’ai le bonheur d’être l’époux d’une authentique séfarade, une Samekh Tet pur jus, dont la famille est originaire de Salonique.

Encore que, lorsque nos rabbins algériens – tel mon arrière-arrière-grand-père, Sidi Eliayou Bahi Allouche, ajoutaient à la signature de leurs ouvrages la mention ס''ט, qui signale leur qualité de séfaradi tahor, de « pur séfarade », ils pouvaient avoir à l’esprit cette clause de style éminemment modeste des érudits : Sina Tina, « [Je ne suis que] poussière et cendre. »

Mais passons…

J’ai dit : « authentique » séfarade, parce que c’est elle qui le dit – réminiscence sans doute de cette hidalguía (esprit chevaleresque typiquement espagnol) dans certains esprits nostalgiques de l’Espagne –, et, du coup, elle n’est pas loin de me considérer, les jours mauvais, comme une sorte de « bougnoule », qui, tout de même, connaît de deux ou trois choses de la chose séfarade…

D’un naturel bienveillant, je lui fais valoir – et je vous rappelle, à vous qui n’en avez pas besoin – que nous, les « bougnoules » algériens, avec nos frères marocains et tunisiens, nous sommes, de fait, les authentiques héritiers de l’héritage séfarade, à défaut de la langue espagnole.

Mes visites dans différentes communautés et synagogues dans tous les rites d’Afrique du Nord jusqu’aux extrémités du Proche-Orient, m’ont confirmé cette conclusion. Chacun de nous, si l’envie lui en prend, peut prier dans une synagogue syrienne, turque, égyptienne, irakienne ou boukharienne, en ayant l’impression de retrouver la synagogue de son enfance où il priait avec son père. Avec cette prononciation de l’hébreu, ces airs, ces mélodies, cette cantillation venus d’Espagne et répandus, à quelques modulations près, dans toute l’aire séfarade.

Et mon épouse s’en est un petit peu convaincue, un vendredi soir d’antan, où nous participions à l’office de Chabat.

C’était à Salonique…

Michel Allouche, qui a rédigé la biographie du grand rabbin René Samuel Sirat,zal décédé vendredi à l'âge de 92 ans: "Makel Noam est l'expression talmudique pour définir un sage d'Eretz Israel qui est ferme dans son autorité mais qui sait l'exprimer dans la bienveillance. Ce terme définit parfaitement le grand rabbin René Samuel Sirat zal!"  

 

Dimmanche 26/02/2023 de 15h à 18h, Le Centre d’Etudes Juives Simon Morali et l’Amicale Sépharade de Nancy ont le plaisir de vous inviter au Centre André Spire, 19 bld Joffre, Nancy. 

PROGRAMME
Exposition « Les Juifs en Afrique du Nord : Mémoires et Histoire (1870-1962) »

Archives et documents exclusifs recueillis à Nancy, Catalogue de l’Exposition,  Danielle Morali, Université de Lorraine. 
« Le 8 novembre 1942 : Débarquement des Alliés à Alger »
L’action des étudiants juifs dirigés par José AboulkerRobin Metzger Bensadoun, étudiant chercheur.

Par le Professeur Marc ZERBIB, président de la Synagogue des Tournelles et président de l'association des Juifs Originaires du Constantinois (Ajoc)

Texte transmis par Jacques NAKACHE

Un Grand Rabbin nous quitte veille de Chabbat yitro avec les 10 paroles comme un grand Saddik

C’était un Homme bon , honnête et très érudit tant pour nos textes que pour le profane,. Il était toujours tourné vers l’autre qu’il écoutait et conseillait.
Il était Grand Rabbin de France élève chéri de son maître le Grand Rabbin Naouri (zal) acteur majeur et transmetteur du Judaisme d’Algerie et plus particulièrement 
Bonois et constantinois.

Par Michèle ROTMAN, Vice-présidente de Morial

Sa droiture, sa culture, son érudition en matière sacrée comme profane, n’acceptant aucune compromission, sa conscience aiguë de tous les problèmes de société dont il puise la solution dans sa foi, dans sa connaissance de la Bible, et dans l’étude de la Thora pour appeler de tous ses vœux à la tolérance et à la paix, sont sans comparaison.
C’est un mensch, dirait-on en langage ashkénaze qui place l’éthique au-dessus des honneurs, et cela, mêlé à une grande humilité, une grande modestie et une extrême discrétion comme l’était le Grand Rabbin Naouri en matière de Tsédaka par exemple, qui disait-il souvent, est un acte de justice et non de charité condescendante.

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